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Barre fait l’apologie de Papon et Gollnisch et raille le "lobby juif"

Publie le mardi 6 mars 2007 par Open-Publishing
12 commentaires

Barre fait l’apologie de Papon et Gollnisch et raille le "lobby juif"
BERNARD DELATTRE, CORRESPONDANT PERMANENT à PARIS

Mis en ligne le 06/03/2007 libre belgique
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L’ex-Premier ministre a "rejoint l’extrême droite", en déduit la communauté juive.

Raymond Barre a toujours dit détester le parler "politiquement correct". Il l’a souvent prouvé - à moins qu’il ne s’agisse plutôt de son insigne maladresse - dans sa carrière. Il vient de lourdement récidiver.

Dans les années 70, lorsqu’il était à Matignon (1976-1981) et que le chômage grimpait, Raymond Barre avait fait scandale en décrétant que "les chômeurs n’ont qu’à aller créer des entreprises". Dans les années 80, après l’attentat contre la synagogue de la rue Copernic à Paris, il avait stupéfié en déplorant que cet attentat ayant visé des juifs ait aussi tué "des Français innocents" - ce qui pouvait vouloir dire que les victimes juives ne l’étaient pas. Dans les années 90, il soutint un temps l’UDF Charles Millon après son élection à la présidence de la Région Rhône-Alpes grâce aux voix du Front national (FN). Dans les années 2000, il déconcerta en déclarant : "Si les Corses veulent leur indépendance, qu’ils la prennent". Et dans une interview à "France Culture" diffusée jeudi, l’ex-maire de Lyon (1995-2001) a fait plus fort encore.

Revenant sur la condamnation récente du FN Bruno Gollnisch pour avoir mis en doute l’existence des chambres à gaz nazies, Raymond Barre a répété que l’intéressé était malgré tout "un homme bien". Raymond Barre a aussi estimé que Maurice Papon, condamné pour complicité de crimes contre l’humanité, avait été "un ministre parfait" de son gouvernement, un bon préfet de Paris (malgré la répression sanglante des manifestations d’Algériens en 1961) et qu’il avait bien fait de ne pas démissionner de sa préfecture de Gironde sous Vichy : "Il faut bien que l’administration demeure. On démissionne lorsqu’il s’agit vraiment d’un intérêt national majeur" - ce qui revient à estimer que les déportations de juifs n’étaient pas majeures. Et Raymond Barre d’estimer que Maurice Papon avait servi dans cette affaire de "bouc émissaire" : exactement le terme qu’utilise et qu’a réitéré lundi Jean-Marie Le Pen. Enfin, Raymond Barre, après avoir un peu laborieusement justifié ses commentaires sur l’attentat terroriste de la rue Copernic, a mis le tollé qu’ils avaient suscité à l’époque sur le compte de l’aptitude du "lobby juif" à "monter des opérations qui sont indignes".

Le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) s’est dit "scandalisé" par ses propos. Et a estimé que l’ex-Premier ministre, aujourd’hui âgé de 83 ans, avait désormais "rejoint l’extrême droite".

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Messages

  • c’est clair Barre commence à sérieusement sucrer les fraises .....

    Mais attention, le commentaire aux déclarations de Barre vient du Crif, il ne s’agit donc pas de la voix de la communauté juive mais de sa frange intégriste et sioniste.

    Jips

  • Merci a Raymond Barre de nous rappeler une fois de plus que les frontières internes à la droite, du soit disant "centre" à son extrème ne sont pas des barrières idéologiques mais des lignes floues dépendant juste des circonstances historiques et si facile à franchir...

    Jean Roussie

    • Sauf que ceux qui hurlent le plus fort aux propos de Barre sont aussi ceux qui trouvaient que tout compte fait la présence de Le Pen au 2° tour il ya 5 ans était une invitation aux Arabes à se tenir tranquille et qui pensaient aussi qu’une bonne propagande à la Goebbels c’est finalement bien efficace.
      Les frontières internes de la droite sont encore plus floues que l’on croit. Celles de l’indignation sélective sont beaucoup plus nettes.

      Valère

  • Les propos de M. Barre ont au moins le mérite de montrer ce que signifie « le centre » en France depuis plus de trente ans. Qui se pose en figure du centrisme depuis 1976 ? Qui est le maître à penser de M. Bayrou ? M. Barre. Que dit M. Bayrou à propos des dérapages scandaleux de M. Barre sur les Juifs, Maurice Papon et Bruno Gollnisch ? Rien. Quand le père de Mme de Sarnez compare Maurice Papon au capitaine Alfred Dreyfus, que dit Mme de Sarnez elle-même ? Rien à ma connaissance. Il faut croire que de tels propos ne le choquent pas.

    Dans L’Après de Gaulle, le fils Mauriac note combien M. Barre méprisait M. Chirac, combien il le considérait comme un corrompu minable. Or, M. Barre a-t-il une seule fois soutenu la gauche contre M. Chirac ? Non. Certes, il a soutenu M. Chirac comme la corde soutient le pendu en 1988, mais il a refusé d’aider le P.S. en 1995, même si celui-ci avait investi M. Delors.

    En revanche, il y a une erreur dans l’article du quotidien belge : M. Barre a d’emblée, et très fermement, voire violemment, critiqué M. Millon quand celui-ci s’est allié au F.N. Il n’y a pas grand-chose à mettre à l’actif de M. Barre, n’allons pas en enlever.

  • ce n’est pas souvent que je citerai le CRIF, mais lire l’intégralité des propos de Raymond Barre

    Raymond Barre et « les Français innocents » de l’attentat de la rue Copernic

    ou l’écouter sur France Culture

    Outre qu’il justifie amplement le "recyclage" de l’extrême droite et des "collaborateurs" avec les nazis, y compris criminels, ses propos ressemblent à s’y méprendre à Le Pen : il a des amis "juifs" comme Le Borgne a des "amis arabes".

    (extrait, à propos de l’attentat de la rue Copernic, le 13 octobre 1980)

    Regrettez-vous d’avoir eu ce mot lors de l’attentat de la rue Copernic : « un attentats odieux qui voulait frapper les Juifs se trouvant dans cette synagogue et qui a frappé des Français innocents qui traversaient la rue Copernic ». ?

    RB : Non, je me souviens très bien du climat dans lequel j’ai dit cela. N’oubliez pas que dans la même déclaration, je dis que la Communauté juive ne peut pas être séparée de la Communauté française. Quand on cite on cite en entier. Et la campagne qui a été faite par le lobby juif le plus lié à la gauche, venait du fait que nous étions en climat électoral et moi cela ne m’a pas impressionné et ils peuvent continuer à le répéter.

    Mais pourquoi « Français innocents » ?

    RB : Mais oui parce c’était des Français qui circulaient dans la rue et qui se trouvent fauchés parce qu’on veut faire sauter une synagogue. Alors, ceux qui voulaient s’en prendre aux Juifs, ils auraient pu faire sauter la synagogue et les juifs. Mais pas du tout, ils font un attentat aveugle et y a 3 Français, non juifs, c’est une réalité, non juifs. Et cela ne veut pas dire que les Juifs, eux ne sont pas Français.

    Oui mais « Innocents » ?

    RB : Parce que ce qui était la caractéristique de ceux qui faisaient l’attentat c’était de châtier des Juifs coupables.

    Un ignoble personnage, pour ceux qui l’avaient oublié ou qui en douteraient.

     Nul doute, que sous les nazis, il aurait "accompli son devoir", pour naturellement "sauver le plus grand nombre de juifs possible".

     Nul doute que s’il avait été juge (1), il aurait envoyé à la guillotine quelques dizaines de résistants pour "préserver la vie de vrais français".

    Patrice Bardet


    (1) un seul juge a refusé le serment à Pétain : Paul DIDIER ; les autres n’ont pas été "épurés" à la Libération. Certains ont envoyé à la guillotine des Algériens...
    Papon n’a jamais été inquiété pour Charonne, ni pour le 17 octobre 1961


    Ce qui s’est passé le 17 octobre 1961

    par Charlotte Nordmann

    1. Le contexte

    En 1961, la nécessité d’une solution négociée au conflit algérien s’est imposée. Des négociations ont été officiellement ouvertes entre le gouvernement français et le Gouvernement Provisoire de la République Algérienne le 20 mai 1961. Il est hors de doute pour les participants que les négociations aboutiront à l’institution d’un État algérien indépendant : les discussions portent sur les conditions exactes de l’indépendance. Et pourtant c’est à partir de l’été 1961 qu’eurent lieu les plus terribles violences que connut le territoire métropolitain pendant la Guerre d’Algérie. C’est cette contradiction que met en évidence l’examen des faits qui ont conduit aux massacres du 17 octobre 1961.

    En 1961, Maurice Papon est préfet de police de Paris. Nommé à ce poste en 1958 sous la IVème République, il y a été maintenu par le président Charles de Gaulle sous la Vème. Lorsqu’en 1958 M. Papon est nommé préfet, à la suite de violentes manifestations de policiers parisiens, sa recommandation est " l’efficacité " dont il a fait preuve lors de son mandat de préfet à Constantine. De 1956 à 1958, en tant que préfet et IGAME pour les départements de l’Est algérien, il a instauré un système de répression dans lequel la torture est systématique, les exécutions sommaires courantes. Lorsqu’il est nommé préfet de police à Paris en 1958, il répond à une campagne d’attentats menés en métropole par le F.L.N. en organisant des rafles massives de "Français musulmans d’Algérie ". Les violences à l’encontre de la population nord-africaine de Paris s’institutionnalisent : le préfet de police crée la Force de police auxiliaire, constituée de harkis, qui pratique la torture ; il fait ouvrir le Centre d’Identification de Vincennes, où peuvent être internés, sur simple décision administrative, sans jugement, les Nord-Africains " suspects". M. Papon va jusqu’à instaurer, le 1er septembre 1958, un couvre-feu pour les Nord-africains. Boycotté par le F.L.N., il tombe peu à peu en désuétude. Au cours des opérations de police, des internements, des rafles et des "contrôle" par les harkis, des hommes disparaissent. De nombreuses plaintes sont déposées, pour torture, pour meurtre ; malgré l’accumulation de témoignages accablants, malgré les constatations de sévices par des médecins, malgré le nombre de disparitions, aucune plainte n’aboutira. Toute la population nord-africaine de la région parisienne souffre de ces rafles systématiques et de la violence des harkis qui patrouillent dans les quartiers qu’elle habite, par exemple dans le 18ème ou le 13ème arrondissement.

    Ces violences s’ajoutent à la condition extrêmement dure qui est faite par ailleurs aux travailleurs nord-africains en métropole. Dans leur très grande majorité, ce sont des célibataires que de grandes firmes industrielles françaises ont fait venir par contingents : la France manque de main d’œuvre et les populations rurales d’Algérie ou du Maroc constituent une force de travail docile. Ils vivent dans des hôtels à Paris ou dans des bidonvilles, comme à Nanterre. La surpopulation et l’isolement forcé qu’ils subissent tiennent à la fois à leur pauvreté et au refus des propriétaires français de leur louer des appartements. Les Algériens " immigrés " en métropole sont très strictement encadrés par le F.L.N. Cela signifie en particulier que tous sont contraints de cotiser - ceux qui refusent risquent la mort.

    2. D’août 1961 au couvre-feu d’octobre

    En août 1961, les rafles et les perquisitions s’intensifient, les violences et les détentions arbitraires, au faciès, se multiplient. Ce redoublement de l’offensive policière se produit alors que le F.L.N. a cessé ses attentats à Paris et en banlieue depuis plusieurs semaines. Les attentats de l’O.A.S. deviennent au même moment de plus en plus nombreux, visant parfois des hôtels où vivent des Algériens. Fin juillet 1961, les négociations entre le gouvernement français et le G.P.R.A. ont achoppé sur la question du Sahara, la France contestant la souveraineté du futur État algérien sur cette région. En août 1961, le président Charles de Gaulle est prêt à céder sur cette question d’importance pour relancer les négociations. Il entend en même temps être en position de force pour négocier. C’est le sens de son geste lorsque, fin août 1961, il démet de ses fonctions le Garde des Sceaux Edmond Michelet, favorable depuis longtemps à la négociation avec le F.L.N. Il cède ainsi à la pression de son Premier ministre Michel Debré, lequel est profondément partisan de l’Algérie française. En renvoyant Edmond Michelet, il signifie qu’il accepte le durcissement de la répression contre les " Français musulmans d’Algérie ".

    Le F.L.N. décide, fin août 1961, de reprendre sa campagne d’attentats en métropole. Les policiers sont visés ; onze d’entre eux seront tués et dix-sept autres blessés de la fin août au début octobre 1961. A la suite de ces attentats, trois organisations syndicales de policiers, dont la principale, se constituent en un " Comité permanent de coordination et de défense " et exigent du pouvoir des exécutions de condamnés à mort et un couvre-feu pour les Nord-africains A partir de septembre 1961, des rafles massives sont organisées . Au cours de ces rafles, des personnes disparaissent. C’est aussi à partir de septembre que l’on commence à entendre parler de cadavres de Nord-africains retrouvés dans la Seine. A la pression des policiers, qui parlent de " se faire justice soi-même ", M. Papon répond par un discours sans ambiguïté : le 2 octobre, aux obsèques d’un policier, il déclare : " Pour un coup rendu, nous en porterons dix ", puis, plus tard, il assure les policiers que, s’ils tirent les premiers, ils seront " couverts ". Le 5 octobre, il instaure un couvre-feu pour les " Français musulmans d’Algérie ". Malgré les dénégations du ministre de l’Intérieur, ce couvre-feu raciste institutionnalise la confusion entre " Algérien " et criminel.

    3. La manifestation

    Le F.L.N. décide d’organiser un boycott du couvre-feu. Une circulaire du 7 octobre met fin à la campagne d’attentats en métropole : il s’agit par ce boycott de changer entièrement de stratégie et de renverser l’opinion publique française. Alors que les attentats s’inscrivaient dans une logique de clandestinité et de guerre, le boycott du couvre-feu doit prendre la forme d’une manifestation pacifique de masse, au grand jour. La manifestation doit avoir lieu dans tout Paris, le long des artères principales de la ville. Tous doivent y participer, les familles entières. Les manifestants ont la consigne de ne répondre à aucune provocation, à aucune violence ; des cadres du F.L.N. les fouillent avant la manifestation pour s’assurer qu’ils n’ont rien qui puisse servir d’arme. Tous les Algériens de la région parisienne doivent participer à la manifestation, sous la contrainte si nécessaire : il s’agit non seulement pour la Fédération de France du F.L.N. de démontrer son emprise sur les Algériens en métropole, mais aussi de faire exister aux yeux des Français le peuple algérien. A l’institutionnalisation de l’arbitraire et du racisme, il faut répondre par la revendication d’une existence politique. Les dirigeants de la Fédération de France estiment que la répression qui ne peut manquer de s’abattre sur les manifestants mettra en lumière la violence du pouvoir et la légitimité de la lutte du peuple algérien pour son indépendance.

    Au matin du mardi 17 octobre, la police sait qu’une manifestation de masse se prépare ; des cars de police quadrillent la ville, des policiers cernent les bouches de métro aux portes de Paris, prêts à arrêter les manifestants. Aux portes de Paris, à la sortie des métros Étoile, Opéra, dans les couloirs de la station Concorde, sur les Grands Boulevards, les manifestants seront systématiquement matraqués, à coups de crosse, de gourdin, de bâton, souvent jusqu’à ce qu’ils s’effondrent. Les policiers frappent au visage, au ventre, des manifestants qui ne font montre à aucun moment d’aucune violence ni d’aucune résistance. Sur le boulevard Bonne-Nouvelle, au pont de Neuilly, au Pont-Neuf d’Argenteuil et en d’autres lieux, les policiers tirent sur les manifestants. Sur les ponts aux portes de Paris et sur le pont Saint-Michel, des hommes sont précipités à la Seine. En plein Paris et pendant plusieurs heures se déroule une véritable chasse au faciès, à laquelle la population parisienne assiste et collabore même parfois. Le préfet de police M. Papon suit toutes les opérations et se rend lui-même à l’Etoile, pour constater leur " bon déroulement ". Il a aussi connaissance de toutes les liaisons radio de la police. Il sait donc que de faux messages d’information circulent selon lesquels des policiers auraient été tués. Il ne les démentira pas.

    Plus de dix mille Algériens sont interpellés. Ils sont internés au palais des Sports, au Parc des Expositions, au stade de Coubertin, au Centre d’Identification de Vincennes, pendant près de quatre jours. Quatre jours pendant lesquels les violences continuent. A leur arrivée, les manifestants sont systématiquement battus. Dans l’enceinte des lieux d’internement, on assiste à des exécutions et nombreux sont ceux qui meurent de blessures non soignées. Au lendemain de la manifestation, le bilan officiel est de deux morts algériens. Il fait état de " tirs échangés " entre la police et les manifestants. Malgré les efforts de quelques parlementaires, le gouvernement empêche la création d’une commission d’enquête. Aucune des plaintes déposées n’aboutira.

    S’il n’est pas possible de déterminer exactement combien d’Algériens furent tués le 17 octobre 1961 et les jours qui suivirent, il reste que le chiffre de plusieurs centaines de morts, avancé par J-L. Einaudi dans son livre La Bataille de Paris à partir de l’étude de registres de cimetières, de témoignages et de documents internes du F.L.N., est le plus vraisemblable. De nombreuses archives administratives qui auraient été essentielles au dénombrement des victimes ont aujourd’hui disparu. Ceci explique pourquoi le rapport Mandelkern - commandité par le gouvernement et rendu public en 1998 - et le livre de J-P. Brunet, qui tous deux se fondent sur les archives existantes de la préfecture de Police, concluent à un nombre de morts bien inférieur - autour d’une quarantaine. Le rapport Mandelkern reprend du reste à son compte la version selon laquelle des tirs auraient été échangés entre les manifestants et la police.

    Charlotte Nordmann

    http://17octobre1961.free.fr/pages/Histoire.htm


    Le 8 février 1962, métro Charonne : la police tue des manifestants anti-OAS

    Paris, février 1962. La perspective d’une fin de la guerre d’Algérie semble s’être éloignée depuis la suspension des pourparlers de paix, le 28 juillet 1961, entre le GPRA. (Gouvernement Provisoire de la République Algérienne) et le gouvernement français. Cependant, dans les arcanes du pouvoir, tout le monde s’accorde à dire que la seule issue possible est l’indépendance de l’Algérie. S’accrochant désespérément à leur rêve d’une Algérie française, les fascistes de l’OAS. (Organisation Armée Secrète), multiplient les attentats en Algérie et en Métropole. Cette stratégie de la terreur vise à mettre la pression sur le gouvernement français, qui se dit de plus en plus favorable à de nouvelles négociations avec le GPRA.

    Face à ce “péril brun”, les milieux de gauche se mobilisent autour du Comité Audin (Comité d’intellectuels luttant pour faire la lumière sur la disparition de Maurice Audin, militant du Parti Communiste Algérien), du PCF, de l’UNEF, et du PSU. Dans les universités, des journées de grève sont organisées avec succès, ce qui pousse de Gaulle à déclarer : “Le peuple n’a pas à se préoccuper du problème de l’OAS ; c’est aux forces de l’ordre d’agir”. Cependant, les forces de l’ordre ne sont pas aussi zélées dans leur lutte contre le terrorisme de l’OAS que dans la répression des sympathisants de la cause algérienne. Le 7 février 1962, dix attentats sont commis, à Paris, par l’OAS. Les cibles sont des universitaires, des élus du PCF, des officiers, des journalistes ainsi que le Ministre de la Culture, André Malraux. La bombe qui visait ce dernier blesse grièvement une enfant de quatre ans, Delphine Renard, qui perdra un œil et sera défigurée.

    Cette vague d’attentats pousse la gauche à organiser un rassemblement, le 8 février 1962, place de la Bastille à Paris. Or, suite à l’état d’urgence décrété le 21 avril 1961, un arrêté préfectoral interdit toute manifestation sur la voie publique. Cependant, selon certains historiens (dont le Professeur Brunet), le préfet de Paris de l’époque, Maurice Papon, avait envisagé de tolérer la manifestation du 8 février. C’est le Général de Gaulle lui même qui se serait opposé à ce que le rassemblement ait lieu, après l’avoir qualifié de “communiste”, ce qui, dans sa bouche, signifiait clairement “subversif”, voire “dangereux”. De plus, l’interdiction de cette manifestation flattait l’aile droite de ses partisans, en montrant que de Gaulle ne jouait pas le jeu des communistes dans la solution du conflit algérien.

    Le jour de la manifestation, les consignes sont claires : il ne faut tolérer aucun rassemblement et “faire preuve d’énergie” dans la dispersion des manifestants. Cette “énergie”, les policiers dépêchés sur place vont la fournir de façon dramatique. Le quadrillage de la manifestation est parfait ; c’est en direction d’une véritable toile d’araignée policière que se dirigent les manifestants, à partir de 18h00. 2845 CRS, gendarmes mobiles et policiers sont organisés en cinq divisions entourant le quartier de la Bastille, de la gare de Lyon aux métros Filles du Calvaire et Saint Ambroise, et de la rue Saint Antoine au boulevard Voltaire.

    Côté manifestants, on souhaite un rassemblement pacifique ; un communiqué radio précise, le 8 février, que “les manifestants sont invités à observer le plus grand calme”. En outre, les organisateurs prennent la décision de ne pas défiler, estimant que la police ne chargerait pas un rassemblement statique.

    A l’heure du rassemblement, les manifestants se heurtent aux forces de l’ordre. Certains sont reflués sur la rive gauche, alors que, sur la rive droite, la tension monte peu à peu. En effet, quelques affrontements se déclenchent boulevard Beaumarchais. La réponse policière est terrible. On matraque des manifestants, des passants, les hommes, les femmes et personnes âgées, jusque dans les cafés et les stations de métro. L’acharnement est tellement aveugle que même des policiers en civil seront blessés.

    Mais c’est boulevard Voltaire et rue de Charonne que la répression est la plus violente. Alors que les organisateurs donnent le signal de dispersion, les forces de l’ordre, commandées par le Commissaire Yser, chargent le cortège. En effet, sur ordre de la salle de commandement, c’est-à-dire du Préfet Papon, il faut “disperser énergiquement” les manifestants. Les policiers chargent avec une telle brutalité et de façon si soudaine, qu’un mouvement de panique s’empare des manifestants, qui tentent de fuir vers la station de métro la plus proche.

    Les premières cibles des forces de l’ordre sont des élus communistes, qu’ils frappent à la tête. Puis, c’est au tour des manifestants qui, portés par la foule, trébuchent dans les escaliers du métro et s’entassent les uns sur les autres. Au lieu d’aider les gens qui suffoquent, les policiers les frappent, les insultent, et n’hésitent pas à jeter sur eux les grilles d’acier qu’ils trouvent au pied des arbres, ou encore des grilles d’aération. Le bilan de cette agression fut de huit morts, dont un manifestant de quinze ans. Sept d’entre eux sont morts par étouffement, un des suites de blessures à la tête. Tous étaient communistes.

    Au lendemain du drame, la presse, de façon unanime, stigmatise la responsabilité des forces de l’ordre. Le Ministre de l’Intérieur, Roger Frey, rejette quant à lui toute la responsabilité sur le Parti Communiste, qu’il accuse d’avoir tenu la manifestation malgré l’interdiction officielle. Au passage, le ministre assimile les manifestants aux fascistes de l’OAS, car ce sont là, explique-t-il, “deux ennemis de l’intérieur”. De son côté, la population française est largement choquée par ce déchaînement de répression : entre 500 000 et un million de parisiens assistèrent aux funérailles des victimes.

    Cet épisode de la vie politique française témoigne une fois de plus de l’amnésie historique de l’État français, sur certains sujets. Pendant des années, le drame du 8 février 1962 sera relégué aux oubliettes de l’histoire officielle. Il faudra attendre quatre décennies pour voir la réouverture des dossiers sur la guerre d’Algérie, le début d’une prudente autocritique de la part de l’État, et pour que la lumière commence à se faire sur les événements qui ont coûté la vie aux huit victimes de cette terrible journée.

    Abel Mestre
    PCF, Paris
    mai 2002

  • un resume bien simpliste pour des affaires trop compliques.chaque mot a son importance.la date et essentielle.l’histoire aussi.alors pour ne pas approfondir on condamne et toute les organisations se frottent les mains.mais le deroulement de la vie reprends ses droits et les guerillas et assasinats proliferent dans le silence des organisations bien pensante

  • ça fait plus de 5 ans qu’en France on dit que les Musulmans sont structurellement mauvais, droite gauche tous racistes !

    • n’importe quoi ! Que certains exploitent les différences culturelles et religieuses, stigmatisent une minorité (il fut un temps où c’étaient les Belges, les Italiens, les Polonais, les Portugais ) pour ne pas parler des problèmes économiques dont 95% des habitants de la france souffrent au quotidien, nier l’exploitation de l’homme par l’homme, protéger une oligarchie, c’est un fait. Mais la colère vous égare, vous aveugle au point de tout confondre ?

      Vous salissez tous les militants de gauche qui se battent au quotidien contre le racisme, et ils sont légion, même si leur combat ne fait pas les gros titres des TV.

      Lisez sur ce site, entre autre ! lisez la liste Pajol, lisez la liste RESF, lisez des journaux de gauche : lisez l’Humanité, et fermez la télé. Vous constaterez que la lutte contre le racisme est un combat pour beaucoup, prolongement de leurs engagements militants, politiques, associatifs, syndicaux contre le capitalisme, sa forme actuelle impérialiste et les divisions soigneusement entretenues du prolétariat

      Ouvrez les yeux ! et battez vous avec nous : on a besoin de vous, comme vous avez besoin de nous

      Patrice Bardet

    • 82..231 c´est facile de dire droite et gauche , tous racistes, on doit regarder de plus pres et si des gauchistes sont racistes ( c´est vrai il en existe, et dans mon syndicat en allemagne, un sondage avec 27% de gens contre les juifs et dans la population 25 %) je n´y peu rien je ne suis qu´une seule personne, et quand je critique je dis contre qui je suis et pourquoi, et je me moque si la personne est de couleur ou non et quelle couleur, et de quel parti, et de quel religion, et de quel pays, si c´est un homme ou femme , je dis ce que je pense . Bien sur pour moi qui suis de gauche et anarcho-coco je ne comprends pas qu ´il y ait des gens de gauche racistes, mais c´est un combat a long terme, et meme jose est aussi raciste contre les coco et certains a gauche et arlette. on peut etre contre mes idees mais avec des arguments, et quand je critique il faut separer la personne de ces idees, il y a des neonazis et hooligans qui sont sortis de leur mouvements , c´est pour cela a part si quelqu´un m´agresse physiquement qu´il faut faire la difference. Bien a Vous J-F