Blues du XXIe siècle

En 2000, j’avais assisté à une conférence du fameux philosophe russe Alexis Klimov. Ce savant personnage était un homme intéressant à entendre comme pas un. Ce fut une grande perte qu’il nous quitte en 2006 pour un monde qu’on a aucune peine à imaginer meilleur. La conférence en question avait eu lieu avant les événements de septembre 2001, avant les guerres d’Afghanistan et d’Irak.

Monsieur Klimov nous avait fait part de son inquiétude vis-à-vis du nouveau siècle. Il qualifiait le XXè siècle de siècle le plus barbare de l’histoire et craignait une répétition pour le XXIè.

Malheureusement, jusqu’à présent, il ne s’est pas trompé. Les choses ne semblent pas vouloir aller en s’améliorant par rapport au XXè siècle. Ce qu’il y a de plus inquiétant de ce temps-ci, c’est de regarder qui voit l’avenir en rose et qui le redoute cet avenir. Que des gens qui ont passé leur vie à philosopher, à réfléchir, à méditer, le redoute, c’est beaucoup dire sur le sujet.

Ça me rappelle ce grand penseur d’André Froissard qui, lors de sa rencontre avec le pape Jean-Paul II lui avait fait part de ses inquiétudes vis-à-vis l’avenir de l’humanité. La réponse de Jean-Paul II, certes un autre grand penseur, avait été de lui dire qu’il avait raison de craindre cet avenir car il pouvait effectivement s’avérer pire que tout ce qu’on avait connu du passé.

On est en 2008 et plutôt que de parler de rendre accessible à tous la nourriture nécessaire à la vie, un besoin élémentaire de l’être humain, on nous parle de l’augmentation du prix des denrées. Et il y a les guerres un peu partout. On semble encore loin d’un monde en paix où chaque être humain mène une vie décente dans laquelle tous ses besoins élémentaires de logement, d’hygiène, de nourriture et de vêtements sont comblés. Et le pape Benoit XVI n’est pas allé aux États-Unis pour plaider spécialement en faveur des nombreux sans-abris et des nombreuses personnes appauvries qui y habitent. Il en appelle à la charité individuelle, une façon de déresponsabiliser les gouvernements vis-à-vis les plus démunis de la société. Alors c’est quoi le rôle d’un gouvernement sinon que de s’assurer que les plus faibles de la société aient un toit au-dessus de leur tête et de quoi se nourrir et se vêtir convenablement ? Il me semble que l’abbé Pierre, lui qui fut député, voyait un rôle pour le gouvernement dans tout cela.