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Le Pôle démocratique et alternatif conserve la capitale et gagne de nouveaux élus après les élections municipales et régionales. Un camouflet pour le président Alvaro Uribe.
Bogota, correspondance particulière.
À l´annonce des résultats des élections municipales et regionales colombiennes, les militants du Pôle démocratique et alternatif (PDA) ne savaient plus à quels adjectifs se vouer pour qualifier leur victoire dimanche soir : « incontestable », « historique »… Non seulement la gauche conserve Bogota, la capitale du pays, mais progresse sensiblement en nombre de voix, l´abstention se situant aux alentours de 50 %.
Avec près de 900 000 suffrages. Samuel Moreno, le candidat du PDA, est arrivé largement en tête avec 43,58 %, devançant ainsi son principal concurrent, soutenu par différentes formations politiques dont le Parti libéral, Enrique Peña Losa (28,4 %). Depuis une semaine, ce dernier bénéficiait des faveurs ostensibles du président de la République, Alvaro Uribe (ultradroite), l´hôte de la Casa de Nariño se faisant fort d´appeler à battre le candidat prétendument appuyé par la guérilla des FARC. Autrement dit Samuel Moreno.
En dépit de cette campagne de dénigrement, la gauche va donc présider pour la seconde fois consécutive aux destinées de la capitale, considérée comme le second centre de pouvoir après la présidence. Autre succès significatif : le PDA gagne de nouveaux conseillers dans les vingt arrondissements de la capitale ainsi qu´au Conseil central (11 contre 8 en 2003).
Au sein de la coalition de gauche, le Parti communiste colombien (PCC), dont les dirigeants et les militants sont régulièrement la cible d´assassinats depuis sa création, enregistre une poussée plus que notable. Son secrétaire général, Jaime Caicedo, a obtenu le deuxième meilleur résultat au conseil de Bogota. Dans l´arrondissement rural de Sumapaz, historiquement ancré à gauche, le PCC a fait carton plein en emportant les sept sièges à pourvoir et ce, malgré les intimidations de l´armée archi présente sur ce territoire.
Dimanche soir, au siège du Parti communiste, les centaines de militants présents ont accueilli les résultats au cri de « Nous sommes le Parti de la vie, nous sommes le parti de l´espérance », défiant ainsi la terreur paramilitariste quotidienne. « C´est le triomphe de l´unité populaire, a déclaré Jaime Caicedo. Nous sommes à un point de rupture du régime uribiste. C´est la défaite de la politique belliqueuse : le peuple a décidé de rompre les liens qui l´enchaînaient à la politique clientéliste. » Tout en soulignant l´issue positive de ce scrutin, Jaime Caicedo a appelé à faire « reculer la mort et les tentatives, depuis le pouvoir, de reproduire la guerre sale », alors que les chantiers à venir sont immenses : la consolidation et le renforcement du PDA comme force politique nationale, la poursuite d´une politique démocratique de justice sociale dans la capitale, désormais vitrine de la gauche.
Enfin, convient-il de relever, les résultats de dimanche constituent également un sérieux revers pour Alvaro Uribe. Le président, qui s´est engagé grossièrement dans la campagne dans l´espoir de faire perdre le PDA, n´est pas parvenu à ses fins. Au contraire. Quant aux candidats uribistes, ils ont été nombreux à essuyer des défaites comme dans le département de l´Atlantique, fief du narco-paramilitarisme et de la corruption. Autant dire qu´au sein du PDA on veut croire que la présidentielle de 2010 est à portée de main.
Miguel Martinez, le 30/10/2007