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Boris Vian, Java des bombes atomiques & Joyeux Bouchers
Publie le vendredi 14 septembre 2007 par Open-PublishingC’est le tango des bouchers de la VilletteC’est le tango des tueurs des abattoirsVenez cueillir la fraise et l’amouretteEt boire du sang avant qu’il soit tout noirFaut qu’ ça saigneFaut qu’ les gens ayent à boufferFaut qu’ les gros puissent se goinfrerFaut qu’ les petits puissent engraisserFaut qu’ ça saigneFaut qu’ les mandataires aux HallesPuissent s’en fourer plein la dalleDu filet à huit cent ballesFaut qu’ ça saigneFaut qu’ les peaux se fassent tannerFaut qu’ les pieds se fassent panerQue les têtes aillent marinerFaut qu’ ça saigneFaut avaler d’ la barbaquePour êt’e bien gras quand on claqueEt nourrir des vers comaquesFaut qu’ ça saigneBien fortC’est le tango des joyeux militairesDes gais vainqueurs de partout et d’ailleursC’est le tango des fameux va-t-en guerreC’est le tango de tous les fossoyeursFaut qu’ ça saigneAppuie sur la baïonnetteFaut qu’ ça rentre ou bien qu’ ça pèteSinon t’auras une grosse têteFaut qu’ ça saigneDémolis en quelques-unsTant pis si c’est des cousinsFais-leur sortir le raisinFaut qu’ ça saigneSi c’est pas toi qui les crèvesLes copains prendront la r’lèveEt tu joueras la Vie brèveFaut qu’ ça saigneDemain ça sera ton tourDemain ça sera ton jourPus d’ bonhomme et pus d’amourTiens ! Voilà du boudin ! Voilà du boudin !Voilà du boudin !-----Mon oncle un fameux bricoleurFaisait en amateurDes bombes atomiquesSans avoir jamais rien apprisC’était un vrai génieQuestion travaux pratiquesIl s’enfermait tout’ la journéeAu fond d’son atelierPour fair’ des expériencesEt le soir il rentrait chez nousEt nous mettait en trans’En nous racontant toutPour fabriquer une bombe " A "Mes enfants croyez-moiC’est vraiment de la tarteLa question du détonateurS’résout en un quart d’heur’C’est de cell’s qu’on écarteEn c’qui concerne la bombe " H "C’est pas beaucoup plus vach’Mais un’ chos’ me tourmenteC’est qu’cell’s de ma fabricationN’ont qu’un rayon d’actionDe trois mètres cinquanteY a quéqu’chos’ qui cloch’ là-d’dansJ’y retourne immédiat’mentIl a bossé pendant des joursTâchant avec amourD’améliorer l’modèleQuand il déjeunait avec nousIl avalait d’un coupSa soupe au vermicelleOn voyait à son air féroceQu’il tombait sur un osMais on n’osait rien direEt pis un soir pendant l’repasV’là tonton qui soupir’Et qui s’écrie comm’ çaA mesur’ que je deviens vieuxJe m’en aperçois mieuxJ’ai le cerveau qui flancheSoyons sérieux disons le motC’est même plus un cerveauC’est comm’ de la sauce blancheVoilà des mois et des annéesQue j’essaye d’augmenterLa portée de ma bombeEt je n’me suis pas rendu compt’Que la seul’ chos’ qui compt’C’est l’endroit où s’qu’ell’ tombeY a quéqu’chose qui cloch’ là-d’dans,J’y retourne immédiat’mentSachant proche le résultatTous les grands chefs d’EtatLui ont rendu visiteIl les reçut et s’excusaDe ce que sa cagnaEtait aussi petiteMais sitôt qu’ils sont tous entrésIl les a enfermésEn disant soyez sagesEt, quand la bombe a exploséDe tous ces personnagesIl n’en est rien restéTonton devant ce résultatNe se dégonfla pasEt joua les andouillesAu Tribunal on l’a traînéEt devant les jurésLe voilà qui bafouilleMessieurs c’est un hasard affreuxMais je jur’ devant DieuEn mon âme et conscienceQu’en détruisant tous ces tordusJe suis bien convaincuD’avoir servi la FranceOn était dans l’embarrasAlors on l’condamnaEt puis on l’amnistiaEt l’pays reconnaissantL’élu immédiat’mentChef du gouvernement