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CNE : Contrat de Nouvelle Exploitation

Publie le jeudi 22 septembre 2005 par Open-Publishing

QUAND LES GOUVERNEMENTS LUTTENT CONTRE LE CHÔMAGE ...

Force est de constater que le NON au projet constitutionnel européen n’a
pas stoppé la dégradation de nos conditions de vie ; le gouvernement De
Villepin, sous couvert de lutte contre le chômage, amplifie son oeuvre de
démolition sociale. L’Ordonnance N° 2005-89 3 du 2 août 2005, qui institue
le Contrat Nouvelle Embauche (CNE), mesure-phare du « plan d’action
gouvernemental contre le chômage » (sic), est certainement la plus
inquiétante . Par cette mesure, l’Etat ouvre une nouvelle brèche de taille
dans la protection des salarié-e-s. Ces protections (Code du travail,
conventions collectives .), sans être la panacée, offraient des garanties
minimales aux salarié-e-s face à l’arbitraire patronal. Rappelons que le
Code du travail fut le fruit d’un rapport de force construit par le
Mouvement ouvrier au cours du 20ème siècle par la lutte et la grève :
l’Etat et le Capital furent contraints d’adopter une législation sociale.

LE MEDEF POURSUIT LA DEMOLITION SOCIALE

Aujourd’hui le rapport de force qui pesait en faveur des classes
laborieuses s’est inversé. Les espérances d’une amélioration de nos
conditions de vie par les réformes de la gauche au pouvoir ont toutes
échoué et ont dévié la lutte du terrain social vers le terrain électoral.
La résistance sociale s’est ainsi amoindrie, le patronat sait qu’il peut y
aller franco : organisé au sein du MEDEF, il n’a jamais cessé de
bénéficier du soutien actif de l’Etat, que celui-ci soit « géré » par la
gauche ou la droite. La gauche, il faut le souligner, n’a jamais été en
reste pour privatiser, créer des contrats précaires et bidons sous
prétexte de lutte contre le chômage.

PRECARITE GENERALISEE ET CHASSE AUX CHÔMEURS ...

La situation peut paraître paradoxale : d’un côté le patronat licencie
sous prétexte de productivité et de l’autre, il prétend avec l’appui de
l’Etat « remettre la France au travail » en augmentant le temps de travail
et en contraignant les chômeurs à accepter n’importe quel emploi à
n’importe quelle condition en les menaçant de radiation des ASSEDIC s’ils
refusent les emplois « proposés ». Mais derrière cette incohérence de
façade se cache un objectif bien cohérent : faire baisser le coût du
travail pour les patrons. Les chômeurs ne peuvent plus refuser les
contrats de merde ou ne correspondant pas à leur qualification, les actifs
n’ont qu’à bien se tenir et doivent revoir leurs exigences à la baisse sur
leurs salaires et leurs conditions de travail : « si t’es pas content, des
chômeurs sont obligés d’accepter ton boulot ». La « chasse aux chômeurs »
permet aussi aux tenants du pouvoir, en multipliant les radiations qui
plongent des « sans-emploi » dans la misère, de faire baisser
artificiellement les chiffres du chômage. L’alternative qui est laissée
aux travailleuses et travailleurs est sans issue : alterner de courtes
périodes de chômage et des contrats de travail précaires ou refuser
d’accepter cette logique et rester dans la misère.

CNE : CONTRAT DE NOUVELLE EXPLOITATION

Le CNE s ’inscrit bien dans cette logique. Ce contrat prévoit un pseudo « 
CDI » avec 2 ans d’essai, pendant lesquels le patron pourra licencier son
employé sans motif : toute possibilité pour le ou la salarié-e de
contester son licenciement devient nulle. En clair : ferme ta gueule et
bosse, ne te syndique pas, fait des heures supp’. non payées dans des
conditions de merde ou alors à la porte ! Fini donc, à terme, le CDI comme
norme salariale (déjà bien entamée). Malgré des indemnités équivalentes,
le CNE est plus favorable au patronat que le CDD, puisque ce dernier
offrait au moins une garantie de durée pour les salarié-es. Bref le rêve
du patronat : l’esclavage moderne, le salarié jetable. Finies dès lors,
les garanties du droit du travail et, avec cette épée de Damoclès sans
cesse au-dessus de nous, s ’organiser collectivement sur notre lieu de
travail pour revendiquer et faire valoir nos droits va devenir de plus en
plus compliqué ... Pas étonnant donc que les patrons se saisissent
massivement du CNE comme se complaît à l’annoncer le gouvernement. Et les
30 à 40 000 CNE déjà promis l’ont été certainement au détriment de CDI ou
de CDD plus contraignants pour les patrons... En communiquant sur ce « 
succès » le gouvernement nous prépare, comme il l’a annoncé, à généraliser
à tout type d’entreprise le recours à ce contrat, aujourd’hui limité aux
entreprises de moins de 20 salarié-e-s. Le seuil des 20 salariés est
d’ailleurs déjà partiellement contourné : en effet jusqu’au 31 décembre
2007, sont exclus du décompte des effectifs les salariés âgés de moins de
26 ans embauchés à compter du 22 juin 2005, quelle que soit la nature du
contrat qui les lie à l’entreprise

MOBILISONS-NOUS CONTRE LE CNE, ORGANISONS LA RIPOSTE SOCIALE

L’ampleur de l’attaque nécessite une réponse déterminée. Nous devons nous
donner les moyens, en tant que salarié-e-s et chômeur-se-s, d’organiser la
riposte sociale face à ce projet qui fait de la précarité au travail la
norme sociale. Nous devons, toutes et tous, informer autour de nous de la
nature réelle du CNE pour contrer la propagande gouvernementale et
convaincre de la nécessité de se mobiliser. Il faudra se saisir
massivement de la journée syndicale de mobilisation du 4 octobre pour
infléchir la tendance et construire un rapport de force le plus large et
unitaire possible. Car la seule perspective raisonnable pour stopper le
rouleau compresseur est la construction d’un mouvement social large et
massif qui fédère les luttes. La tâche est ardue et demande la conviction
et toute l’énergie de chaque individu persuadé qu’il faut changer les
choses. Pour cela, il faut nous organiser dés aujourd’hui sur nos lieux de
vie et de travail. Pour se passer des patrons qui nous exploitent et des
élus qui confisquent le pouvoir en nous privant de notre pouvoir de
décider, pour ne plus voir une humanité au rabais qui vit à moitié, il
faut s’engager dans les luttes pour construire une autre société,
égalitaire, libertaire et solidaire. Coordination des Groupes Anarchistes
Septembre 2005

Contact :
SECRETARIAT CGA
c/o Un Autre Futur
La Mauvaise Réputation
20, rue Terral
34000 Montpellier

Site internet : www.c-g-a.org