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COMORES : NOS MALHEURS TRANSITENT LE PLUS SOUVENT PAR MAYOTTE
Publie le lundi 7 avril 2008 par Open-Publishing« Mais entre la France et nous, il y a le litige de Mayotte, notre territoire où on veut nous interdit de nous rendre. Pour nous, la présence française à Mayotte n’est pas légitime. La France prétend le contraire. Je souhaite que le dialogue que le Président Sarkozy et moi-même avons préconisé entre dans les faits pour trouver une solution rapide et acceptable à ce litige, d’autant plus que la preuve vient d’être faite, une fois de plus, que nos malheurs transitent le plus souvent par Mayotte » : Ahmed Abdallah Mohamed Sambi, chef de l’Etat de l’Union des Comores.
Pour plus de détails lisez l’extrait de l’article « la France et l’union des Comores : saboter et protéger » de pierre caminade :
Depuis 1995, comme un mur de Berlin aquatique, un “ visa ” sépare administrativement de Mayotte les familles comoriennes. Il a été imposé par Charles Pasqua, ministre de l’Intérieur du gouvernement Balladur. Son obtention étant quasiment impossible, les Comoriens des autres îles sont très nombreux à tenter la traversée sans visa, parfois sur des embarcations de fortune (kwassa kwassa), clandestinité oblige. Les noyades se comptent par centaines. Cette entrave administrative est liée au projet de départementalisation de Mayotte (transformation en DOM), qui nécessite une coupure définitive du cordon ombilical avec le reste des Comores. Les Comoriens non mahorais (donc non français) deviennent des étrangers à Mayotte. Et les préfets français d’attiser des haines ethnistes : Jean-Jacques Brot, dans une interview au Quotidien de la Réunion le 12 novembre 2003, a eu le culot de dénoncer “ l’invasion migratoire ” et “ le viol de notre maison par des gens qui n’ont rien à y faire ” (Libération, 13/11). Il venait de faire détruire plusieurs des embarcations sur lesquelles des Anjouanais tentent la traversée, et s’en vantait.
Quant à ceux qui réussissent la traversée, leur sort est décrit par la lettre de “Matso”. Son cri interpelle nos consciences, et nous voilà à nouveau placés face à notre dépossession politique par la monarchie colonialiste qui fait figure de République française. N’y a-t-il donc aucun organe de justice internationale pour faire respecter le droit ?
Qualifiés par erreur d’“ immigrés ” ou de “ clandestins ”, les Anjouanais ne franchissent pourtant aucune frontière, en droit international, lorsqu’ils vont à Mayotte-la-comorienne. En conséquence, l’État français commet, par ces “reconduites à la frontière”, des “ transferts forcés de population ” au sens des statuts de la Cour pénale internationale (CPI), qui relèvent du Crime contre l’humanité (articles 7.1.d et 7.2.d).
Cette Cour permet pour la première fois la séparation des pouvoirs politique et juridique en droit international : la France ayant ratifié ses statuts, en vigueur depuis juillet 2002, une plainte peut être déposée, sans passer par l’ONU, contre les autorités françaises qui se sont rendues coupables depuis lors des exactions visées par lesdits statuts. L’ex-ministre français de l’Intérieur entre autres, Nicolas Sarkozy, n’a eu de cesse d’augmenter les moyens et “ l’efficacité ” de la lutte contre “ ce fléau ” qu’est “ l’immigration clandestine ” des Comoriens à Mayotte... il s’agit d’une continuité, car l’élan est ininterrompu au fil des gouvernements : Juppé, Jospin (qui a entrepris de rapprocher statutairement Mayotte de la France), Raffarin 1, 2... Dominique de Villepin, désormais en charge de l’Intérieur, poursuivra-t-il cette œuvre destructrice ? Les Comorien(ne)s de la diaspora, celles et ceux qui en sont solidaires, sauront-ils créer un fonds d’action juridique pour muer le cri de “Matso” en une incrimination devant la CPI ?
Georges Houmadi