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CONTRE LE PROJET DE PREVENTION DE LA DELINQUANCE

Publie le samedi 17 janvier 2004 par Open-Publishing

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UFAS/CGT - SUD SANTE SOCIAUX
APPEL A TOUS LES TRAVAILLEURS SOCIAUX - ENSEIGNANTS - MAGISTRATS

9 MILLIONS DE SUSPECTS DESIGNES...
TOUS ENSEMBLE POUR LUTTER CONTRE LE PROJET DE PREVENTION DE LA DELINQUANCE DU MINISTRE DE L’INTERIEUR.

Après avoir pris connaissance du projet de loi sur la prévention de la délinquance, on constate que le souci essentiel de ce texte est le maintien de l’ordre public, en stigmatisant les populations, notamment les jeunes des milieux populaires comme potentiellement délinquants.

Le Ministre de l’Intérieur confond volontairement prévention et répression.
Ce texte exprime une volonté manifeste de renforcer des dispositifs répressifs dont les objectifs sont de contenir tout débordement, expression de la souffrance sociale des populations les plus démunies.

Pour le Ministre de l’Intérieur, la prévention n’a aucun sens et ne présente aucun intérêt dans cette société marchande dont le sécuritaire est une des armes.

Pour arriver à ses fins, après la mise en place des différentes lois sécuritaires, du RMA, la suppression de l’Aide Médicale d’Etat pour les personnes en situation irrégulière, etc ... la délation est institutionnalisée comme mode de gouvernance.

Alors que les salariés travaillant dans le champ de l’éducatif et du social interviennent depuis toujours à côté des personnes les plus en difficulté pour faire reconnaître leurs droits, ils se voient contraints dans ce texte de signaler « toutes personnes présentant des difficultés sociales, éducatives ou matérielles. »

Cette définition des personnes susceptibles d’être « dénoncées » concerne en France 9 000 000 de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté, de précaires, des milliers de sans logis, de sans emplois et exclus de tous les dispositifs d’aides et de tous les jeunes en situation d’échec scolaire.

Le Ministre de l’Intérieur veut mettre en synergie tous les ministères, chacun devant prendre sa part de répressif y compris à l’éducation nationale, et tous les personnels devront faire converger leurs actions vers le maintien de l’ordre public.

Le Maire en tant qu’officier de Police Judiciaire, se voit désigné comme coordonnateur et destinataire de toutes les informations devant lui permettre de mettre en place des actions et dispositifs contribuant au maintien de l’ordre public.

Une confusion voulue, volontaire et orchestrée permet ainsi de faire un amalgame entre difficultés sociales et délinquance.

Le Maire n’est pas soumis au secret professionnel, et la proximité avec les usagers peut laisser craindre l’organisation de « dérives clientélistes et sécuritaires ».

Nous ne pouvons pas laisser passer un projet de loi aussi antidémocratique, bafouant tout le travail éducatif et de prévention, fondement de nos professions basées sur une relation de confiance, sans jugement dans laquelle l’individu n’est pas suspecté en permanence, mais au contraire accompagné pour accéder à une pleine citoyenneté et tenir toute sa place dans la société.

Déjà les centres fermés portaient un coup à l’action éducative. La remise en cause de la prévention laisse à penser que le travail social n’a pas de place dans cette société libérale et que le lien social s’articulerait autour de la délation et du contrôle social.

NOUS, ACTEURS DU SOCIAL, N’ACCEPTERONS JAMAIS DE DEVENIR DES AUXILIAIRES DE POLICE.

Ce projet de loi rappelle les sombres périodes de l’histoire et est une atteinte sans précédent au respect des usagers et à tous les professionnels du social.
On ne camoufle pas la misère sociale par la délation et la répression. Les réponses à apporter s’inscrivent dans une autre choix de société.
Nous ne voulons pas de cette société là, nous devons nous rencontrer, en débattre, et mettre en place une large mobilisation de tous les secteurs pour organiser une riposte de grande envergure.

Rendez vous le 20 Janvier 2004 à 18h30
Bourse du Travail, 3 rue du Château d’eau
75010 - PARIS