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je voulais vous avertir qu’une émission a été diffusée sur France Culture
dans l’émission "Les pieds sur terrre" aujourd’hui
http://www.radiofrance.fr/chaines/f...
Saïd est algérien. Acha est camerounais. Tous deux sortent du CRA de
Vincennes, le centre de rétention administratif. Ils y ont passé deux
semaines puis en sont sortis, un peu par miracle. Quelques mois après leur
"libération", ils reviennent sur leurs conditions de rétention dans ce
lieu où les sans papier disent être « vivant et mort à la fois ».
cette émission est podcastable sur le site de France Culture jusqu’à
demain après-midi :
http://www.radiofrance.fr/chaines/f...
bonne écoute,
Messages
1. CRA Vincennes sur fce culture , 7 février 2008, 11:36
Fermeture des centres de Rétention (30/01/08-05/02/08)
Nous continuons de téléphoner au centre de rétention de Vincennes.
Jour après jour, nous comprenons un peu mieux, la nature de ce lieu
et de la résistance qui s’y joue - ces continuels refus qui prennent
selon les jours, selon les semaines des intensités différentes. Ces
appels nous donnent à penser comment nous pouvons agir dans cette
situation spécifique. L’enjeu principal pour nous à l’extérieur est
de durer. Jeudi alors que rien ne semblait se passer, un détenu nous
a patiemment expliqué comment la vie du centre s’organisait autour de
la carte. Carte que l’on n’a pas dehors mais que l’on vous donne à
l’intérieur pour avoir accès à la bouffe, au médecin, à la Cimad.
Mais, carte qui sert surtout à vous contrôler à chaque instant et
finalement à vous compter à minuit. Le lendemain un autre détenu nous
informait qu’une quinzaine de détenus déchiraient leurs cartes et les
jetaient dans le couloir. Dimanche 3 février au Cra 2, des détenus se
sont réunis pour écrire une lettre au commandant du centre. La police
a voulu isoler la personne qu’il jugeait être à l’initiative de cette
lettre. Les détenus s’y sont opposés. Deux détenus ont été mis en
isolement, un autre a le doigt cassé.
Mercredi 30 janvier
« Lundi, il y a eu trois tentatives de suicide. Mais ce n’était pas
dans notre pavillon. On en a entendu parler mais c’est tout. Par
contre mardi, il y a eu le soir une tentative de suicide dans notre
pavillon. Il a essayé de se pendre avec sa ceinture.
Plein de nouveaux détenus sont arrivés, des Indiens, des Africains. »
Jeudi 31 janvier
« Aujourd’hui deux personnes ont été expulsées.
Rien ne se passe, personne ne bouge.
On mange, on dort.
Chaque communauté est dans son coin, les gens discutent entre eux
sans se mélanger.
Quand on passe devant le juge des libertés à Cité, un premier groupe
part à 7 h du matin un deuxième à 10 h. Tu ne connais que la veille
l’heure à laquelle tu pars pour le tribunal.
Quand tu rentres dans le centre, on te donne une carte avec un
numéro, ta photo, ton nom, ton prénom et ta nationalité. Pour manger,
tu dois te pointer au guichet et présenter ta carte pour qu’ils te
donnent un ticket. Pour aller à la Cimade, tu te pointes au guichet
et tu donnes ta carte. Ensuite, quand c’est ton tour de passer, ils
t’appellent par le haut-parleur. S’il y a trop de monde, ils te
donnent un rendez-vous plus tard. Quand tu as besoin de voir un
médecin, tu te pointes au guichet avec ta carte. Ensuite, ils
t’appellent par le haut-parleur quand c’est ton tour de passer. Le
médecin est là le matin, l’infirmière le soir. Je suis allé voir
l’infirmière une fois. Elle m’a donné des calmants et j’ai pris un
rendez-vous avec le médecin pour le lendemain.
On t’appelle par le haut-parleur aussi pour passer devant le juge ou
devant le consul de l’ambassade.
Aujourd’hui, deux personnes ont été expulsées, une a été libérée. »
Lundi 4 février
« Samedi pendant la manifestation, on a crié liberté, liberté.
Hier, une quinzaine de personnes ont déchiré leurs cartes et les ont
jetés dans le couloir.
La police nous parle mal.
Un flic m’a dit quelque chose, je n’ai pas, bien entendu, mais j’ai
compris que c’était insultant. Je lui ai dit de répéter. Il est parti.
Les rasoirs qu’ils nous donnent, je ne sais pas ce qu’ils ont.
Parfois, je me demande s’ils n’ont pas déjà servi. Tous les gens qui
s’en servent ont des boutons.
Hier soir, un nouveau retenu est arrivé, les flics ne lui ont pas
donné de chambre, ils lui ont dit : « trouves-toi une chambre ». Ils
font cela quand il n’y plus de place dans le centre.
Les refus de comptage, je dirais que c’est presque tous les jours.
Parfois, on refuse un peu. Parfois, on refuse beaucoup.
Ils vérifient avec nos cartes que nous sommes tous bien présents. »
Mardi 5 février
Cra 2
« Il n’y a toujours pas de chauffage. Le soir, il fait froid dans les
chambres.
Ça fait 11 jours que je suis ici.
C’est la première fois que je rentre dans un centre de rétention
C’est une prison, ça rend les gens dépressifs.
Moi, je ne m’alimente pas depuis 11 jours.
Hier soir, les flics ont éteint la télé. Un jeune a demandé aux flics
de la rallumer.
La policière lui a répondu : « Va te faire enculer ! »
Il lui a sauté dessus. Ils se sont battus.
Ils l’ont placé en isolement.
On a manifesté pendant 20 minutes pour qu’il en sorte. Ils l’ont
sorti de l’isolement.
Aujourd’hui, il a été libéré.
Aujourd’hui, il y a eu 3 expulsions et 5 libérations.
Ils écrivent sur un tableau les noms des gens qui vont se faire
expulser.
On connaît les libérations parce qu’ils appellent au haut-parleur les
gens qui vont être libérés.
Ils m’ont retiré mon portable parce qu’il y avait une caméra.
On n’a pas le droit d’avoir de stylos ni de papier. »
« Je suis passé hier devant le Juge des Libertés et de la Détention.
On était sept. C’était décidé d’avance.
On a tous pris 15 jours de plus.
Un jeune a été mis en isolement
Il vient d’avoir 18 ans, il est arrivé en France à l’âge de six ans.
Il a fait sa scolarité en France. Il est diplômé.
Je me suis bougé pour qu’il sorte. Je l’ai mis en contacte avec un
journaliste qui est venu le voir. La Cimade a finalement téléphoné à
la préfecture. Il a été libéré.
On est isolé.
Il y a eu 3 expulsions d’algériens et personne n’a bougé.
En principe, quand il y a des expulsions, l empêche le comptage… »
Cra 1
« Dimanche, on a refusé de manger le midi et le soir. La nourriture
était périmée.
On a décidé d’écrire une lettre au commandant.
Pendant qu’on l’écrivait un policier est passé dans le couloir pour
demander ce qu’on faisait. Il a ajouté que c’était n’importe quoi.
Quelqu’un lui a répondu « ta geule ! ».
Il est parti et il est revenu avec 5 collègues.
Ils ont voulu le prendre récupérer la lettre.
On a refusé. On a dit qu’il n’avait rien fait qu’il ne faisait
qu’écrire une lettre.
On a manifesté pour qu’il laisse le monsieur.
Alors, une quarantaine de policiers du centre ont débarqué et nous
ont frappé.
Un monsieur a le doigt cassé. Il a un certificat médical.
Il a porté plainte contre le policier avec la Cimade.
Ce soir on a une réunion tous ensemble. »
« On a voulu écrire une lettre au commandant.
À ce moment-là, un monsieur égyptien est venu me voir pour me
demander s’il pouvait dormir avec des gens qui parlent la même langue
que lui.
Le policier était pressé de le ramener dans sa chambre.
J’ai répondu au policier de nous laisser nous entraider et de se taire.
Cinq autres policiers sont revenus pour m’enmener.
Les autres retenus s’y sont opposés.
Ils sont alors revenus à vingt pour m’emmener.
Les autres retenus s’y sont opposés.
Ils ont cassé le doigt à un monsieur et ils ont gardé deux personnes.
Pendant tout ce temps, on s’est mobilisé pour qu’ils les libèrent.
Ils ont finalement été relâchés.
Toute à l’heure, le commandant m’a reçu dans le couloir.
Je lui ai parlé de nos préoccupations.
Ils nous ramènent des jeunes policiers qui nous insultent.
Nous avons des problèmes pour accéder aux soins.
Des personnes sont expulsées sans être averti à l’avance.
Ils viennent les chercher tôt le matin pour les emmener.
Les gens du guichet ne nous respectent pas. Quand nous avons besoin
de leur demander quelque chose, ils ne nous répondent pas. Ils
restent à parler au téléphone.
La nourriture est périmée.
Les briquets sont interdits. Si nous voulons fumer, il faut demander
du feu aux policiers qui disent ne pas en avoir.
Les policiers se moquent de nous. Ils nous disent qu’ici on est
nourri et logé et nous demande ce que l’on veut de plus. Ils nous
manquent de respect. Parmis les policiers certains sont racistes. Ils
disent qu’ils sont chez eux et pas nous.
Ils veulent créer des problèmes entre les ethnies. Lorsqu’on refuse
de manger, ils nous disent de laisser manger les Chinois, de laisser
manger les Congolais. Mais nous sommes tous d’accord pour ne pas
manger et personne n’est forcé.
Nous, on veut notre liberté.
On n’est pas venu en France pour aller en Prison.
On a dit au commandant qu’aujourd’hui nous attendions des réponses à
notre lettre. »
fermeturetention@yahoo.fr
ZPAJOL liste sur les mouvements de sans papiers