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Le nombre des Sdf logés par la Mairie dans des tentes montées le long des rues augmentent dans la capitale. Un phénomène rendu plus visible par les manifestations estivales
de Anna Maria Merlo, Paris Traduit de l’italien par karl&rosa
Jeudi 20 juillet ouvre le nouveau "Paris-Plages", un mois de plages artificielles avec des activités sportives, des chaises longues, des bars et de la musique sur les berges de la Seine, étendues cette année à la Rive gauche jusqu’à la Bibliothèque François Mitterrand, où vient d’être inaugurée (et tout de suite fermée, mais elle devrait rouvrir demain) la nouvelle piscine à ciel ouvert qui flotte sur la Seine. Mais, pour installer "Paris-Plages" la mairie a dû déloger les occupants habituels des rives de la Seine : les Sdf, de plus en plus nombreux. "Les groupes qui sont en contact avec les Sdf leur ont demandé de se déplacer" explique-t-on à la mairie, sans préciser où.
Quiconque prend un bateau-mouche sur la Seine ne peut pas ne pas voir qu’entre la tour Eiffel et Notre Dame, sur un parcours déclaré patrimoine mondial par l’Unesco, des dizaines de personnes vivent sous tentes. Ce sont des canadiennes de la marque Quechua, que Médecins du Monde a distribuées l’hiver dernier. L’idée était de lancer un signal d’alarme, de faire une dénonciation pour secouer l’opinion publique, par une opération baptisée "igloo". Mais peu à peu la ville s’est habituée à ses tentes. Il y en a aux Halles, devant et derrière Beaubourg, le long des canaux Saint Martin et de l’Ourcq, sur les grands boulevards.
Médecins du Monde en avait distribué 300 au début de l’hiver, il semble qu’aujourd’hui elles soient devenues 500. « Nous constatons un phénomène de précarisation » affirme Mylène Stambouli, qui à la mairie de Paris est chargée des questions de l’exclusion. Les Sdf sont environ 10 000 à Paris. Des personnes qui se débrouillent entre des squat, des grabats de fortune dans la rue, des hôtels à bas prix, des centres sociaux. La mairie a affecté cette année 50 millions d’euros pour éviter la réduction de mille places d’accueil, comme chaque été. Le Secours catholique a lancé une campagne d’affichage dans les rues pour faire face à la précari-été.
L’opération « igloo » commence à être critiquée, parce qu’elle s’est transformée de manifestation de dénonciation en solution stable pour beaucoup. Selon Xavier Emmanuelli, fondateur du Samu social, « elles clouent le Sdf à la rue. Un mois dans la rue veut dire trois mois de travail pour la réinsertion. Mais s’ils s’habituent, que faire ? » Les associations qui gèrent les centres d’accueil signalent une diminution des demandes. Comme si habiter une tente dans la rue était désormais considéré comme une solution stable.
La Préfecture invoque la loi : « Humainement légitimes, les tentes posent un problème d’ordre public et de respect de l’environnement. A Paris, le camping est interdit. Il est difficile de tolérer le maintien de ce dispositif ». Les habitants protestent à cause des ennuis causés par ces présences. Les tentes dans Paris sont la pointe d’un iceberg bien plus consistant qui est en train de s’enraciner dans la région parisienne et qui ne concerne plus les populations marginales, comme les Sdf, mais des travailleurs en majorité précaires, qui avec un salaire autour de 1000-1200 euros n’arrivent pas à obtenir un petit appartement en location. « En cinq ans - dénonce-t-on à la Fondation Abbé Pierre - les situations bizarres, les logements de fortune ou les campings utilisés comme logements se sont notablement développés ».
Une autre association qui s’occupe des populations pauvres, Coup de main, explique que « des Français, intégrés mais en difficulté, s’installent un peu partout ». Les pouvoirs publics font semblant d’ignorer le problème. Mais certains maires de communes où se trouvent des campings transformés en résidences fixes commencent à soulever le problème. « Tout terrain ouvert toute l’année accueille des résidents permanents » a relevé une urbaniste, France Poulain, qui a rédigé un « Guide du camping caravaning » dans la région Île de France. Les personnes vivant toute l’année dans les campings restent cachées, parce que transformer un lieu de vacances temporaire en résidence stable est interdit.
Ainsi beaucoup ont perdu par exemple leur droit de vote, parce qu’ils ne peuvent pas donner une adresse légale. Selon un premier recensement de ce type de résidence réalisé par les associations pour le droit au logement, dans le département 91, aux portes de Paris, ils seraient 1700 à vivre dans des baraques de fortune. Dans le département 77, plus de 1500 familles se débrouillent, dans des cabanes à jardin ou dans des camping-cars. Dans certaines communes, un terrain communal est mis à la disposition des « campeurs involontaires », manque d’HLM. A La Ferté-Alais, une commune de la banlieue parisienne, la mairie a acheté un camping pour le rénover et l’offrir aux familles qui n’arrivent plus à payer la location d’un logement plus décent.
Les propriétaires des campings gardent le silence - louer un espace à longueur d’année est illégal - mais ils se sont rués sur l’affaire. Leur fédération admet : « Certes, il y a des cas. Dans les départements 95, 78, 77. Des provinciaux, des divorcés, de jeunes couples, des familles : la plupart sont des salariés, exclus du marché des locations parce qu’ils manquent des garanties à donner aux propriétaires ».
Messages
1. > Campement Paris, 23 juillet 2006, 22:38
Disparition des derniers bidonvilles en France : vers 1975
Disparition de l’affreuse menace bolchevique : vers 1990
Réapparition des bidonvilles en France : vers 2005
c’est réglé comme du papier à musique tout ça...
1. > Campement Paris, 26 juillet 2006, 23:30
"le camping est interdit à Paris"la connerie aussi mais elle prolifére surtout à la préfecture accompagnée par l’inhumanité.Le ducon préfectoral n’a pas compris,ou fait semblant de pas comprendre,que ce ne sont pas des touristes.
"parisiens de la misére
nous allons être gouvernés
par des mouchards et des gendarmes
des sabres peuple et des curés"
et par des préfets débiles
et des maires séniles.
Jean Claude des Landes
2. > Campement Paris, 26 juillet 2006, 23:25
"vous voulez les misérables secourus, moi je veux la misére supprimée." Victor Hugo
Si les bobosociaux parigo-plagistes ne veulent plus voir la misère, qu’ils s’appliquent à la supprimer lorsqu’ils ont le pouvoir.
Les SDF n’ont pas grand chose, leur supprimer les précarises encore plus...
Il vaut mieux un logement qu’une tente, mais il vaut mieux une tente que rien...
A.D.