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Ce n’est pas aux banques de créer la monnaie
Publie le vendredi 1er février 2008 par Open-Publishing3 commentaires
Sortir du féodalisme monétaire,
préalable incontournable à une refondation économique, sociale et écologique
Les Européens ont abandonné (le 7 février 1992), le droit "régalien" de l’État de création monétaire, au profit des seules banques. Tandis qu’on focalisait les débats sur l’euro, on mettait en jeu la décision de libérer plus que jamais, totalement, ce qui constitue peut-être le plus grand "aspirateur" du régime capitaliste.
Mais déjà, depuis la réforme des statuts de la Banque de France, ayant fait l’objet de la loi du 3 janvier 1973, les avances au Trésor avaient été supprimées.
Ensuite, l’article 104 du Traité de Maastricht, transposé en France dans la loi du 4 août 1993, interdit aux Banques centrales d’autoriser des découverts, d’accorder tout type de crédit au Trésor public et à tout autre organisme ou entreprise publique.
Parallèlement, les banques peuvent quasiment allouer autant de crédits qu’elles le souhaitent (que demandé) en créant, à cette occasion, la monnaie sur laquelle elles feront payer des intérêts.
Ce régime a de multiples conséquences catastrophiques.
Il n’est pas simplement insupportable parce que les actionnaires des banques tirent indûment de très gros dividendes... d’une monnaie créée ex nihilo et ensuite prêtée à la collectivité.
Il implique aussi et surtout une situation qui assoit dans l’avenir la domination du marché : le volume d’emprunts en cours excède toujours plus celui de l’argent en circulation pour les rembourser.
D’où un surendettement (une impuissance) des États et d’un nombre croissant d’individus, ainsi qu’un pouvoir sans cesse accru pour les principaux détenteurs de capitaux : pouvoir d’achat, de rente, de décision sur les orientations de l’économie.
D’où un régime dans lequel les forts taux d’intérêts ne nuisent pas, au contraire, aux premiers prêteurs.
D’où un afflux de monnaie excédentaire alimentant les bulles spéculatives, moteurs d’un marché condamné à croître toujours pour survivre. Excédent par ailleurs non mesuré dans une inflation qui n’est plus qu’un leitmotiv idéologique, conduisant une masse croissante de victimes à prêcher sans discernement pour les intérêts d’un petit nombre de rentiers.
Comme les « taux directeurs » de la BCE pilotent les taux d’intérêts du crédit bancaire, ces derniers donnent le "La" de cascades d’intérêts financiers. Or, ces intérêts pèsent de tout leur poids sur notre vie au quotidien :
– En tant que consommateurs : répercutés dans tous les prix, à tous les niveaux de l’équipement, du développement et de la production, ils sont toujours répercutés sur les prix et réduisent de plus de 30% notre pouvoir d’achat.
– En tant que travailleurs : sans minimiser les multiples facteurs nouveaux de la mondialisation sauvage, il faut rappeler qu’il n’y a de domination du capital sur une entreprise que si celle-ci est contrainte de rechercher des capitaux… réclamant de l’intérêt.
– Enfin, en tant que citoyens participants par l’impôt direct ou indirect au fonctionnement des services publics : Ainsi, entre 1980 et 2006, la dette a augmenté de 913 milliards d’euros, alors que nous avons payé 1176 milliards d’euros d’intérêts (...) Si nous n’avions pas eu à emprunter ces 913 milliards d’euros sur les marchés monétaires, c’est-à-dire si nous avions pu créer notre monnaie, faire exactement ce qu’ont le droit de faire les banques privées, la dette qui était de 229 milliards d’euros début 1980 serait totalement remboursée en 2006 grâce aux 263 milliards d’euros économisés et nous disposerions en plus d’un solde de trésorerie positif de 263 - 229 = 34 milliards d’euros. ( voir justificatif et précisions )
On sait comme la mondialisation a fait exploser les fondements de la fiscalité. Mais la récupération des biens détournés, quand bien même elle serait envisageable, ne rendrait pas pour autant à la nation le contrôle qualitatif de la croissance, à savoir celui de sa destinée. Contrairement à l’idée reçue, les impôts d’hier ne font pas les services publics de demain.
Dans une économie effondrée, se demande-t-on s’il faut cesser de financer l’instruction des enfants, la recherche, le Parlement, une presse libre ? Et si la violence des exclus s’accroît, qui demandera qu’on coupe les vivres de la police ?
Se demande-t-on, dans une société où le quart des actifs souffrent directement du chômage, alors qu’elle regorge de biens futiles, s’il faut cesser de construire, de pacifier, d’éduquer ?
Se demande-t-on encore, en l’an 2007, pourquoi l’humanité voit venir l’asphyxie de son environnement naturel en subissant la domination d’une instance abstraite, absurde, sans avoir idée de ce qui en est le premier fondement ?
Celui qui a le contrôle de la création monétaire est celui qui décide avant tout autre de ce que produit la nation.
La Nation doit pouvoir émettre la monnaie dont elle a besoin, en proportion de son développement.
Et la monnaie qu’elle crée, elle doit pouvoir l’affecter aux projets qu’elle décide pour demain, non pas au paiement de ceux qu’elle se voit imposer, aujourd’hui, impuissante, endettée.
Or, ce peuple qui ne tolère plus un régime consacrant l’impuissance du politique, la mort de l’État social, et la croissance aveugle, ce peuple qui subit à tout instant la domination du dieu marché, méconnaît grandement l’aliment de base de son bourreau : la monnaie. Ce peuple qui croit que l’argent n’a pas d’odeur, qui croît qu’il a aboli les privilèges voilà deux siècles, ignore depuis plus longtemps encore celui des banquiers.
Messages
1. ce n’est pas aux banques de creer la monaie, 1er février 2008, 17:30
Si nous n’avions pas eu à emprunter ces 913 milliards d’euros sur les marchés monétaires, c’est-à-dire si nous avions pu créer notre monnaie, faire exactement ce qu’ont le droit de faire les banques privées, la dette qui était de 229 milliards d’euros début 1980 serait totalement remboursée en 2006 grâce aux 263 milliards d’euros économisés et nous disposerions en plus d’un solde de trésorerie positif de 263 - 229 = 34 milliards d’euros. ( voir justificatif et précisions )
Soit, supposons que la dette de 1980 aurait été épongée en 2006, mais celle de 1981 et des autres années, la dette aurait été épongée quand alors ? Je ne comprends pas bien votre démonstration !
1. ce n’est pas aux banques de creer la monaie, 1er février 2008, 18:26
Il n’y aurait pas eu de dette, puisque pas d’emprunt...
2. ce n’est pas aux banques de creer la monaie, 2 février 2008, 23:53, par Chrismondial
POUR UN SERVICE PUBLIC DE LA MONNAIE EN FRANCE ET EN EUROPE
POUR SE REAPPROPRIER LA MONNAIE
Pour le salarié public ou privé, l’argent - la monnaie - n’est qu’un simple moyen de paiement pour l’achat d’un bien ou d’un service . Du coup la distinction qui lui sera importante résidera dans le caractère marchand ou non marchand du bien ou du service produit. Puisque derrière le marché il y a la logique de profit des entreprises privées il sera porté - outre la revendication de l’augmentation des salaires d’une part à réduire la place du marché et de l’appropriation privée et d’autre part à souhaiter l’extension des services publics et entreprises publiques.
Mais la monnaie est bien plus qu’un simple instrument dans l’échange marchand. 1) Pour ceux qui peuvent transformer l’argent en capital - le capitaliste donc - il a des vertus que non capitaliste ne voit pas . C’est ce que Marx a appelé le fétichisme de largent comme survalorisation symbolique qui masque les rapports sociaux derrière l’échange marchand. 2) Au-delà pour la reproduction du système capitaliste, pour son financement ou pour l’accumulation du capital la monnaie doit être une création permanente ce qui pose problème . Jean-Marie HARRIBEY insiste sur le fait que la monnaie qui n’est pas une chose sans histoire mais bien une construction sociale est au service de l’accumulation privé. Vidal MOTHES précise "Longtemps, la monnaie fut gratuite, au service de tous, ce fut une formidable invention pour faciliter et pacifier les échanges (payer, de « pacare »… faire la paix). Mais elle fut transformée en marchandise par les banquiers modernes. Le poids des intérêts cause une pénurie artificielle d’argent générant la misère. Les intérêts dépassent d’infiniment loin, les dépenses de fonctionnement des banques".
LA MONNAIE EST UN BIEN COMMUN EXTORQUE PAR UNE MINORITE DE POSSEDANTS
Dans de nombreux pays la non possession de monnaie signifie non accès à la nourriture et donc à la vie et pour ceux qui vivent sans cette angoisse quotidienne posséder suffisamment "d’argent" est nécessaire pour se loger convenablement que ce soit comme propriétaire ou comme locataire. Mais c’est sous un autre angle que se pose le problème de l’appropriation privée de la monnaie. On l’a vu en 2005 au moment du rejet du TCUE, et la question réapparait avecle traitéde Lisbonne, l’indépendance de la BCE correspond à une quasi privatisation puisque le bien public monnaie est mis au service quasi exclusif de l’accumulation privée. La BCE n’est pas véritablement une institution en capacité de mener des politiques publiques au service des peuples d’Europe.
– Pour en finir avec les crises financières et bancaires, les faillites et le chômage…
– Que les Etats reprennent le droit de contrôler la création d’une monnaie publique…et sans intérêts
Christian DELARUE
ATTAC
chrismondial