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Charognards

Publie le lundi 22 octobre 2007 par Open-Publishing
4 commentaires

1.
Je découvre à l’instant que dans "l’intitulé de l’hommage officiel" à Guy Môquet, orchestré par le régime (qui n’a pas fini (d’essayer) de manipuler nos enfants), le mot "camarade" a été remplacé par le mot "compagnon".

Je répète ?

Le mot "camarade" a été remplacé par le mot "compagnon".

Henri Guaino, "principal conseiller de Sarkozy", interviewé (longuement) dans "Libération", ne trouve pas ça gênant : "Est-ce si grave ?"

Demande-t-il.

Avant de préciser : "A force de se scandaliser de tout, on finit par ne plus savoir ce qui est important".

Dans l’intitulé de l’hommage officiel à Guy Môquet, le mot "camarade" a été remplacé par le mot "compagnon", mais le principal conseiller de Nicolas Sarkozy ne trouve ça ni "grave", ni "important".

Mais en réalité ?

"Camarade" est le (joli) nom que se donnent les communistes.

"Compagnon" est celui que se donnaient les gaullistes, notamment.

Le remplacement de l’un par l’autre est donc tout sauf anodin, et il faudrait être le dernier des sales cons pour ne pas s’en rendre compte.

Le remplacement de l’un par l’autre éloigne Guy Môquet de la gauche, pour le rapprocher de la droite.
Ni plus, ni moins.

Les charognards du régime s’abattent sur la dépouille d’un militant communiste, pour s’en faire un sinistre étendard (après l’avoir cependant lavé de sa camaraderie) - et bien évidemment pour mieux dissimuler que Guy Môquet gerberait à longs traits si, revenant, il découvrait ce que les mêmes charognards font depuis quelques mois des solidarités pour quoi il se battait.

J’ai beau me creuser la tête : je ne trouve guère que l’Union soviétique, période glaciaire (photo), comme autre exemple un peu récent d’un pays révisant, de la sorte, son histoire officielle - donnant un mot pour un autre, effaçant de la photo ce qui risquait de faire désordre.

Ca me terrifie sincèrement, et je me demande où sont, pour le coup, les penseurs à deux balles qui voient partout Staline - mais qui depuis un an lèchent le fondement de Sarkozy ?

On les entend plus, ces baltringues - alors que là, pourtant, ils tiennent, pour de bon, un cas très pur de stalinisme - appliqué à notre mémoire collective...

2.
D’Henri Guaino toujours, récitant au mot près le répugnant bréviaire de la "nouvelle" réaction : "(...) Il faut résister à cette mode de la repentance, qui finit par exprimer la haine de soi, qui débouche souvent sur la haine des autres".

Et dans "Libé" toujours, quelques pages plus tard, ce relevé, atroce, de ce que font dans la vraie vie ces gens qui ne se repentent pas : "Le plus jeune prisonnier de France a trois semaines (...). Arrêté avec ses parents sans-papiers, il a passé une nuit en garde à vue et est détenu depuis le 18 octobre au centre de rétention administrative (CRA) de Rennes. (...) Autres exemples : le 4 octobre, un bébé de 15 mois est enfermé au CRA de Toulouse avec sa mère enceinte. Celle-ci fait une fausse couche et perd des jumeaux. Le même jour, une autre femme enceinte est enfermée au CRA de Cayenne en Guyane. Transférée à l’hôpital, elle accouche d’un foetus mort. Ce même 4 octobre, une fillette de 3 ans et sa mère sont placées au centre de rétention administrative de Lyon. Le 10, un enfant handicapé et ses parents sont enfermés au CRA de Toulouse".

Ad nauseam...

Les traqueurs d’enfants sont les mêmes qui veulent que nos écoliers apprennent que Guy Môquet, fusillé communiste, était un "compagnon", plutôt qu’un "camarade" - et naturellement, tout ça est cohérent.

Dans "Marianne", un garçon qui n’a pas exactement le profil d’un révolutionnaire guatémaltèque puisqu’il s’agit de François Léotard, observe que : " Tout cela va mal finir".

Première fois de ma vie que je suis un peu d’accord avec François Léotard.

http://vivelefeu.blog.20minutes.fr/archive/2007/10/20/index.html

Messages

  • "C’est un joli nom, camarade, c’est un joli nom, tu sais, qui marie cerise et grenade, aux cent fleurs du mois de mai.........." Jean Ferrat.

  • dans le genre charognard (sans guillemets) François Léotard, auquel fait allusion cet article, ne se posait pas mal non plus... Cela se passait en 1994, mais j’ai quelques raisons de m’en souvenir. Mitterrand était alors sub-claquant et la droite lorgnait sur des voix qu’elles considéraient comme étant "naturellement" les siennes, à savoir celles de juifs aisés mais qui continuaient de voter à gauche, soit pour des raisons de tradition un peu anciennes (comme aux Etats-Unis), soit pour des raisons de politique extérieure, plus récentes. Aussi la droite s’avisa-t-elle de ce qu’un responsable des archives militaires avait, dans un bulletin confidentiel, commis l’impardonnable : ce canaillou avait osé présenter l’innocence du capitaine Dreyfus comme étant une hypothèse parmi d’autres (ce qui assurément n’était pas très judicieux, puisqu’on connaît l’auteur du "bordereau", mais qui, pour qui a eu comme c’est mon cas le bulletin sous les yeux, ne relevait de toute évidence que de la maladresse, et non, du lepénisme). Et le lendemain la presse fit bruyamment savoir que, ah mais c’est que : Léotard avait révoqué le colonel ! Et aujourd’hui encore les historiens officiels, dans leurs livres et dans leurs articles, reprennent avec un désopilant sérieux ce canular ! Mais bon... soyons sérieux : en France on ne révoque pas, un colonel. Il va de soi que cette sanction avait été prononcée dans des conditions qui ne pouvaient qu’entraîner son annulation (elle avait été prise sans que cet agent n’aît eu accès à son dossier). Et ce fut tout juste si quelques années plus tard le Monde, en énième page et en quelques lignes -car la presse française a quand même sa "dignit", c’est une chose bien connue- fit savoir que ce colonel, dont la carrière s’est poursuivie sans encombre, avait été réintégré ! D’où j’en déduis que F. L. nous fit ce jour-là le coup du père François, et que c’est un républicain (membre du Parti républicain) en peau de léotard.

    Luc Nemeth, Docteur en Histoire contemporaine

  • La contre lettre de Guy Môquet : « Ces agents du capitalisme, nous les chasserons hors d’ici pour instaurer le socialisme »

    Conservateur du Musée de la Résistance nationale, Guy Krivopissko a publié « La vie à en mourir, Lettres de fusillés 1941-1944 », aux éditions Tallandier. Un premier recueil de lettres d’adieu des fusillés de la Résistance. Il recommande la lecture du poème saisi sur Guy Môquet le jour de son arrestation « pour comprendre ces jeunes qui sont entrés en résistance ».

    « Parmi ceux qui sont en prison
    Se trouvent nos 3 camarades
    Berselli, Planquette et Simon
    Qui vont passer des jours maussades

    Vous êtes tous trois enfermés
    Mais patience, prenez courage
    Vous serez bientôt libérés
    Par tous vos frères d’esclavage


    Les traîtres de notre pays
    Ces agents du capitalisme
    Nous les chasserons hors d’ici
    Pour instaurer le socialisme

    Main dans la main Révolution
    Pour que vainque le communisme
    Pour vous sortir de la prison
    Pour tuer le capitalisme

    Ils se sont sacrifiés pour nous
    Par leur action libératrice. »

    (...)
    __________

    ce qui m’étonne un peu, c’est que cette manipulation n’ait été découverte que si tard. Personne n’est allé vérifier ?

    Les enseignants, s’ils avaient été prévenus, auraient rétabli la lettre dans son intégralité.

    Ce pouvoir n’est pas à une manipulation près. Celle-ci, quand les profs s’en rendront compte, j’espère qu’elle sera la "goutte de trop". Sinon, c’est du révisionnisme

    P. Bardet

  • Et bien, je retrouve le fils de mes Maîtres de stage, quel surprise !