Accueil > Chroniques citoyennes (4) : Numérique
Je ne sais si, dans nos contrées, il faut parler de facture ou de fracture numérique quand on évoque l’équipement indigent de la plupart des foyers en ordinateur.
En fait de fracture, si l’on en croit un éminent penseur*, il faut parler de barrière et d’inaccessibilité des uns aux technologies de l’information numérique, quand d’autres utilisent leur ordinateur comme une fenêtre permanente sur le vaste monde. Le taux d’internautes reste en dessous des 50% en France, comme dans d’autres il avoisine des chiffres dont on a du mal à croire la réalité : 6,35% en Russie par exemple. Or au delà des chiffres qui expriment ce que nous voulons bien qu’ils expriment, quand nous parlons de fracture, il me semble intéressant d’en pointer du doigt les causes. Ce n’est pas seulement une question d’ordinateurs qui s’achètent dans le rayon entre les pâtes et les bouteilles. C’est aussi une question liée au rapport entretenu par les gens avec l’écrit, la lecture.
Ne nous y trompons pas, le monde des internautes est un monde de mots, de phrases, de textes… avant d’être visuel ou auditif. Et dans un pays où l’achat de livres est souvent vécu comme futile, où le nombre de non lecteurs reste important (on estime entre 10 et 14% la proportion de personnes âgées de 18 à 65 ans en difficulté de lecture en France dans l’enquête Information et Vie Quotidienne de l’Insee 2002), nous pouvons donner de la fracture numérique une autre dimension. Une dimension plus sociale qu’il n’y paraît et qui ne s’arrête pas au simple fait de raccorder un ordinateur au réseau téléphonique existant. Une dimension et un enjeu dans notre société car avant de se connecter au système, force est de constater que le niveau d’insertion sociale, la possession d’une culture où la recherche d’information, son traitement sont des atouts indéniables. Il y a fracture, barrière, inaccessibilité autant par la difficulté à insérer cet outil dans le quotidien de chacun que par la réalité du coût de cet accès.
La fracture s’accompagne souvent de la facture et cette dernière peut être élevée car l’accès aux informations numériques devient un produit, une denrée dont les composantes (ordinateur, logiciels, accès, abonnements….) sont souvent entre les mains de quelques requins qui sont prêts à faire payer le prix le plus fort.
Quelques solutions existent pourtant, qui, au travers de certaines actions réduiraient les écarts et qui pourraient s’articuler autour d’idées comme : formation, accompagnement, incitation, mises à disposition, réduction des coûts et bien d’autres encore… Quelques
solutions existent, mais y a t-il une réelle volonté pour les mettre en œuvre ?
*E. Guichard in « La Fracture numérique existe t-elle ? » à l’Institut national de recherche en informatique et en automatique
Le 24 mars 2007
Démocrite