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DU DEMOCRATISME EN MILIEU ETUDIANT ...

Publie le dimanche 18 novembre 2007 par Open-Publishing
5 commentaires

Il est fréquent d’entendre dire, à propos des blocages de facultés, que les « bloqueurs » [1] sont des individus anti-démocratique [2] ; qu’ils ne sont qu’une minorité et qu’ils imposent leurs lois ; que ce sont des « kmers rouges » (suivez mon regard...), des révolutionnaires anarchistes,des prophètes du grand soir, etc... etc...

Pourtant, on ne peut s’empêcher de se poser la question. Est-ce que les anti-bloqueurs sont, eux, démocratiques ? C’est à dire, représentent-ils la majorité des étudiants ??? Le nombre d’étudiants par facultés est, en moyenne, de 20000 à 30000. Les AG regroupent les plus souvent entre 2000 à 5000 personnes. Et les résultats de votent sont souvent très serrés.

Les anti-bloqueurs ne sont donc pas plus démocratiques que les autres. Juste qu’ils n’arrivent pas à avaler la pilule ;=) Et qu’ils s’autorisent, comme nos politichiens, à être les représentants d’une soit-disante volonté qui ne se limite finalement qu’à la leur. D’ailleurs, la volonté peut-elle être représentée comme dirait nos chers profs de philo ?

Nous n’allons pas refaire toute l’histoire de l’humanité, mais, les sociétés ont toujours été conduites par des minorités ( sociétés démocratiques aristocratiques chez les athéniens, monarchie et théocratie au sein de systèmes féodaux au moyen-âge ; démocratie représentative aujourd’hui qui ne sont, finalement, que des oligarchies cachées) ... Est-ce qu’une personne élue à un instant T, grâce à la démagog’académie ; non révocable pendant des années ; ayant le pouvoir sur des millions d’individus et pouvant donc décider à leur place ; est-ce que cela est démocratique ? Est-ce que des députés qui sont élus avec de fort taux d’abstention sont-ils légitimement représentatifs d’une population ??? Les sociétés ne sont, finalement, que la juxtaposition de minorités agissantes.

Le problème n’est donc pas celui de la minorité, mais celui du pouvoir. La division des étudiants entre bloqueurs et anti-bloqueurs n’est donc qu’un faux problème produit par la fameuse « peur de l’avenir ». Renversons la vapeur. L’angoisse est mauvaise conseillère et, de plus, elle est la meilleure alliée du pouvoir paternaliste. La vie n’est que peur, sauf si l’ont décide de ne pas y souscrire. Ne nous résignons pas et agissons ! Ici et maintenant. Ne nous laissons pas entraîner par le formatage des mots comme ceux qui sont employés pour qualifier les individus d’ être « otages » des grévistes. Les grévistes = terroristes ???? Il n’en faut pas plus pour rendre un pouvoir oligarchique heureux. Ils n’ont même plus besoin de faire le boulot, nous le faisons à leur place.

Les récentes actions des bloqueurs se produisent justement pour ouvrir un champ de possibilités. Ils est donc important de ne pas se résigner car les luttes sont longues et vont être de plus en plus difficiles. Il est donc primordial de toujours s’adapter et de ne pas aussi tomber dans l’erreur de refaire un nouveau anti-CPE. Le CPE était quelque chose qui s’est construit petit à petit, en réaction avec l’environnement et le contexte. Faisons de même, c’est à dire, n’essayons pas de refaire un nouveau anti-CPE, car, à ce moment-là, nous ne serons plus à l’écoute de l’environnement et la lutte seras finie avant d’avoir commencée.

Il évident que, pour nous, anarchistes, que la loi passe ou soit abrogée ne changent rien. C’’est avant tout le système qu’il faut changer. Et cela est possible par la fraternité, la solidarité entre les individus. Ce sont les meilleurs armes contre un capitalisme qui ne peux exister qu’avec la compétition entre individus et l’atomisation des personnes. Libérons-nous de nos propres chaînes et nous nous libérerons du pouvoir.

CCBC (Comité contre le blocage des consciences)

(aka CNT-AIT LILLE)

http://www.anarchiste.org/cnt-ait.lille/spip.php?article59

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[1] On pourrait d’ailleurs s’interroger sur ce mot. Les bloqueurs ne seraient-ils pas, après tout, des « débloqueurs » de conscience ? Finalement, par leurs actions, ne permettent-ils pas à un débat d’avoir lieu ? Débat dont les politiques préfèrent se dispenser et préfèrent imposer leur lois aux individus

[2] Pour le vérifier, demandez autour de vous et vous verrez que les « bloqueurs » sont avant tout des individus qui ont décidé de prendre leur vie en main.


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Messages

  • Cet article est pour le moins curieux et passablement contradictoire ! Pour ne pas dire archaïque et donc assez insupportable !

    Comment des anti-bloqueurs seraient-ils moins légitimes que les bloqueurs au nom du fait qu’ils ne représenteraient pas la majorité des étudiants si les bloqueurs sont eux-mêmes encore moins nombreux ?

    Si les anti-bloqueurs ne s’autorisent que de leur propre volonté, que dire des bloqueurs lorsqu’ils refusent tout vote à bulletin secret voire tout vote tout court ??

    Last but no least, on vante ici à mots à peine voilés la dictature d’une minorité éclairée sur la conscience "bêlante" des masses incapables de voir qu’on les mêne à l’abattoir !

    Décidément le respect de l’intelligence et du droit des individus à décider de leur vie semble s’arrêter, pour les anars, aux limites de leurs propres certitudes politiques qui, pour le coup, ne s’autorisent vraiment que d’elles-mêmes et à propos desquelles on se demande bien où pourrait être le critère discriminatoire de leur validité absolue !

    Non messieurs il n’y a plus aucun moyen de s’assoire sur la démocratie de quelque manière que ce soit et c’est tant mieux !!

    A la démocratie on ne peut légitimement opposer que la démocratie, ce que l’on pourrait juger comme plus démocratique, comme vraiment démocratique ! Ou ce qui pourrait être considéré comme attentatoire aux droits fondamentaux !!

    Si l’on veut combattre les anti-blocqueurs, peut-être serait-il plus judicieux d’exiger que le peuple puisse être appelé à se prononcer directement sur les grandes questions qui le concerne
    et qu’il ne puisse pas être possible de faire passer directement par le parlement une loi qui n’obtiendrait pas un assentiment minimal d’organisations représentatives des personnes concernées sans quoi il y aurait obligation de passer devant la volonté populaire !

    Ce que l’on peut dire en tout cas si l’on veut défendre le droit de bloquage c’est que la loi Pécresse contredit un droit plus fondamental que celui de rentrer en cours !
    Le droit d’une partie, même majoritaire, des étudiants actuels à pouvoir suivre leur cours est-il supérieur au droit fondamental pour tous à poursuivre des études qui ne soient pas bidons et dans de bonnes condition ? Le droit des étudiants actuels à entrer en fac est-il supérieur au droit de tous les jeunes bacheliers futur à accéder à des facs qui ne soint pas poubelles, garderies, impasses, facs pour pauvres ?

    Il me semble que si l’on peut démontrer que la loi Pécresse porte atteinte à ce droit fondamental, on a des arguments un peu plus forts à faire valoir pour le bloquage !
    Droit contre droit, démocratie véritable contre démocratie tronquée(celle qui consite à demander un avis global et à ne s’autoriser ensuite de personne pour réformer, car personne ne peut dire que le peuple a voté pour la loi Pécresse ! ), voilà de quoi mieux argumenter ce me semble !

    Mais de toute façon, ne pas prendre sa volonté pour la vérité indiscutable (sauf à reconnaître ce même droit pour tous !) en passer par la volonté majoritaire n’est pas du démocratisme, cela oblige à passer par le temps du débat d’idées de la conquête des consciences qui est la seule conquête durable !

    La dure nécessité de la conquête des consciences voilà la condition obligée de tout combat moderne, et cela n’est à craindre en définitive que par ceux qui ont quelque chose à craindre de la conscience des hommes !

    Dernière chose : nul n’est habilité à éclairer le peuple qui en sait autant que quiconque, et ceux qui n’admettent pas ceci en se croyant savant ne font montre que de leur propre ignorance et devraient se rappeler leur prof de philo citant Socrate lui-même : le sage est celui qu’il ne sait rien mais qui au-moins le sait et pour cela cherche, et cherche toujours sans jamais avoir la certitude de savoir, d’avoir trouvé ! Cela pourrait valoir aussi comme définition du révolutionnaire autenthique ! Lorsqu’on lutte pour gagner les gens à une cause, on doit en avoir appris soi-même et sur soi-même plus qu’on en a appris aux autres sous peine de n’avoir pas appris grand chose, ni soi-même ni aux autres !

    Gilles.

  • Il y a une confusion permanente, constamment entretenue dans les luttes récentes, entre démocratie politique et consultation. Si la démocratie politique tenait à une forme de consultation (le vote à bulletin secret) alors il faudrait revoir une bonne partie des jugements passés et actuels portés sur divers systèmes politiques (URSS, Chine, USA, diverses dictatures africaine et autres, montée de Hitler au pouvoir, etc...). La démocratie c’est fondamentalement la possibilité d’un débat public, politique, confrontant des opinions et de hypothèses concernant le devenir de l’espèces et des différentes sociétés dans lesquelles cette espèce s’actualise. C’est aussi, comme l’a bien vu et montré Castoriadis, la possibilité de refuser, éventuellement en masse, l’hétéronomie, le fait de se voir durablement privés de la possibilité de participer aux choix concernant notre propre vie et son devenir.

    A cet égard, les luttes mettent en place des modalités de mobilisation, de construction de rapports de forces, de propagation d’adhésion à leur dynamique et à leurs objectifs. Le choix des modalités de consultation en cours d’action dépend donc des analyses qui sont faires à chaque moment par les différents groupes et forces en présence. L’affirmation selon laquelle certaines formes e consultation seraient "a priori", par essence, plus "démocratiques" que d’autres relève de la lutte d’influence et de la construction du rapport de force à chaque moment.

    La consultation "a bulletin secret" a de longue date été dénoncée (36, 47, 68...) comme un moyen de disloquer la dynamique collective en l’atomisant dans la relation individuelle, privée, secrète et confidentielle, au vote. Ceci, et le sarkozisme qui disloque le politique en le privatisant l’encourage, n’a à l’évidence rien à voir avec la démocratie politique et le débat public en situation de lutte, au sein même de la dynamique collective qui n’est pas privée mais publique et politique.
    Ceci ne signifie évidemment pas qu’il faut, toujours et tout le temps être, dans les luttes contre le vote à bulletin secret : ça dépend des circonstances, du rapport de force, des buts et logiques en cours.
    Il ne fat pas se laisser pièger dans de faux débats : ça fait partie de la lutte que de recadrer les significations.

    Nicolas Tragan

    • Mr Tragnan votre intervention est du bavardage ! Qui va décider des formes d’action justes ?

      La question posée est bien celle-ci ! De quel droit Monsieur, répondez précisément à ceci, de quel droit une minorité d’étudiants peut-elles décider des modalités d’action appropriées à tel ou tel moment, et l’imposer à une majorité ??

      Si on dit qu’elle l’a alors il faut le reconnaitre pour tout le monde et reconnaitre alors le droit aux fachos de faire la loi là ou il le peuvent !

      Entre le droit et la force il faut choisir mais alors, dans le deuxième cas, il n’y à plus à se réclamer en aucune façon de la démocratie et vive la loi du plus fort ! Et Sarkozy aurait raison d’en appeler dans ces conditions, selon votre théorie, à la force contre les étudiants !

      Il ne peut-y avoir que les fachos pour qui la démocratie peut être à géométrie variable !

      Si vous connaissiez un peu l’histoire autrement que par des slogans vous sauriez que la pratique du vote à main levée a souvent été une arme des dictateurs notamment staliniens ;

      Ce qui ne veut pas dire que cela soit toujours illégitime, mais encore faut-il qu’il y ait un accord majoritaire sur cette question !!

      Tournez cette question dans tous les sens, la seule façon d’en sortir sans justifier la force c’est comme je l’ai dis plus haut et qui, apparemment n’a pas été entendu, d’en passer par la démocratie qui ne peut en aucun cas se définir autrement dans son principe de base que comme le pouvoir pour chacun de décider librement, oui, LIBREMENT, c’est-à-dire en étant libéré de toute possibilité de pression !

      Que la dictature du prolétariat ou d’une avant-garde éclairéee démange encore certains c’est évident mais c’est une ineptie ! Les bonnes intentions révolutionnaires devenues des cauchemards parce que les fins ont justifié les moyens, le mouvement communiste et plus généralement social, en paye encore auhourd’hui le prix fort !

      Toute autre attitude porte avec elle les germes du coup de force et il est impossible de dire le contraire sans faire dire au mot démocratie le contraire de ce qu’il dit dans son principe de base !

      Non monsieur, la fin aussi excellente soit-elle ne peut jamais jutifier les moyens et si un certain secret est une condition de la liberté, il faut qu’il soit respecté, car au fond pourquoi avoir peur de cela, pourquoi sinon parce que la cause qu’on défend, on voudrait qu’elle triomphe coûte que coûte !

      Mais quelle cause est plus élevée que la démocratie et la liberté ? Et quelle autre base à celles-ci que le pouvoir pour chacun,à égalité avec chacun de décider !

      Gilles.

    • Vous continuez à mélanger des situations qui n’ont rien à voir malgrés les apparences : les modalités de consultation et de construction de rapports de forces dans les luttes sociales, conditions qui au demeurant se déroulent dans l’espace public, au vu et au su de tous, et la démocratie comme forme politique qui, c’est vrai, peut être manipulée par la démagogie, et dégénérer, comme toutes les autres formes politiques, en oligarchie libérale, comme ce me semble actuellement la cas.

      C’est vous qui vous vous gargarisez de grands mots plutôt que de prendre la mesure pratique et réaliste des situations concrètes : qu’appelez vous minorité et majorité ? Et qui en décide ? Pour les étudiants, qui dit que TOUS les étudiants inscrits dans une université sont concernés par les délibérations sur les modalités de luttes ? Notamment ceux qui ne souhaitent en aucun cas y prendre part ?
      Pouvez vous me fournir le texte juridique qui définit les conditions dans lesquelles des consultations doivent être menées dans le cours des luttes,hormis bien sur le projet sarkosiste d’obligation de vote à bulletin secret au bout de huit jours....machine de guerre anti grève qui poussera les luttes dans l’illégalité et ne sera pas applicable

      Les luttes se mènent depuis plusieurs siècles selon des modalités qui peuvent finir, heureusement par influer sur la sphère politique et l’état de droit, en le constituant d’ailleurs et en contribuant en permanence à ce que cet état de droit ne reste pas abstrait et formel mais s’actualise et se traduise dans des décisions juste. Qui décide de ce qui est juste ? Celà évidemment dépend des points de vues, des positions (de classes disait un type un peu oublié), ou de caste, et des rapports de force et de l’assentiment général parfois, mais jamais d’un vote à bulletin secret.

      Et si vous pouvez tenir les points de vues grandiloquents que vous tenez sur la démocratie en général, c’est parce que vous oubliez ou ne voyez pas qu’elle est le résultat précisément de ces luttes pour l’adoption, l’approfondissement ou la défense de ces droits.

      NT