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Dans les universités, la loi Pécresse fait l’unanimité contre elle...

Publie le jeudi 15 novembre 2007 par Open-Publishing
1 commentaire

de Luc Cédelle, Geoffroy Deffrennes (à Lille) et Gilles Kerdreux (à Rennes)

La protestation d’une partie du monde étudiant contre la "loi Pécresse" sur l’autonomie des universités perdure. Lundi 12 novembre, l’étendue du mouvement était relativement stable par rapport au vendredi 9 : 13 universités sur 85 étaient totalement ou partiellement bloquées. Mais la fréquentation des assemblées générales (AG) était en hausse.

Des milliers d’étudiants ont ainsi convergé en fin de matinée vers l’université de Lille-III où se devait tenait à une AG suivie d’un vote à partir de 14 heures. Une file de 200 m de long s’est formée, au milieu des tables et chaises empilées ayant servi au blocage. Malgré la foule agglutinée dans les travées du plus grand amphi, les trois heures de débat sont restées d’un calme étonnant, la grande majorité respectant les orateurs, même ceux opposés à la grève. Le sentiment général pouvait ainsi être résumé : "contre la loi Pécresse, mais contre le blocage de l’université".

Se disant tous "contre cette loi", un petit groupe d’étudiants en anglais, look baba cool, ne se montraient pas ravis. "Je suis en 3e année ; depuis ma première année je galère pour réussir mes études, je n’ai pas envie de tout gâcher en licence", lâchait l’un d’eux.

Même si beaucoup avaient renoncé, découragés par l’attente (un seul bureau et deux isoloirs pour une université de 25 000 étudiants), ils furent près de 3000 à voter à bulletins secrets, alors que la semaine précédente le blocage avait été voté à main levée par 150 voix contre 130. Résultat : 1641 pour, 1031 contre la grève, reconduite au moins une semaine.

A 9 heures, sur le campus de Rennes-II, les étudiants sont arrivés lentement à l’AG. La coordination nationale a beau s’être réunie le week-end au même endroit, la torpeur domine. Les intervenants se font rares pour parler de la loi d’autonomie. Les militants de l’UNEF sont invisibles et même les adhérents de SUD se font discrets. Quand les plus ultras interviennent, les "autonomes", comme tout le monde dit, les caméras sont interdites : ils affirment que le vote à bulletin secret, pour ou contre le blocage, n’est pas démocratique, et refusent toute discussion avec la presse. Peu après midi, l’AG vote en faveur du blocage de l’université "jusqu’à l’abrogation" de la loi Pécresse. Un autre vote, à bulletin secret et encadré par l’administration de l’université, commence finalement à 13 heures. Résultat près de six heures plus tard : 3280 étudiants ont voté sur 17 000 et 62 % se sont exprimés contre le blocage. Les plus engagés réfutent ce vote ou contestent les conditions d’organisation.

En fin de matinée, à Paris-X Nanterre, le grand amphi du bâtiment G est plein à craquer d’environ deux mille personnes. Lors qu’arrive le moment du vote, à main levée, les partisans et les adversaires de la reconduction du blocage semblent à égalité. Le comptage à vue donnera 873 "pour" et 764 "contre". Cependant, nul besoin de comptage sur "l’abrogation de la loi", qui réunit une nette majorité favorable.

Tous les camps se sont exprimés. Des opposants à la grève ont dénoncé le "totalitarisme" ou vanté les mérites de la loi sur l’autonomie. Mais pour une prise de parole contre le mouvement, neuf autres appellent à son amplification. Et lorsqu’il est martelé, à la tribune, que la loi Pécresse aura pour conséquence "d’instaurer la sélection", "d’augmenter les frais d’inscription" ou de "supprimer les filières qui n’intéressent pas le patronat", le message passe sans encombres.

http://www.lemonde.fr/web/article/0...

Messages

  • Ben voilà, suffit de dire les choses comme elles sont et tout le monde peut comprendre. Les syndicats étudiants doivent décortiquer la "loi pécresse" = loi traitresse pour ne plus jamais entendre, ceci :

    Se disant tous "contre cette loi", un petit groupe d’étudiants en anglais, look baba cool, ne se montraient pas ravis. "Je suis en 3e année ; depuis ma première année je galère pour réussir mes études, je n’ai pas envie de tout gâcher en licence", lâchait l’un d’eux.

    Certes, ils ont raison, mais qu’ils imaginent s’ils étaient en 1ère année, et qu’ils pensent à leurs jeunes frères et soeurs, et dans quelle galère ils vont se trouver, eux !

    Faut-il que le monde ouvrier n’ait pour seule perspective que le travail manuel ??? Qui croient encore que les enfants d’ouvriers sont moins intelligents que les enfants des riches ???

    Rien que pour cela, la "loi traitresse" doit disparaître du paysage !!! Et bonnet d’âne à Julliard de l’UNEF qui s’est fait rouler dans la farine cet été. Nous le savions déjà !