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Décès du chanteur François Béranger, héraut des prolos

Publie le mercredi 15 octobre 2003 par Open-Publishing
3 commentaires

PARIS (AP) - Le chanteur contestataire François Béranger a succombé mardi à
un cancer à l’âge de 66 ans à son domicile de Sauve (Gard), a annoncé à
l’Associated Press sa compagne depuis 17 ans Annick Tourneux.
Artiste symbole de l’après-Mai-68, cet homme qui n’avait jamais renié ses
origines prolétaires s’était fait connaître en 1969 avec la chanson "Tranche
de Vie", devenu un hymne contestataire. _ Avaient suivi dans les années 1970
cinq albums, dosage savant d’accordéon musette, de folk américain avec
guitare et harmonica, de country et même de rock.

Avec ses coups de gueule chantés comme "Le monde bouge", "Magouille blues"
ou l’antiraciste "Mamadou m’a dit" (ultime tube datant de 1980) le chanteur
au ton bourru et à la queue de cheval faisait mouche dans les fêtes
politiques de gauche, ouvrant la voie aux chanteurs engagés comme Renaud,
Bernard Lavilliers ou Maxime Le Forestier.

Il avait tenté de faire son retour sur scène à la fin des années 1980, mais
seuls les fidèles étaient au rendez-vous. Ces dernières années il s’était
produit dans de petites salles comme le café LMP et la Limonaire à Paris.

Domicilié depuis plusieurs années près du village de Sauve, il était peu
connu. "C’était quelqu’un de discret qui habitait à l’écart, dans la
sérénité", a indiqué la secrétaire générale de la mairie Annick Valette.

Ses obsèques auront lieu vendredi à 15h30 à la paroisse Saint-François de
Montpellier, à précisé Annick Tourneux. Le chanteur laisse deux enfants de
40 et 41 ans

Messages

  • Je suis triste de la mort de François Béranger, et triste aussi de la grande discrétion des médias. Normal, il ne voulait pas être médiatique. Il y a bien longtemps il chantait quand même :
    "Parfois dans la radio j’entends ma grosse voix
    C’est pas souvent faut dire enfin ça arrive parfois..."
    C’était à l’époque de "Tranche de vie" et un peu après.

    Comment faire savoir à un chanteur non médiatique qu’il vous a accompagnée pendant les moments forts de votre vie ? Comment le lui faire savoir, alors qu’il est mort, comme ça, sans prévenir, et qu’en fait vous l’avez appris presque par hasard.
    En 1997 il était réapparu dans une petite salle comble à Paris. Il avait pris quelques rides et un tout petit peu d’embonpoint, comme nous tous. Quelques jeunes le découvraient avec bonheur. Moment d’intimité et d’émotion. Chanteur tendre et engagé, mais aussi, spectacle d’une grande qualité.

    François Béranger est mort et j’ai l’impression d’avoir perdu quelqu’un de ma famille. Mais comme disent mes filles, qui étaient petites dans les années 70, quand on allait le voir chanter sur des podiums dans les fêtes..., "même si on n’a pas pu lui dire qu’on l’aimait, on continuera à écouter ses chansons".

    Laura

    • Chère Laura que je ne connais pas mais avec qui je partage le sentiment d’une grande perte, je t’invite , pour te réchauffer le coeur, à faire un tour sur ce site : http://www.cecicela.com/article.php3?id_article=182

      Tu verras comme on est nombreux à partager ce sentiment..

      Quelle tristesse , également, de constater le silence des médias en général, ou les conneries sans nom proférées sur lui..

      ECOUTE FRANCE INTER LUNDI PROCHAIN à 17 H 05 !

    • QUELQUES RÉFLEXIONS POUR DIRE QUE FRANÇOIS BÉRANGER VIVRA AU POUR LE MOINS AUTANT QUE MOI…

      Avant que la mémoire n’en efface les traces, il est bon de fixer la manière dont furent relatés par les moyens dits d’information quelques évènements de la fin de l’année 2003. Significatif le matraquage merdiatique pour célébrer la soixantaine d’un rokeur bien-pensant : c’est-à-dire du côté du pouvoir dominant et de sa valeur suprême l’argent. Autour du héros national déjà légiondonoré par le monarque républicain actuel, union sacrée des jeunes et des vieux, des rupins et des purotins, avec la Chiraquie au premier rang, et même Robert Hue (qui a dû confondre Karl et Groucho) parmi les fans. Du jamais vu, de l’inouï. De l’inquiétant aussi.

      À la même époque, grand battage également à propos de la mort d’un bateleur qui pendant des décennies distribua des jeux dans les lucarnes à décerveler. Mais, dans sa nécrologie, ses confrères oublièrent d’en signaler les turpitudes. « L’un des artisans les plus actifs d’une télévision de qualité », osa déclarer monsieur le président “ Quatre-vingts pour-cent ”, sans doute reconnaissant. Avec des animateurs de ce tonneau-là, vaches et veaux ne risquent pas de sortir de l’enclos. Il est vrai que les guyluxeries paraissent bien gentillettes aujourd’hui… (Mais il fallut que les vieux anonymes terrassés par la canicule mourussent par milliers pour qu’on daignât verser quelques larmes de crocodile. Tardivement…)

      En revanche, de Béranger, on s’est contenté au mieux de signaler le décès, en délayant bien souvent la nouvelle de l’AFP, sauf dans “ Là-bas s’y suis ” : 27 et 28 octobre 2003. (Dommage pourtant que, pour de suspectes raisons, Daniel Mermet ait saucissonné l’émission en deux, ce qui m’a dissuadé de l’enregistrer…) Silence encore pour la sortie de son dernier album (posthume), en hommage à Félix Leclerc.

      Chez les marchands de disques, non seulement on l’ignore, mais encore refuse-t-on de prendre commande à l’unité. Pas assez rentable ! Mais pourquoi s’intéresser à un chanteur inconnu, alors que les bacs débordent des dernières productions au succès aussi retentissant qu’éphémère. Soyez de votre temps, mon bon meûhsieur et rajeunissez-vous en achetant les toutes dernières tartes académiques, les vedettes du prêt-à-jeter…

      Faut croire que sa famille et ses copains sont de même souche que lui, pas même capable d’exploiter un deuil, comme d’autres qu’il vaut mieux ne pas nommer…

      *****

      Souvenir. Lors d’un de ses rarissimes passages à la radio (“ Synergie ” de Jean-Luc Hess me semble-t-il.), le temps d’antenne fut presque totalement confisqué par un autre invité (Alain Duhamel). Lequel pourtant ne ratait pas une émission afin de vendre sa dernière soupe, serinant sa pub rebaptisée promotion de station en station. Avec la bénédiction de ses confrères, experts en l’art de renvoyer l’encensoir. Dommage que ce soir-là l’auteur des “ chansons marrantes ” n’ait pas illustré celles-ci en se comportant comme un “ emmerdeur, un malpoli ”…

      Bien fait pour ta grande gueule, François ! Fallait pas cracher dans le caviar du bourgeois, compisser la télé, dénoncer les magouilles et les trahisons, chanter les exclus qui n’ont même pas de quoi se payer tes cédés, t’intéresser à Mamadou qui maintenant s’éclate au bruit et à la fureur du rap. Comme les autres fallait y aller de la chansonnette à endormir le populo afin de mieux le plumer. Te reconvertir à la “ culture Mickey ”, devenir “ marchand de tuyaux ” Le nouvel opium du peuple, c’est plus la religion, encore que celle-ci revienne en force.

      Les amis, tu aurais dû les choisir dans un autre milieu : celui des privilégiés qui détiennent les clés du pouvoir cathodique, avec des tas de picaillons à palper. Si tu avais ciré quelques bottes et pratiqué la génuflexion chez les salonnards, on aurait pardonné tes coups de gueule. Vous savez, l’anar, avec sa grosse voix et ses gros mots, il chante certes l’État de merde, la lutte finale et les lendemains qui fleurissent. Mais c’est uniquement parce que ça rapporte gros de fric à planquer en Suisse ou dans d’autres paradis fiscaux. Et puis, une fois par an, il se fait de la réclame en chantant pour les restos du cœur ou quelque autre œuvre charitable que les vedettes se disputent.

      Dans mon foutoir, sinon quelque part ailleurs (mais surtout pas du côté de Castelnau-le-Lez…), tu es en bonne compagnie : Gaston Couté le très ancien (et dont tu es plus proche que de Bruant auquel les perroquets ignares tiennent à t’associer car tu l’as chanté à tes débuts), Stéphane Golmann, Maurice Fanon qui n’a pas voulu se séparer de Pia Colombo, Jacques Debronckart, Jehan Jonas, Colette Magny, Jean-Marc Brua, Jean-Roger Caussimon etc. Pour n’évoquer que les oubliés, ceux qu’on ne ressort même pas du cimetière tous les dix ans…

      P.S. Avant qu’il ne rejoigne François Béranger, laissant le regret de ne pas l’avoir assez encouragé de son vivant, il serait bon d’aller faire un tour du côté de chez Allain Leprest…

      Taurin M.