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Derniers FRAGMENTS MECREANTS de Daniel Bensaïd...
Publie le vendredi 14 octobre 2005 par Open-Publishing1 commentaire
De Saint-Cloud à Pékin en passant par Moscou, « Cette République cynique et sénile (p. 45) » où « Le voile islamique montre plus qu’il ne cache (p.27) » semble ne plus échapper à la toute puissance financière. Dans Fragments mécréants,... Daniel Bensaïd nous explique pourquoi, au sens des raisons du vécu et de la souffrance de ceux qui subissent cet ordre d’un monde qui s’impose et qui est bien loin de cacher la raison minoritaire qu’il renferme.
Il nous avait laissé sur une réflexion approfondie de ce noyau dur, autour de cette charnière historique que constitue la Pensée de Marx prise avant tout comme une passerelle qui tendait à montrer au monde les barrières que le grand capital n’aurait pas dû franchir dans l’extorsion des bénéfices pris sur le temps de travail des gens qu’il emploi.
Evidemment qu’il rappelle sans cesse qu’il y va d’un intérêt général de continuer d’étudier Marx, « de le lire et de le relire pour en discuter » mais pas dans le sens poussiéreux que lui donne par définition trop souvent « l’esprit de la droite » mais comme un outil d’analyse judicieux adapté et approprié à toutes les époques pour suffisamment expliciter cette « discordance des temps » qui n’en est pas moins une constante également des raisons profondes qui génèrent la pauvreté, le paradigme laborieux sociétal des riches ainsi qu’un univers plus ou moins émergent d’un prolétariat plus ou moins reconnu. Bien au contraire, l’instrument d’approche analytique de la société capitaliste qu’a entreprise la pensée marxiste est d’une actualité déconcertante et ceci est probablement le fait d’une droite qui enjambe justement trop loin cette barrière. Risques incalculés quant à la prolifération des marchés attelés au nucléaire, licenciements abusifs, de doubles en triples précarités ne sont pas les criardes résonances de la pensée de Daniel Bensaïd mais en découlent car elles sont les traces d’une humanité qui ne digère pas, difficilement ou mal le « masque politique » que les pouvoirs se jouent et se partagent entre eux, loin des masses de citoyens dont ils ont la charge...Question de caractère certainement pour que dans Fragments mécréants, Mythes identitaires et République imaginaire il livre d’une écriture condensée autant de pavés dans la mare capitaliste pour défendre cette argumentaire du changement de société. Six chapitres qui sont autant de découpages en paragraphes « slogans » qui, rien qu’à commencer vous laissent imaginer l’ampleur et la profondeur de la suite. LES VASES BRISÉS, 1er paragraphe : les « Nausées. Ça pue. Quelque chose de pourri se décompose dans la République... » Il fallait bien commencer par là, par le dire, « l’illusion politique » qui nous poursuivra si des engagements à gauche ne se font pas ressentir par hypothèse de programmes allant plus loin. Et lui il y va Daniel ! Il nous la rappelle la gauche pour qu’on ne l’oublie pas, la gauche de Maurois qui prît une grève aux usines Citroën de Billancourt pour une conjuration islamiste à cette femme congédiée
Le tracé qu’emprunte Daniel Bensaïd en reprenant tours à tours les grands thèmes qui ont animés les débats ces dix dernières années dans une table, ô combien garnie de chapitres où l’on se précipite, donne et montre également comment cette souveraine gauche s’est finalement sabordée de l’intérieur après qu’elle y fut poussée par l’extérieure. Du cas Finkielkraut à la Question juive - comme s’il était encore nécessaire d’en poser une -, au fil de la lecture là où se prétendaient des rapprochements, Daniel Bensaïd n’hésite pas à traverser les cinglants éloignements qui définissent d’infaillibles positions politiques. Un pied à gauche, un autre sur le libéralisme pour faire des affaires avec la droite, tout soumis à ses règles - dirais-je presque - était le leitmotiv qui cadrait avec de brillantes carrières alors que tout est remis en question aujourd’hui. D’avoir pas trop fait route avec la gauche, celle-ci a causé sa désagrégation et son « implosion ». Involontaire de prétention elle est progressivement devenue calculée et organisée dans la vulgarité des luttes successorales où les bases militantes se font orienter au plus vil de leur mépris pour leurs aînés. La critique est facile et l’application des programmes et des projets encore plus problématique lorsque nos élus sont lancés à la conquête de têtes de listes électorales. Cela devrait encore moins passer par des rivalités de direction où l’on voudrait s’arracher la responsabilité du parti, comme si une minorité se devait de renverser la majorité en dissolution
Petit à petit nous est livré en coup de poing l’éclosion et le renouvellement de cette aventureuse génération soixante-huitarde comme la qualifierait presque honteusement ceux qui n’y étaient pas (eh oui il en reste) atterrissant aujourd’hui sur des convictions qui n’ont pas été appliquées... semblerait-il ! Loin d’être un règlement de compte bien que la lutte entre des idéologies politiques reste vivace, Daniel Bensaïd parle aussi de ces amitiés qui sont restées depuis qu’une Lente impatience si bouleversante expliquait les différents éclatements corrélatifs aux évolutions et aux prises de positions des points de vue militants. L’Algérie et l’Afrique se succédant aux mêmes processus colonial, l’épicentre de la réflexion se situe bien dans cette phrase de Sartre qu’il cite avec magnifiscience toujours à la page 27 qui prend cette France essentiellement pour un pays alors qu’il faudrait prendre garde à ce qu’elle ne devienne pas une névrose !
Messages
1. > Derniers FRAGMENTS MECREANTS de Daniel Bensaïd..., 14 octobre 2005, 08:41
Daniel Bensaïd est une des pensées les + fécondes et les + créatrices de la gauche.
Son regard est très aigu et balaye dans les coins, merci,
Copas