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Des nazis sur Mars (videos)

Publie le dimanche 23 septembre 2007 par Open-Publishing
5 commentaires

Interview de Moni Ovadia. "Des néonazis israéliens ? Un signal de violence profonde". Et Haaretz ouvre un blog. La découverte d’une cellule néonazie en Israël "normalise" cette société mais fait disparaître son exceptionnalité. En montrant le chaos entre l’éthique fondatrice et le pays réel, basé sur l’exclusion et la guerre.

de Tommaso Di Francesco
traduit de l’italien par Karl&Rosa

Généraliser, parler de phénomène diffus serait, c’est peu de le dire, irresponsable. Mais banaliser le serait encore plus. Nous sommes en train de parler de la découverte en Israël, il y a à peine plus d’une semaine, d’une cellule néonazie non pas "dans la cour devant la maison" mais justement à l’intérieur. "Nous avons échoué en tant que société, nous n’avons pas su éduquer", a été le premier commentaire du premier ministre Ehud Olmert lui-même, qui a pourtant essayé de minimiser par la suite. Tandis que le monde passe à autre chose, en homologuant la réalité israélienne et tout le reste, quelques uns en Israël, pas trop nombreux, s’interrogent.

En particulier le quotidien Haaretz a courageusement ouvert un blog qui a donné des réponses importantes. Nous en parlons avec Moni Ovadia, écrivain, acteur, metteur en scène théâtral, qui nous rappelle dans son dernier livre, Travailleurs du monde entier, riez, qu’il est juste à la fin de plaisanter sur tout. Ou sur presque tout.

Comment juges-tu cette nouvelle alarmante qui, hélas, n’est pas un oxymore, des « néonazis » israéliens », presque des nazis sur Mars ?

Ma réaction personnelle est de dire que les phénomènes extrêmes frappent désormais des franges de la jeunesse de partout. Ils sont le signe que désormais Israël est un pays normal dans le monde globalisé : mais la première chose qui disparaît est l’exceptionnalité d’Israël. Qui montre ainsi les vices typiques de sursauts extrêmes et le mécanisme de la violence interne.

Parce que le néonazisme est toujours une expression de malaise violent de notre époque, parce qu’il n’est plus une véritable idéologie politique comme à l’époque d’Adolf Hitler – où l’antisémitisme était aussi dans les programmes de nombre de partis politiques. Si nous en sommes à la normalisation d’Israël qui ressemble ainsi à un pays occidental qui a ses néonazis, disparaît un peu cette exceptionnalité qui plaît tant à ces sionistes acritiques qui disent qu’Israël est beau, bon, démocratique et que les homos sont dans l’armée etc.

Maintenant on découvre que l’un de ces néonazis avait travaillé dans un organisme de la sécurité de l’Etat d’Israël où il faisait du travail et personne ne s’est aperçu de rien. Nous enregistrons tout d’abord ce que dit Olmert : « Nous avons échoué en tant que société ». Il s’en aperçoit maintenant mais cela est arrivé depuis longtemps. Parce que le sionisme a échoué depuis longtemps. Le sionisme est en crise et il a perdu tous ses présupposés depuis plus de 25 ans. De plus, les problèmes aujourd’hui sont autres.

D’ailleurs, Israël lui-même se reconnaît comme un kibboutz, à savoir un collectif de diasporas plutôt qu’une unité sioniste avec cette idée d’un homme nouveau, droit, qui aurait représenté un nouveau type d’humanité. D’ailleurs une prophétie de Ben Gurion s’est avérée – « nous sommes un pays normal comme les autres », quand le premier voleur juif fut arrêté Ben Gurion était rayonnant. Parce qu’un des aspects « mécaniques » du sionisme était celui d’amener Israël à faire devenir les Juifs comme tous les autres. De ce point de vue on a réussi. Mais à quoi ça sert ?

Tandis que l’attention a tout de suite cessé dans le monde, en Israël quelques uns continuent la discussion. Le chef de la police Rosenfeld exprime la nécessité d’une nouvelle loi pour le pays où a son siège le Musée Yad Vashem, non plus contre le négationnisme de l’Holocauste mais, tout court, contre les formations néonazies. Il y a ensuite l’explication de la nouvelle immigration de l’est où le phénomène de quelques jeunes Juifs devenus néonazis était connu. En 2001, même un film, « The believer » du metteur en scène Henry Bean, en a parlé…

Je rappelle tout de suite que l’un des mots d’ordre des jeunes néonazis israéliens est « pouvoir blanc ». Quelques uns avait l’uniforme de l’armée israélienne. Il y a en jeu tout de suite le pays Israël qui a beaucoup emphatisé la mystique de la force. Ils frappaient les faibles, l’alcoolique, le drogué, l’Arabe mais aussi le rabbin des Meah Sharim, des orthodoxes, mais qui sont en marge et différents parce qu’ils sont contre l’Etat. Ils n’ont sûrement pas attaqué un officier des corps spéciaux. Ils sont allés attraper ceux que les nazis haïssent habituellement et – disons la vérité – voir des rabbins avec une mitraillette qui essayent par tous les moyens d’humilier les Arabes dans les Territoires occupés ou des prétendus orthodoxes qui déracinent des oliviers des paysans palestiniens n’est pas une attitude différente. Mais n’oublions pas qu’il y a une partie de l’orthodoxie juive qui est durement contraire à ces pratiques et les juge ennemies de l’éthique juive. De toute façon, tout cela révèle un grand malaise.

Un malaise duquel s’est fait l’interprète le quotidien Haaretz avec l’ouverture d’un blog

Un site très intéressant. Je l’ai visité. Naturellement il y a les coléreux, ceux qui crient « renvoyez-les chez eux, mettez-les en tôle, ceux-là ne sont pas des Juifs ». Mais l’argumentation « ceux-là sont des immigrés, peut-être ne sont-ils même pas des Juifs…ou plutôt ils ne sont pas des Juifs », après qu’Israël a tout fait, en modifiant la loi de retour, pour avoir une immigration qualifiée, est – dirais-je – une attitude terriblement raciste.

Naturellement, sur le site, d’autres minimisent, mais très intéressants sont, comme toujours, ceux qui argumentent et qui disent : « Disons tout d’abord que ces jeunes ont été discriminés à l’école… disons tout d’abord que nous sommes un pays où il y a de la discrimination et qu’ils se sont sentis repoussés, … disons tout d’abord que nous sommes un pays qui est en train d’occuper un autre peuple, … le peuple palestinien qui vit dans une espèce de prison à ciel ouvert dans des conditions infernales et subit des vexations continues en tout genre ». Et avec les stupidement radicaux qui hurlent « vous êtes comme eux et pires qu’eux », il y a ceux qui d’une façon critique, intelligente, se demandent « mais en somme, quel genre de société est la société israélienne ?

Qui a des discriminations, parce qu’il y a des citoyens de première et de seconde zone, les Arabes israéliens aussi sont de facto des citoyens de seconde zone. Et ne parlons pas de ceux qui sont sous le contrôle de l’armée israélienne et qui subissent des discriminations folles ». Je rappelle ensuite que dans le gouvernement Olmert il y a un raciste déclaré.

C’est ça. Celui qui déclare qu’il va éradiquer les néonazis israéliens est le ministre des affaires spéciales Avigdor Lieberman, l’homme politique qui théorise le « transfer », le nettoyage ethnique anti-arabe en les chassant d’Israël…

Pour Avigdor Lieberman il n’y a qu’un mot : il a une mentalité fasciste et raciste. Sans trop d’euphémismes. Il existe, hélas, des Juifs fascistes. Il est regrettable de devoir le dire mais il y en a, et comment. Comme dans l’histoire il y a eu aussi des Juifs gangsters et de grands mafieux. Il est très triste pour moi de le constater, hélas cela arrive quand on veut se « normaliser ». Je trouve en outre vraiment réductrice la première explication que l’opinion publique israélienne s’est donnée « ce sont des immigrés ».

Non seulement quelques uns d’entre eux ne sont même pas des immigrés. Il y a là une double forme de latence raciste, non seulement la traditionnelle vis-à-vis des Palestiniens, mais vis-à-vis de ces immigrés qui seraient « mi-Juifs », « un quart Juifs ». Comme si ils n’étaient pas avant tout – comme nous l’enseigne la Torah – des êtres humains, ben Adam (fils d’Adam), pour faire comprendre que l’être humain précède le Juif. On ne parle pas encore de Juifs quand il y a l’être humain. Le Juif est l’une des modalités de construction de l’être humain avec une dignité égale à d’autres modalités. Sur cette voie, la société israélienne pourrait amorcer une pente dangereuse qui n’est maintenant qu’un phénomène marginal.

Naturellement ces néonazis agressaient aussi les immigrés. Comme Israël est un pays prospère, il a une forte immigration de travailleurs super exploités, des Chinois, des Indiens, des Malgaches etc. Traités comme chez nous, comme des citoyens de seconde zone avec toute sorte de vexations. On pose alors une question : quel pays Israël veut-il devenir ? Veut-il construire quelque chose en lien avec la Torah entendue comme un ethos, une façon de vivre sur terre ? Parce que la recommandation de la Torah – « selon Moni Ovadia » - est de vivre comme un étranger parmi les étrangers. La terre n’appartient pas aux hommes, nous sommes des hôtes.

Mais comme Israël est un pays laïc reconnu par l’ONU, au-delà des infamies négationnistes et liquidatrices du président iranien Ahmadinejad, je répète la question : quel pays Israël veut-il être ? Parce qu’il y a désormais une énorme confusion entre le pays de la fameuse terre promise et un état de plus en plus laïc et de plus en plus consumériste à l’occidentale. C’est-à-dire de plus en plus loin des principes fondateurs – dans ce cas, du modèle de la Torah d’une société de fraternité, d’égalité et de justice. Il est, au contraire, de plus en plus égal aux démocraties formelles de l’Occident basées sur le marché, donc sur les discriminations économiques, sociales, éthiques, civiles et politiques.

La découverte de la cellule néonazie est un signal, une pathologie certes périphérique, mais qui pourrait signaler quelque chose de bien plus grave. Il est bon d’ouvrir les yeux, d’être vigilants. Mais surtout il est bon de réactiver des processus critiques et d’abandonner ces idéologies pour lesquelles ceux qui critiquent la société israélienne, son gouvernement et l’occupation des territoires palestiniens sont des antisémites. En maintenant, en outre, Israël de plus en plus loin des guerres, des siennes et de celles pour des intérêts américains interposés.

http://www.ilmanifesto.it/Quotidian...

Moni Ovadia

Moni Ovadia

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Messages

  • D’abord la fausse découverte que les israeliens se rendent comptent qu’ils sont touchés par le racisme dans leur société

    Cher Amar, Moni Ovadia parle pas de "tout les israeliens"... mais de qui detien le pouvoir politique, idéologique et religieux en Israel... inutile de prêché le faux pour dire le vrai...

    Cet article critique à juste titre une vision qu’a une partie de la société israelienne d’elle même (en gros la droite et l’extrême droite) : mais la société israelienne n’est pas aussi monolitique, et c’est trop simpliste de la réduire à "une opinion publique" comme le fait l’article, au contraire il y a des intello et une partie de la population qui voudrait se libérer justement de certains blocages et d’une vision trop religieuse de leur pays : il faut aussi en parler, c’est une manière de les aider et de les renforcer dans leur combat difficile.

    Tien tien Amar tu "découvre l’eau chaude" ??? Pourqua mettre en doute la sincerite de l’interview de Moni Ovadia... Le gouvernement israelien represent la majorité de "opinion publique" en Israel... ou tu trouve la contradition ??? Le fait tout simple que esiste un artiste comme Moni est la preuve que pas tout le monde a les memme idee de et en Israel et allor ??? Tu pense pas que on est JUSTEMENT entren de ne parle ???

    Autre point : même en relisant plusieurs fois le passage sur le " rabin à la mitraillette" et "les nazis ", on y voit une ambiguïté qui est assez dangereuse. Il faut être clair, oui,on peut dire qu’israel mène une sale guerre, une guerre de colonisation et tout ce qui va de condamanation avec, mais comparer ça à ce qu’on fait les nazi....c’est intelectuelement malhonete.

    Qui est "intelectuelement malhonete" est en particulier ta fason de "trasforme" le propos... declare que Gaza est un "entite ostile" equivale a arete l’alimentation d’eau et d’electricite... Naturalment pour toi doit etre un "azione" umanitaire du gouvernement Israelien... n’est pas ???

    Faire paye a toute une population, enfant, vieux et femmes, la politique "desatreuse" de Hamas est certament "democratique", le prive de nouriture d’eau et electricite est certaiment un action "humanitaire"... Tes "amis" cel que tu veux faire "l’union" a le prochen municipale... Kouchner et Strauss-Kahn doit se "regale"...

    Ceci dit, la découverte de cette cellule néonazi en israël va faire à coup sûr les choux gras de la plupart des journaux pro islamiste de la région, sur le thème "on vous l’avait bien qu’eux aussi sont des nazi...". Il ne faudrait pas suivre cette voie et rappeler que tout amalgame, de près ou de loin est profondément condamnable entre ces deux histoires.

    C’est bien ce que on entren de faire... ou tu veux mettre Moni Ovadia et nous memme dans la "liste" des organization "terroriste" que fon le jeux des islamiste... bien sur pour toi sere mieux que on informion pas pour peur de faire le jeux d’enemie...

    Par contre, il y a danger à ne pas faire de discernement entre ceux qui critique israël sur des bases politiques, et ceux qui sous idéologie islamiste et/ou fasciste trouve dans ce problème un défouloire pour faire passer certaines idées de façon insidieuse : ceux là sont clairement antisémite. Il faut juste faire la part des choses.

    Arette de donne de lesson et de eventuelment "insinue" que l’interview de Moni Ovadia est "ambigue" et donc merite te "tres important" observation et "mise au point"... Sa fait un certain temp que tu propage autour de toit de "bruit" a propos du pretendu "complicite d’antisemitisme" de notre site (Bellaciao) paseque on publie des article contre le gouvernement israelien...

    Faire plane en plus de doute sur la sincerite de Moni Ovadia est simplecement abject...

    Roberto Ferrario

    En Italie, le chanteur et comédien Moni Ovadia, né en Bulgarie et ayant grandi dans la péninsule, a beaucoup de succès. Il popularise essentiellement la culture du Shtetel d’Europe de l’est, qu’il fait passer auprès de ses auditeurs comme étant la vie authentique juive en Italie. Lui-même, appartenant à la culture séfarade comme l’Italie, a appris à connaître à l’âge adulte seulement des survivants juifs originaires d’Europe de l’Est. La formidable résonance auprès du public correspond à un vide réel. Son yiddish est pauvre – comme celui d’une personne de langue maternelle yiddish qui tenterait de parler italien.

    http://www.moniovadia.it/content/

    http://www.imdb.com/name/nm0653744/

  • Mais comme Israël est un pays laïc reconnu par l’ONU, au-delà des infamies négationnistes et liquidatrices du président iranien Ahmadinejad,

    "Pays" reconnu par l’ONU, pas de problème. Bien que pour être situé comme un "pays" encore faut-il au moins définir ses frontières officiellement. En effet les frontières d’Israël n’ont jamais été définies depuis les 50 dernières années ; ou alors il y a un problème : Ces frontières n’étant en aucun cas celles publiées à sa "fondation" et englobant tout un ensemble de territoires "annexés" au nom de la "sécurité de l’Etat.

    Même sa capitale est contestée de l’intérieur, Tel-Aviv étant simplement admis comme un pis aller avant l’annexion totale de Jérusalem.

    Pour ce qui est du "laïc", un état qui se définit lui-même comme "Juif", alors qu’il y a chez ses citoyens d’autres tendances religieuses, ou même de vrais laïques ou athées, ne peut en aucun cas prétendre à ce qualificatif. C’est d’ailleurs lui-même qui empêche cela par sa propre revendication identitaire. L’Etat "juif", tant qu’il restera "juif" uniquement ne pourra jamais prétendre être "laïc" ou même "républicain" sous peine de ne pas être pris au sérieux.

    Il en est de même pour la reconnaissance de ses citoyens au travers d’une identification spécifiée sur les documents d’identité précisant une appartenance ethnique ou religieuse. Ce qui est le cas actuellement. Y a qu’à imaginer en France si sur les cartes d’identité on spécifiait "Juif", ’Chrétien", "Musulman" ou même "Raélien". Je voudrais bien voir la réaction du CRIF ou d’autres sur le sujet.

    La "laïcité" ne peut s’accomoder d’un état plaçant certains de ses citoyens en seconde zone.

    Pour ce qui est des "infamies négationnistes" d’Amahinejad, bien que je sois loin d’être de son bord et que je le considère au moins aussi "intégriste" que ses confrères du Gouvernement israéliens, je dirais simplement qu’il été largement démontré, (Traductions mot-à-mot à l’appui), et depuis longtemps, que la traduction du discours par le New-york-Times avait été généreusement biaisée afin de détourner entièrement le sens de ses paroles.

    En fait, ceux qui sont sur le Net font semblant de croire l’interprétation occidentale sont pour moi totalement suspects de manque d’objectivité, au minimum. Et en plus entachent leur crédibilité en répétant ces âneries.

    Quant aux "nazis" israéliens, je pense qu’en tant que tels ils sont probablement un phénomène marginal, un peu folkloriques, au pouvoir de nuisance limité.

    Les extrémistes fascistes et religieux, du genre de feu le Rabbi Kahane me semblent bien plus dangereux et nuisibles. Et surtout plus en phase avec la tendance générale de gouvernance et de pratique sociale de l’Etat israélien. Ceux-ci n’exhibent pas de croix gammées ni de chemises brunes, mais dans les faits détruisent bien mieux l’image d’Israël dans le Monde, et surtout plus de vies humaines, que tous les "vrais nazis" qui pourraient avoir été importés de l’Est.

    Mais c’est vrai que je ne suis pas "Juif", ou du moins pas à ma connaissance ; et que je n’en ai pas de reconnus dans ma famille.

    Encore que mon beau-père avait comme prénoms "Gabriel" et "Israël" ce qui lui a valu d’être recherché pendant la dernière guerre ; alors peut-être que mon épouse ???

    G.L.

  • Au moins le national socialisme est une véritable politique étatique de gauche.

  • Un peux plus sur Moni Ovadia

    R.F.


    Traité de Rome : Moni Ovadia ou le rêve de l’Europe fraternelle

    Il est né en Bulgarie, mais c’est en Italie que Moni Ovadia a grandi et qu’il s’est fait connaître. D’abord comme chanteur et musicien, puis comme acteur, auteur et écrivain. Moni Ovadia est l’un des intellectuels qu’EuroNews a choisi d’interviewer dans le cadre du 50ème anniversaire du Traité de Rome. Ce juif d’origine bulgare dirige actuellement le Festival européen de Théâtre, Mittelfest. Et c’est sa vision non-conformiste, non institutionnelle de l’Europe, que notre reporter Diego Malcangi, est venu recueillir à Milan en ce mois de mars.

    "Mais est-ce qu’elle existe, cette Europe ? C’est la grande question. Nous allons avoir une Europe quand il y aura un sentiment commun européen. Pour moi, Erasmus est ce que nous avons de plus européen, parce que ce programme organise un processus éducatif. Grâce à ce programme, les jeunes, à un âge où ils ont une grande énergie et beaucoup d’enthousiasme, se rencontrent dans le cadre des études. Et c’est une très bonne chose, car, à cette occasion, des couples et des familles européennes peuvent se créer.

    Diego Malcangi : "Le problème, c’est, peut-être, que le Traité de Rome a crée une Europe qui s’est développée économiquement avec la Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier, puis a évolué davantage comme une union économique. Et du coup, les citoyens n’arrivent pas vraiment à se rapprocher de l’Europe... "

    Moni Ovadia : "La dimension financière, économique et mercantile semble être le pivot autour duquel tourne l’Europe. Naturellement, l’économie est importante, je ne suis pas si naïf ou disons si idéaliste au point de dire "non, il faut faire seulement l’Europe des valeurs". Mais le problème est que désormais l’Europe est en train de configurer aussi un plan idéal des valeurs et des droits. C’est son grand patrimoine. Et puis, il y a la culture. Si nous n’avons pas une culture européenne, nous ne pouvons même pas parler d’Europe. Pourtant, l’intellectuel européen existe déjà".

    Moni Ovadia pointe aussi du doigt les principales reproches faites aux institutions européennes. Des institutions trop éloignées du citoyen, alourdies par la bureaucratie, par des lenteurs et par des questions restées sans réponses. Ses propositions pour rapprocher le citoyen de l’Europe, ou ses rêves, passent par... le football et la télévision.

    Moni Ovadia : "Dans les stades, j’aimerais voir nos jeunes, qui aiment se peindre le visage avec les couleurs du drapeau national, j’aimerais les voir avec les couleurs européennes : les petites étoiles, le bleu... Il est très beau, notre drapeau. Je voudrais qu’au début du match, on entende chanter l’hymne européen, qui est magnifique. C’est l’hymne à la joie de Beethoven. Et je voudrais aussi que sur un grand écran, pendant tout le match, on puisse lire les mots "Alle Menschen werden Brüder", tous les hommes seront frères". Ce serait pas mal que ça devienne un slogan. C’est le plus beau des slogans, difficile d’en concevoir un meilleur. Autre chose : nous sommes sur EuroNews, j’en profite pour faire mes compliments. Nous parlons toujours mal de la télévision, c’est l’occasion pour en dire du bien. EuroNews devrait devenir la télévision de référence en Europe. Je pense qu’il faudrait avoir une télévision européenne. Par exemple, le journal télévisé de la Rai Uno en Italie devrait être européen."

    Diego Malcangi : "C’est beau de venir à Milan pour parler du 50ème anniversaire du Traité de Rome, et au lieu de parler des 50 ans passés, de se retrouver à parler des rêves..."

    Moni Ovadia : "J’ai des identités - puisque nous devrions être une Europe des identités plurielles. Je suis très italien, très milanais, très juif, très slave, très européen, et aussi...citoyen du monde, je ne peux pas ne pas l’être. Alors, le passé... se tourner vers le passé...Comme dit ce proverbe - "si tu ne sais pas où tu vas, retournes toi et regardes d’où tu viens. Et le fait de se tourner sert seulement si on construit le futur. Il me semble que l’image de l’arc vient de Bergson : l’arc est l’institution, la flèche est le futur, la corde est le passé : tu encoches la flèche, puis tu tires en arrière pour donner une direction puissante à ton futur. C’est seulement si tu construis le futur que se tourner vers le passé est sensé."

    Diego Malcangi : "Et vous pensez que la corde du traité de Rome peut se révéler utile pour construire le citoyen européen ?"

    "C’était un début. Et en tant que tel, il faut le respecter profondément. Surtout quand nous savons qu’on sortait d’une guerre dans laquelle les Français, les Allemands, les Anglais s’étaient massacrés.
    Je le dis : la grande blessure que l’Europe s’est faite à elle-même a été la persécution antisémite. Parce que le juif préfigurait l’Européen. Il parlait plusieurs langues, il avait des proches partout en Europe, il se sentait à l’aise dans chaque coin de l’Europe. Il était le citoyen qui préfigurait l’Europe. Le magnifique Judisches Museum de Berlin, qui est un musée étonnant, fait par l’architecte Liebeskind - merveilleux, apparait comme une grande cicatrice dans le coeur de Berlin. Au deuxième étage, nous découvrons que la culture allemande est faite par les Juifs. C’est comme si les nazis avaient arraché des morceaux de chair et de coeur du corps de l’Allemagne".

    Diego Malcangi : "Il serait aussi intéressant de parler de la place des juifs, de la culture juive, aujourd’hui dans l’identité européenne. Mais je pense qu’aujourd’hui on parle surtout des rapports avec le monde islamique. Et on n’en parle, la plupart du temps, qu’en termes de conflit.

    Moni Ovadia : "L’islam est l’un des fondements de la culture européenne. Nous ne pourrions même pas penser à une veritable Europe sans la contribution islamique. Même sur le plan religieux : combien de chrétiens savent que probablement les plus beaux textes qu’on peut lire sur la vierge Marie sont dans le Coran, dans la Sourat Mariam, verset 22. Qui le sait ? Qui sait que dans la tradition islamique du jugement universel, le juge de tous les croyants, musulmans ou non, sera Jésus ?"

    Moni Ovadia est donc un Milanais très italien et très européen, trés ouvert à l’autre, aussi. Et très rêveur, sans doute. Mais c’est le rêve d’un monde plus fraternel qui est à la base de la construction de l’Europe, au lendemain d’une guerre inhumaine. Un rêve qu’ Ovadia chante.

    Moni Ovadia : "Je vais chanter une petite chanson Yiddish fredonnée dans les cercles du parti socialiste de l’Europe de l’est, celle des ouvriers juifs en Pologne et Russie... "Nous serons, nous sommes tous frères"

    http://www.euronews.net/index.php?page=interview&article=411563&lng=2

  • Moni Ovadia est né en Bulgarie mais quand il était encore un enfant il s’est déplacé en Italie. Il commence sa carrière comme chanteur et musicien, et bientôt il devient un artiste complet se consacrant également au théâtre, au cinéma, à la radio et à la littérature. Le musicien, acteur et auteur, Ovadia est aussi un grand connaisseur de la tradition hébraïque.

    La tournée du 2005 est vraiment riche, le musicien se déplacera du Nord au Sud de l’Italie, s’arrêtant dans beaucoup de villes. Le 5ème Janvier Ovadia jouera à Rubiera (RE), du 6ème au 9ème à Salerno, le jour suivant à Malfetta, puis à Latiano et à Putignano, du 18ème au 20ème il sera à Parme, le 26ème à Brughero, le 27ème à Turin et enfin le 29ème et le 30ème à Lovere (BS). Les spectacles en programme sont Es iz Amerike, Trough Roses e La bottiglia vuota e L’Armata a cavallo. Cette dernière pièce est un monologue sur le monde ’khassidic ’. Moni Ovadia trace l’histoire et les caractéristiques du ’khassidim’ à travers des anecdotes, des contes et des chansons tirés du patrimoine culturel du judaïsme oriental.

    Le 7ème et le 8ème Février à Genova et le 7ème Avril à Castelveterano (TR) il sera proposé de nouveau La bottiglia vuota. À Février, March et Avril, Ovadia mettra en scène L’Armata a cavallo en le représentant à Bagnacavallo (RA), Trieste, Milan, Trent, Pordenone, Naples, Rome, Avellino, Ravenne, La Spezia, Caltanisetta e Trecastagni.

    L’Armata a cavallo est un symphonie de musique, des mots, des actions, des imagines à travers lesquelles l’artiste offre une relecture du livre du même titre d’Isaac Babel. Le texte, daté 1926, raconte de l’expérience vécu par l’auteur russe juif qui a combattu à côté des Cosaques de la Première Armée sur le front Russe-polissent pendant la guerre civile, après la Révolution d’Octobre. Le spectacle recrée ce portrait historique par des petits, lyriques, dramatiques vicissitudes, et en même temps il indague la relation entre judaïsme et révolution.

    Douze acteurs de différente nationalité soutiendra le personnage principaux.

    http://www.dionys.org/dionys/fra/No...

    R.F.