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Des pays solides qui tremblent

Publie le mardi 3 mars 2009 par Open-Publishing
9 commentaires

danielle fonck, redc chef tageblatt

Des pays solides qui tremblent

Qui aurait dit, il y a quelques mois encore, que la Suisse, la Suède ou l’Autriche, des pays souvent cités en exemple quant à la fiabilité de leurs finances publiques et privées, seraient ébranlés un jour dans leurs fondements ? C’était comme prédire en janvier 1989 que le mur de Berlin allait tomber quelques mois plus tard.
Quand l’Islande s’est mise à vaciller, en automne dernier, on a cru que la Grande-Bretagne, avec ce deuxième Wall-Street qu’est sa City de Londres, allait également sombrer. Et plus près, les groupes Dexia et Fortis ont soufflé le chaud et le froid chez nous ainsi que du côté de nos amis belges.
Tout cela n’est pas du passé, mais du présent et, hélas, sans doute de l’avenir.
Longtemps on a vanté la Suède et son système des retraites instauré au milieu des années 1990. La particularité en était que les fonds recueillant une partie des cotisations se trouvaient placés d’office en bourse. Du capitalisme financier à l’état pur. Celui-là même qui ces jours-ci est en train de se casser la figure.

Ce n’est qu’un début

C’était censé être du solide en matière d’investissement et de retombées de gains. Et ça a marché un temps. Tous les chantres du désengagement de l’Etat s’enorgueillissaient d’assainir ainsi les systèmes de sécurité sociale.
Aujourd’hui, on se rend compte qu’il n’y a pas plus fragile. Un tiers de la valeur est partie en fumée et nul ne sait de quoi sera faite sa retraite. Ce n’est pas encore la panique, mais ça y ressemble, et les Suédois se réveillent d’un rêve où leur pension ne repose plus sur leurs années de travail, mais sur la santé ou la maladie de l’économie mondiale.
En Suisse, la menace est d’un autre genre, pour le moment, mais pas moins sérieuse. Sous la pression des Etats-Unis en lutte contre l’évasion fiscale, le secret bancaire est remis en cause. Une mauvaise nouvelle pour les banques déjà fragilisées et, dans le cas de l’UBS, par exemple, à deux doigts de mettre la clé sous la porte.
Quant à l’Autriche, champion des investissements de l’autre côté de l’ex-rideau de fer, ses banques ne savent plus à quel saint se vouer. Elles ont prêté plus de deux cents milliards d’euros aux pays voisins d’Europe de l’Est. Or, ces derniers sont de moins en moins solvables au fur et à mesure qu’ils s’engluent dans la récession, et ils ont des difficultés à rembourser leurs dettes. Du coup, l’Autriche est elle aussi en danger.
Et tout cela n’est que la pointe provisoire de l’iceberg, puisque, au-delà du monde de la finance, des fleurons de l’économie réelle, comme Saab en Suède ou Opel en Allemagne, sont soit entièrement soit au bord de la faillite.
On sonne donc partout le grand retour des Etats dans la marche de la chose économique. Que les gouvernements viennent massivement à la rescousse des entreprises et banques branlantes n’est pas mauvais signe.
C’est le début de l’enterrement du capitalisme spéculateur. A condition qu’une fois l’ouragan passé, on ne se remette pas à danser sous la baguette d’un ultra-libéralisme ressuscité.

Posté sous Editoriaux

Ecrit par admin le 2 mars, 2009

Messages

  • Juste deux remarques : on ne pouvait pas prévoir pile novembre 89. Mais la blague à la mode en RDA en 1984 était : "Pourquoi Tchernenko a-t-il été désigné à la tête de l’URSS ? ... Parce que son père n’en a pas voulu". Eh oui ! Tous ceux qui espéraient des évolutions sentaient bien que les gérontocrates brejneviens n’avaient aucun successeur capable de reprendre les choses en main.

    Quand Gorbatchev est arrivé, nous étions quelques uns à dire :"Dans dix ans, ou bien les entreprises soviétiques seront vraiment démocratisées, ou bien ils auront tout refilé pour un rouble symbolique à des mecs comme Bernard Tapie." On passait pour des cons, et c’est vrai que l’erreur était grossière : ça n’a pris que cinq ans !

    Alors, pour le 9.11.89, il aurait fallu avoir une boule de cristal, mais pour "entre 85 et 95", il suffisait de réfléchir.

    Deuxième remarque, sur l’enterrement du capitalisme spéculateur : il faudrait pour cela que les peuples se souviennent sur quelques années de ce qu’on est en train de vivre. Et cultiver cette mémoire sera aussi dur cette fois que toutes les fois précédentes, c’est à dire impossible. Le capitalisme, c’est la loi de la jungle, et partout où on cesse de cultiver, la jungle revient.

    Mais finissons encore une fois en citant François Béranger : "C’est pas interdit de rêver."

  • Longtemps on a vanté la Suède et son système des retraites instauré au milieu des années 1990. La particularité en était que les fonds recueillant une partie des cotisations se trouvaient placés d’office en bourse. Du capitalisme financier à l’état pur. Celui-là même qui ces jours-ci est en train de se casser la figure.

    Ce n’est qu’un début

    C’était censé être du solide en matière d’investissement et de retombées de gains. Et ça a marché un temps. Tous les chantres du désengagement de l’Etat s’enorgueillissaient d’assainir ainsi les systèmes de sécurité sociale. Aujourd’hui, on se rend compte qu’il n’y a pas plus fragile. Un tiers de la valeur est partie en fumée et nul ne sait de quoi sera faite sa retraite. Ce n’est pas encore la panique, mais ça y ressemble, et les Suédois se réveillent d’un rêve où leur pension ne repose plus sur leurs années de travail, mais sur la santé ou la maladie de l’économie mondiale.

    J’attends "avec impatience" la suite, c’est-à-dire de savoir si les retraités suédois recevront leur argent au début du mois.

    • et pour la France ?
      Tageblatt n’en parle pas mais l’omerta Fse explosera en pochette "mauvaise surprise"....

    • Je le crains. A chaque fois que Lagarde ouvre la bouche, elle est aussi sec démentie dans les jours qui suivent. C’est toujours pire que ce qu’elle dit.

      Donc, la grosse claque pour nous reste à venir !

      Et je suis trop écoeurée d’avoir observé depuis plus de deux ans, comment les riches se sont gavés de nos sous, parce qu’ils savaient qu’une grave crise allait s’abattre sur nos têtes, en omettant de nous mettre à l’abri, nous qui les nourrissons à longueur d’année. Et la Parisot qui en demandait toujours plus à Sarko pendant ces deux ans, c’est tout simplement criminel. On verra d’ici quelques semaines et mois, que ce terme veut dire quelque chose. Déjà la Bourse se casse la binette, les actions ne valent plus rien, donc le fric s’en va, alors comment allons-nous faire pour remplir les assiettes de nos enfants, les notres aussi et payer nos factures d’eau, d’électricité, de gaz ?
      On voit ce que veut dire "auto-suffisance alimentaire" et travail pour nous les prolos.

      Au passage, je rapporte des propos de J. Marseille, qui lors de l’émission "c dans l’air" "Riches : les bons et les méchants" du 27/2/09 a dit que les "salariés ne seront jamais riches", "ils pourront vivre et même bien, mais pas plus". "par contre, pour devenir riche, c’est en devenant chef d’entreprise...". Alors, nous les prolos on peut toujours courir, la messe est dite. Le capitalisme est mort depuis longtemps (1929). Aujourd’hui il est même avarié, putréfié, mais rien à faire, tous ces fous nous demande d’en bouffer. Jusqu’où irons-nous ainsi ?

      http://www.france5.fr/c-dans-l-air/index-fr.php?page=resume&id_rubrique=1098

  • Article intéressant, en particulier l’exemple des retraités suédois soumis comme de pauvres diables aux aléas de la bourse (et quels "aléas" !).

    D’ailleurs, à ce sujet, on pourrait faire un florilège, un "tableau d’honneur" de tous les "modernistes" qui prônaient ce genre de système de retraites en France, notamment au P.S.

    • Mmm, c’est que du régal de voir le capitalisme ultralibéral exploser en vol ! Je ne peux m’empêcher de me délecter à la vue de ce "beau" spectacle, que nous avions prédit depuis plusieurs mois déjà avant que la crise ne montre son véritable visage, qui est pire qu’hideux ! Voilà donc la belle chute du capitalisme ! Et il semble que ce n’est pas les sparadraps posés de tous les côtés qui vont enrayer sa chute vertigineuse et ses blessures béantes ! Ce ne sont plus que des banques qui sont en faillite mais également des Etats !!!! Rendez-vous compte de l’énormité, de la mauvaise gestion de l’argent des contribuables-citoyens ! C’est apocalyptique !

    • Arrête de fantasmer ! Qui va payer ? Le contribuable citoyen, bien sûr ! La chute vertigineuse et les plaies béantes, ce seront les siennes. C’est son niveau de vie qui va exploser en vol. Le profit, lui, il va continuer.

    • Qui va payer ? Et qui paie les grands tralala de tous ces nantis qui nous narguent en permanence, dans les magazines Paris-match, etc, à la TV, pavoisent comme des dieux scintillant d’or et de diamants sur eux et dans leurs salles de bain ? Eh bien la classe des travailleurs.

      Maintenant, si on en a marre et archi-marre de payer pour tous ces oisifs qui nous dédaignent, et nous méprisent, qu’à cela ne tienne nous avons des outils pour renverser la vapeur, à commencer par nos syndicats (pas les jaunes) ! Après, une fois notre mue faite, nous pourrons parler autour d’une table, calmement mais fermement, pour changer notre vie et la leur (ils ne travaillent pas assez et s’amusent trop à nos dépens). A l’instar du LKP, prenons le même chemin et allons plus loin encore. C’est un chemin qui se travaille, se modèle selon nos besoins.

      Sinon, si nous laissons tomber, si nous ne croyons pas en nous, classe ouvrière, prolétaire qui regroupe la majorité de la population, en notre force solidaire, payons la merdasse laissée par le capitalisme, et taisons-nous une bonne fois pour toutes. Subissons alors !