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Die Linke entre au parlement de Hambourg
Publie le mercredi 27 février 2008 par Open-Publishing9 commentaires
Die Linke continue à bouleverser la donne politique en Allemagne. Il entre au parlement de la ville-Etat Hambourg puisqu’il vient d’obtenir 6,5 % des voix aux élections régionales du 24 février 2008. « Nous maintiendrons les communistes et la gauche extrême hors du gouvernement de Hambourg", a affirmé M. von Beust, maire CDU sortant, à la télévision . Le SPD reproche, de son côté, à Die Linke son passé et sous-entend même des liens avec la Fraction Armée Rouge ! Quant aux Verts, ils excluent toute alliance avec lui et envisagent même de s’unir à la CDU pour former un nouveau gouvernement !
Cette entrée de Die Linke au parlement de Hambourg alors que l’Allemagne connaît des scandales financiers d’une ampleur considérable, constitue en elle-même une victoire autant politique que morale. Car au moment où l’on exige de la population des sacrifices de plus en plus lourds pour « sauver » la sécurité sociale et on impose aux ouvriers et aux employés la « modération salariale »(1), la bourgeoisie, elle, se permet de se servir abondamment dans les caisses de l’Etat.
Elle se permet également, pour échapper au fisc, de « cacher son magot » (près de 4 milliards d’euros) en Suisse, au Liechtenstein (la banque Liechtenstein Global Trust (LGT) mise en cause est propriété de la famille princière) ou ailleurs. La CDU et le SPD, qui se succèdent au pouvoir depuis la deuxième guerre mondiale en Allemagne, ne sont évidemment pas étrangers à cette situation. Les relations ou plutôt les liaisons entre le pouvoir politique et le pouvoir économique sont souvent incestueuses.
L’ex-président du SPD, Schröder, n’est-il pas aujourd’hui consultant chez Gazprom ? Helmut Kohl, ancien chancelier allemand et président de la CDU n’a-t-il pas été lui aussi au coeur de multiples scandales notamment celui des caisses noires en 1999 ? Ces scandales financiers à répétition ne concernent pas uniquement l’Allemagne. Tous les pays capitalistes sont touchés (2).
Les mesures prises par les gouvernements pour « lutter » contre l’évasion fiscale, la criminalité financière etc. (3) ne sont que des paravents derrière lesquels les puissants accomplissent leurs forfaits. Il y a eu dans le passé des scandales, et il y aura dans l’avenir d’autres scandales. Car les germes qui permettent leur éclosion sont toujours là. Il ne faut donc pas s’attaquer aux conséquences du « mal » mais à ses racines profondes ; car finalement le véritable scandale, c’est le capitalisme lui-même.
(1) « Un rapport du ministère du travail publié à l’été 2007 relevait le décrochage entre les salaires et les bénéfices des entreprises. Entre 2000 et 2006, les revenus des entreprises et du capital ont bondi de 42 %, alors que les salaires n’ont augmenté que de 4,5 %. Il y a, au sein de la société, "un sentiment compréhensible que quelque chose ne va pas quand le revenu des uns augmente fortement, tandis que celui des autres stagne", pointe le président allemand. »
http://www.lemonde.fr/economie/arti...
(2) « Le scandale de fraude fiscale en Allemagne prend une dimension internationale. Outre les centaines d’allemands suspectés d’avoir fraudé le fisc via des fondations au Liechtenstein, les enquêteurs se trouvent en possession de données concernant des étrangers. Le ministère des finances a fait savoir, lundi 25 février, que les informations seraient transmises aux Etats concernés avec lesquels elle a conclu des accords d’entraide judiciaire. »
http://www.lemonde.fr/europe/articl...
(3) Entre autres exemples, le GAFI ( Groupe d’action financière internationale) crée en 1989, la loi de 1996 liée au blanchiment d’argent, la Convention de l’OCDE contre la corruption d’agents publics à l’étranger etc.
Messages
1. Die Linke entre au parlement de Hambourg, 27 février 2008, 22:14, par Fab
A quand une union de la vraie gauche en France comme en Allemagne... ?
2. Die Linke entre au parlement de Hambourg, 27 février 2008, 22:18, par Patrice Bardet
ben tiens : le SPD et les Verts excluent les alliances ! on s’en serait doutés !
Les uns et les autres ont mené des politiques de droite depuis des années, la montée de Die Linke trouble leur pas de deux avec la droite.
Die Linke montre aussi qu’une gauche peut exister sans les politicards faisant la politique du patronat.
Il est temps que le PCF chez nous en tire les conclusions
Patrice Bardet
3. Die Linke entre au parlement de Hambourg, 27 février 2008, 22:59
Attendez les élections au Bundestag en 2009 et la désignation du nouveau chancelier, les négociations entre les différents partis politiques, avant de crier qu’il faut faire "pareil" ! Ca risque de ne pas être de la tarte et l’alliance pourrait bie n n’être que temporaire, le temps de s’asseoir aux lander et au bundesrat....
Attendons de voir ce que va donner ce tout nouveau et tout frais parti. Je suis quasi sûre que ce n’est qu’un PS bis et que les communistes qui s’y trouvent vont soit se faire dévorer sauce réformiste, soit s’en exclure/ en, être exclus.
Pour ma part je ne suis pas pressée et je suis persuadée que la recomposition politique française ne peut avoir qu’une voie originale qui ne sera ni celle de l’Allemagne ni celle de l’Italie. De toute manière , les situations de départ aussi sont différentes.
On ne peut pas faire l’économie des travaux de fond (et non d’appareil et de façade) qui s’imposent à nous.
Comment et avec qui nous unirions nous, alors que nous ne savons plus qui nous sommes ni ce que nous voulons, ni comment nous le voulons ? Ne soyons pas si pressés sur ce sujet même si Yzokras 1er nous e n donne furieusement envie.
Travaillons, groupons nous pour lutter, y compris dans des attelages temporaires et non formalisés, tant que cela ne contrevient pas à nos "principes".
LL
1. Die Linke entre au parlement de Hambourg, 27 février 2008, 23:42, par Patrice Bardet
bien évidemment, il faut être très prudent : Die Linke est une formation hétéroclite, et les communistes n’y sont pas majoritaires
Il n’empêche qu’en Allemagne, c’est la voie la plus à gauche, qu’elle taille des croupières au SPD et aux Verts.
La classe ouvrière se regroupe devant un discours qui romps avec le discours libéral. Dans un pays anti-communiste depuis 70 ans, ce n’est pas rien !
Très prosaïquement, je constate que le PCF continue ses alliances de M.... au premier tour -ce n’est pas faute d’appels de militants de base-. Je constate aussi que le PCF s’est fait bouffer tout cru depuis plus de vingt ans par les socialos, qu’il continue à ....bouffer la gamelle. Le PCF est réduit à la portion congrue - il ne reste bientôt plus rien sur les os, que les tendons-, et à ces municipales, les socialos rongent jusqu’à l’os, sans répit, insatiables. La faute à qui ?
2. Die Linke entre au parlement de Hambourg, 28 février 2008, 00:06
Et si c’était la faute à personne ? Comme les mentalités changent, s’adapter à ce changement serait encore le mieux. Anticiper aurait épargné pas mal de problèmes. Réaffirmer les fondements du communisme, le moderniser... vous savez déjà tout cela. Je ne peux pas répondre à votre place, pour la simple raison que je suis en attente d’un parti de gauche qui réponde à mes aspirations. Je pressents simplement que la politique devra se pratiquer autrement, car la notion d’argent veut dire quelque chose pour la plupart qui en manque tant. Tout un travail est à faire autour du concept de ce moyen d’échange qui perdure depuis des lustres, déclenchant les misères, et autres méfaits, mais qu’il faudrait canaliser pour éviter les tourments financiers actuels.
C’est vrai que plus rien n’est clair aujourd’hui, les repères et la droiture on les cherche, et c’est pas Die Linke en Allemagne ou la coalition italienne socio-démocrate qui a volé en éclats qui sont faits pour nous rassurer. Assurément une autre voie, un autre langage, est à chercher en tenant compte de notre spécificité.
3. Die Linke entre au parlement de Hambourg, 28 février 2008, 00:22
Tout à fait . Il convient de rester très prudent. J’ai déjà écrit que seul le temps et la pratique nous diront s’il s’agit d’un parti qui va se dresser face à la barbarie capitaliste, ou au contraire ne constituerait qu’une "social-démocrate améliorée".J’ai écrit également qu’il ne s’agit pas d’un modèle à calquer. Toutefois Die Linke peut servir de base à une réflexion sur l’état et les perspectives de la gauche en France. Cette réflexion doit tendre vers le lutte contre le capitalisme et son dépassement et ancrée dans la pensée de Marx et d’Engels.
M.B
4. Die Linke entre au parlement de Hambourg, 28 février 2008, 10:40
Evidemment sur ce point je suis d’accord avec vous. Il faut tout analyser de toute manière , sans avoir nécessairement une arrière pensée "productive".
Mais je regrette (d’un point de de vue "personnel" de communiste) que votre article par exemple n’ait pas pris suffisamment en compte l’éviction de la communiste Ex est allemande dans ce tableau.
Votre analyse me semble incomplète car elle prend d’emblée "la gauche" comme spectre ou vecteur - pour moi d’un point de vue purement rationnel ce n’est pas l’hypothèse juste.
Il faut que vous lisiez (si vous ne l’avez déjà fait) le bouquin d’Eribon et celui de Badiou, entre autre, on y trouve de très bons "outils" pour réfléchir la notion de gauche.
Quand on réfléchit à cette notion , faire abstraction de Mitterrand (à la fois artisan et traducteur de cette révolution conservatrice de gauche qui a fait place à mai 68 15 ans plus tard, et dont parle très bien Eribon ) et de ce qu’il a fait, avec le PS, finalement, de mai 68 est une erreur. Mais il y a tant d’autres choses à lire sur la question...
La Louve
5. Die Linke entre au parlement de Hambourg, 28 février 2008, 23:42
Je suis tout à fait d’accord l’article est incomplet. Il n’avait pas pour ambition de traiter un sujet extrêmement complexe, celui de l’union de la gauche, d’une manière exhaustive. Je n’ai fait qu’avancer quelques idées. L’expérience de Die Linke est spécifique à l’Allemagne, mais peut faire réfléchir ici en France. Quand à l’exclusion de la communiste, j’avoue que je n’étais tout simplement pas au courant. Le terme de gauche a été utilisé uniquement pour des raisons de commodité de langage sans arrière pensée aucune. Si vous en aviez un autre je l’accepterait volontiers. Je n’ai pas lu les deux livres que vous avez cités. Je le ferai ultérieurement. En ce moment je suis occupé par la relecture de Marx. Je pense que quelques soient les termes du débat sur cette union, le retour à celui-ci reste incontournable vu l’état de pourriture dans lequel se trouve le capitalisme aujourd’hui.
M.B
4. Die Linke entre au parlement de Hambourg, 28 février 2008, 10:33
La question pour les communistes, ce n’est pas seulement celle de l’anticapitalisme, plateforme commune de base pour des luttes groupées, mais c’est la suivante :
le communisme, pensez vous encore et toujours, comme l’a écrit une camarade sur ce site, que c’est LA voie de l’émancipation de l’homme ?
Si oui il faut rester dans un parti communiste et se battre pour le maintenir (celui ci ou un autre si ça existe)
Si non, et que vous ne savez pas trop quoi faire/proposer à "la place" vous pouvez tenter d’autres expériences ailleurs et réfléchir à cet autre chose" - après tout, nous les communistes nous sommes peut être dans l’erreur mais pour le moment on ne nous a pas démontré le contraire.
Ensuite, le communisme, je suis désolée pour les doux rêveurs qui voudraient transformer un chat en chien :), mais si on parle bien toutes et tous à peu près de la même chose, y’en a pas 15.000 mais UN .
Les temps qui changent, les nouveaux visages du capitalisme etc , n’ont pas pu modifier l’HYPOTHESE communiste. Peut être que bcp de grands penseurs socialo-communistes (même Marx et Lénine dans leurs écrits sur les révolutions socialistes puis la manière dont l’abolition de l’Etat arrive etc) se sont gourrés dans les pistes qu’ils ont tracées pour y arriver, peut être pas, tout ça est à creuser en regardant vers l’avenir.
Par contre, et là je suis tout à fait d’accord, il peut y avoir diverses manières d’y arriver (ce qui peut donc impliquer divers partis socialistes / communistes), il y a des ajustements nécessaires à apporter compte tenu des changements historiques, politiques, économiques...Tout ça ok.
La meilleure preuve c’est qu’à mon avis c’est cette unicité et identité d’HYPOTHESE, de "visée" pour prendre un terme congressuel (mais je n’aime pas ce terme), qui malgré tout maintient encore tout les mb du PC ensemble et d’autre part, font que la plupart des anciens du PC gardent un oeil sur le parti et en tout cas croient fermement qu’il faut/faudrait un parti communiste !
Travaillons sur ça, sur tout ça. On verra ensuite pour le reste
La Louve