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Dormir ou manger des cailloux

Publie le vendredi 5 janvier 2007 par Open-Publishing

Note Hacktivismes

Depuis plus d’un mois, un squatt s’est ouvert rue des Pontets à Bordeaux pour loger trois SDF.
In Cité menaçant de murer l’endroit, Hacktivismes et d’autres associations occupent les lieux.

Un article de Sud Ouest, pour la cause.

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RUE DES PONTETS. —
Des militants occupent un immeuble pour soutenir un ancien locataire de l’Hôtel de famille
de Francis Schwarz

« Je n’ai pas le choix avec 900 euros de pré-retraite, explique Christian Jovin, 59 ans, ancien ouvrier de la Saft, c’est dormir ou manger des cailloux. » Installé depuis vingt-cinq ans à l’Hôtel de famille, à un tarif très faible, il a été contraint comme les autres locataires de quitter les lieux le 31 décembre (« Sud Ouest du 2 janvier).

Ses amis, dont d’anciens salariés de l’hôtel lui ont trouvé un nid au 19 rue des Pontets dans un vieil immeuble préempté par In-Cité et déjà squatté par Monique, une femme seule de 73 ans, désargentée et malade.

Christian a été rapidement contraint de quitter les lieux, alors que Monique se trouvait pour sa part à l’hôpital pour une défaillance passagère.

Le personnel d’In-Cité a exigé son départ invoquant la « nécessité de fermer l’immeuble » avec une porte blindée.

Il a dû rejoindre une chambre d’hôtel offerte pour une dizaine de jours par une de ses connaissances. Mais dit-il « cela ne peut pas durer, je ne sais pas où aller, je n’ai pas les moyens de me payer un logement décent ! ».

« C’est insupportable ».

Pour le soutenir plusieurs personnes se sont mobilisées hier en occupant l’immeuble en question, dont l’entrée n’avait pas encore été bloquée.

Elvire Taconet, ancienne femme de ménage de l’Hôtel des familles, fait partie de ceux qui disent « défendre les intérêts » voire « la dignité » de Monique et Christian : « La fermeture de l’hôtel vient de changer la vie de plusieurs personnes et notamment de Christian. Il n’a pas beaucoup de ressources et pas beaucoup de défense », dit-elle avec émotion. « C’est insupportable d’apprendre que les gens d’In-Cité lui ont demandé de "dégager". »

Selon Myriam Eckert, présidente de l’association Hacktivismes : « Si on n’agit pas aujourd’hui nous sommes dans la non assistance à personne à danger ».

« On ne veut pas retrouver ces gens à la rue », poursuit Maud, plasticienne. « La misère s’étend », dit Lucien Mons, militant d’AC ! Gironde Bordeaux-CUB.

« Aujourd’hui les collectivités comme la plupart des associations aménagent la misère au lieu de la combattre ». Evelyne Cassan, éducatrice depuis 1973, ancienne d’Emmas, partage ce point de vue et ajoute « les services humanitaires actuels sont complètement dépassés et le plus souvent absents de ce combat. On manque cruellement de coordination dans nos structures de lutte contre la misère ».

Tous se sont donné rendez-vous ce soir à 21 heures dans une salle de l’Utopia afin d’évoquer, entre autres, le cas de Christian et Monique avec les sympathisants bordelais des Enfants de Don Quichotte.

Pour sa part, In-Cité, société d’économie mixte chargée de la réhabilitation d’une partie du centre-ville, ne s’est livré à aucun commentaire.

Le 4 janvier 2007

Hacktivismes

-http://hacktivismes.org