Accueil > Du danger de certaines confusions
En réponse à l’article « Les Kaczynski lancés dans la chasse aux sorcières » de L’Humanité du Vendredi 2 Mars 2007 dans la rubrique « Europe » :
Voilà qu’en Pologne – et peut-être ailleurs bientôt – le Maccarthysme a de nouveau droit de séjour comme en pleine guerre froide. Seulement ce qu’on désigne comme l’ennemi, à savoir le communisme, n’a plus d’existence objective en tant que bloc.
Les fiers libéraux, impatients d’assumer leur Histoire et de se débarrasser de l’Empire du Mal définitivement, ne cessent de décrire le marxisme comme une doctrine fasciste, totalitaire dont l’icône, véritable bannière Stalinienne, serait Kim Jong Il, le grand timonier de la Corée du Nord. L’association – l’assimilation, pourrait-on presque dire – s’opère donc en un rien de temps : être communiste, c’est être extrémiste, anti-démocrate, partisan des polices politiques et des interventions militaires.
Ce cliché qui mine la Pologne et qui contribue à la chute incessante de la popularité de l’idéologie communiste – la vraie, cette fois – dans le monde, doit disparaître. Il faut commencer par écrire. Ecrire que les régimes politiques dans la lignée de l’URSS de la seconde moitié du XXe siècle, ne sont pas, n’ont jamais été et ne seront jamais des régimes communistes.
Surtout, il est nécessaire d’aller derrière les mots, de poser explicitement la polysémie de la dictature du prolétariat, de la révolution permanente. Quand Lech et Jaroslaw Kaczynski se prêtent à « lustrer » l’Histoire polonaise, à faire table rase du passé, pourquoi, dans un souci de vérité, ne s’appliquent-ils pas à gommer systématiquement les ambiguïtés innombrables qui couvrent la Polska Rzeczpospolita Ludowa et la dictature de Jaruzelski ? Ils ne sont pas les seuls, bien évidemment, cette remarque s’applique à tous les gouvernements pseudo-communistes existants ou ayant existé. Le devoir de mémoire est aussi un devoir de clarification.
Une lourde peine a été infligée à tort à l’idéologie communiste par la faute de ses applications déviantes et il conviendrait aujourd’hui de rendre à Karl Marx ce qui lui appartient. On a claquemuré depuis trop longtemps l’anti-libéralisme dans une cellule qu’elle ne reconnaît pas, dont elle a honte, mais il arrivera nécessairement le jour de la libération.
Souvenons-nous de la fin magistrale de L’Aveu de Costa-Gavras : « Lénine, réveille-toi, ils sont devenus fous ! ».
Maldoror