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Du droit de vote des étrangers

Publie le samedi 23 décembre 2006 par Open-Publishing
9 commentaires

de Jean-Michel Hureau

La question du droit de vote des étrangers ne peut manquer d’être un des thèmes de la campagne électorale puisque Marie-George Buffet a annoncé en être partisane. Il ne fait pas de doute non plus que d’autres candidats y seront farouchement opposés.

Un argument qui pourrait servir à ce droit donné aux étrangers est l’exemple de l’Amérique latine. Je ne peux pas affirmer à 100 % que ce soit le cas de tous les pays, mais je suis sûr que c’est le cas pour le Chili, le Pérou, l’Equateur, le Venezuela et la République Dominicaine. Peut-être que Danielle Bleitrach, qui connaît bien l’Amérique latine, pourra y apporter un complément.

Dans ces pays, tout étranger qui possède la résidence définitive depuis un certain nombre d’années, en général cinq ans, peut voter à toutes les élections, y compris la présidentielle. Cette disposition existe d’ailleurs depuis fort longtemps et a même été en vigueur, au Chili, sous Pinochet, en 1988 lors du plébiscite sur son maintien au pouvoir. Il s’agit donc d’une disposition traditionnelle indépendante du régime en place. L’idée est que tout citoyen, indépendamment de son lieu de naissance a le droit de s’exprimer sur ce qu’il croit être bon pour l’avenir de son pays de résidence.

A l’inverse, les nationaux résidant à l’extérieur n’ont généralement pas le droit de vote, c’est le cas au Chili.

Dans le système électoral français, c’est l’inverse. Les français de l’étranger ont le droit de vote. Ce qui me vaut de voir aux élections à Santiago, des chiliens possédant le passeport français parce que le grand-père, voire l’arrière grand-père l’était, qui sont incapables de faire une phrase en français, qui n’ont même jamais mis les pieds en France et qui sont très fiers de voter sans même avoir la moindre connaissance de la réalité française. Ceci n’étant pas vrai pour tous les votants, bien entendu, mais ça existe.

Ceci ne veut pas dire que je sois contre le droit de vote des nationaux de l’extérieur, bien au contraire, mais le droit de vote des étrangers résidents me paraît bien plus légitime.

Pour le cas où les candidats à cette élection qui défendent le droit de vote des étrangers ne le sauraient pas, c’est un argument qui pourrait les aider lors d’un débat.

Peut-être, effectivement, que l’Europe a à apprendre de l’Amérique latine.

Messages

  • Qu’en est ilpour les pays où se pose le droit de minorité autochtone ?
    Par exemple, nouvelle calédonie ; pays basque ,etc

    Rien n’est jamais aussi simple que ce qu’ennonce un principe et la démocratie n’est pas le vote mais le débat et le controle de l’exécutif

  • Je suis assez d’accord, mais le problème essentiel est qu’à mon avis les étrangers, comme d’ailleurs un certain nombre de français "de souche" très démunis, sont dépossédés d’autres droits au moins aussi important que celui de voter.

    Par exemple le droit d’avoir un travail, celui d’avoir un logement.

    Peut-être que dans les pays d’Amérique du Sud, la situation est un peu différente, l’immigration n’étant pas de la même nature qu’en France. Je suppose (mais que ceux qui savent interviennent) qu’il doit s’agir des pays frontaliers et de ressortissants Européens, qui sont certainement moins soumis à la xénophobie que les immigrés d’Afrique en France.

    Mais sinon l’idée d’un comparatif de la situation des immigrés est une très bonne idée, cela nous sortirait des éternels discours franco-Français, peut-être qu’il y a là une arme mortelle contre Le Pen et Sarkosy.

    Mais c’est un travail long, qui ne risque pas d’être fait par les politiciens qui ne pensent en qu’à aller dans le sens de l’opinion général, en l’occurrence que l’immigration est une source de danger et d’appauvrissement.

    Je vais essayer de voir si je peux trouver des choses, sinon si quelqu’un peut publier un article qui décrit concrêtement la situation des immigrés dans un autre pays sous un jour radicalement différent de ce qu’on voit en France, je suis sûr que le débat sera fructueux.

    jyd.

    • Jyd,

      Dans ton commentaire, comme dans le précédent, il ne faut pas mélanger tous les problèmes sous peine de ne plus s’en sortir. La seule question que je pose est : est-ce que quelqu’un qui vit depuis suffisamment longtemps dans un pays et est supposé en connaître le fonctionnement peut s’exprimer sur son devenir. Ma réponse est OUI.

      Pour les autres questions, je me tiens à ton entière disposition, sachant que les réponses peuvent découler, au moins en partie, de la réponse à la première question.

      Amicalement

      JMH

    • Cher jyd,

      Si tu trouves quelque chose en langue étrangère, évite la traduction avec SYSTRAN parce que chez moi quand je parle (par ta faute) Systranais je passe pour un jobard  ;-)

      Non sérieusement, le texte de jean Michel est édifiant et il serait bon de s’y référer pour l’aménager dans notre pays.

      Thank’s Jeanmi, Por el fin del año, vaya pesadilla para mi cerebro ! q ;D

      Esteban

    • Merci Esteban.

      Pour ce qui est de la traduction. C’est un exercice très difficile car la structure des phrases varie d’une langue à une autre. Un traducteur automatique va obligatoirement faire du littéral et ne pourra pas construire la phrase comme on le dirait dans l’autre langue. Il y a aussi des expressions intraduisibles ou dont la traduction n’a rien à voir avec l’expression dans l’autre langue. Un traducteur automatique ne peut pas savoir quel mot choisir quand il y a des synonymes.

      Anecdote : une fois, mon épouse, traductrice professionnelle, traduit un texte scientifique et me demande de le réviser (je suis prof de physique). Dans le même texte, apparaissait le mot "foco" qui veut dire à la fois "lampe" ou "source lumineuse" et "foyer" (d’une lentille). Sa traduction était incompréhensible car elle ne savait pas que ça voulait dire aussi "foyer". Alors, imagine ce que va faire un traducteur automatique !

      Bon, jyd, SYSTRAN, poubelle !

      ¡Feliz Navidad a todos !

      JMH

    • J’ai arrêté le SYSTRAN.

      J’ai déjà promis que je le ferai plus, sauf pour déconner et encore ...

      Au sujet de ma première réponse ;

      Si l’accession au droit de vote impliquait systématiquement une amélioration de la situation des gens, alors comment expliquer 30 % d’abstentionnistes ?

      Je ne voulais pas dire que le droit de vote pour les étrangers n’était pas souhaitable, mais que le problème était peut-être l’impossibilité pour certaines personnes d’être représentées.

      Par exemple, un SDF ne peut pas justifier d’un domicile, donc il ne peut pas voter.
      Mais même s’il le pouvait, quel serait le candidat qui le représenterait, puisqu’il n’a pas d’existence légale (je dis bien légal, selon la loi qui existe encore qui sanctionne le délit de vagabondage).

      Alors à quoi bon voter si on est privé des autres droits, ou qu’on est certain que cela ne changera rien ?
      Cette question est peut-être idiote et illogique, mais il faut donner une réponse convaincante aux 30% d’abstentionistes actuels, car le coup du "votez pour moi et on verra après", on leur a déjà fait...

      jyd.

    • Bien sûr, tu as raison que tout ne s’arrête pas à un bulletin de vote. Les droits au travail, au logement, etc, ne peuvent être que des conséquences du vote, à condition qu’il soit bien placé et que le candidat qui l’incarne soit suffisamment convaincant. Pour les SDF, il faudrait commencer par faire en sorte qu’ils puissent s’inscrire en leur donnant une adresse, même fictive. Ça ne résoudrait pas le problème de fond pour eux dans l’immédiat, mais ça ouvrirait une porte. Il faudrait alors, évidemment, être certain de pouvoir renvoyer l’ascenceur en leur assurant un logement social.

      Pour ce qui est des étrangers, je peux te donner mon témoignage. J’ai vécu au Maroc (2 ans), en Algérie (6 ans), au Venezuela (5 ans), en République Dominicaine (6 ans) et maintenant au Chili (5 ans et demi). J’ai toujours été considéré comme un citoyen quelconque, jamais persécuté par les flics, jamais regardé de travers par les gens dans la rue, jamais victime d’agressions racistes verbales ou physiques, soumis aux devoirs et bénéficiant des droits des nationaux. Je crois que beaucoup d’étrangers en France aimeraient bien pouvoir dire la même chose.

      Amicalement

      JMH

  • si les "étrangers" pouvaient voter cela en feraient des "électeurs" c’est une lapalissade mais une contre lepéniste de tous poils !
    Certes ce n’est pas le seul moyen pour arréter la flambée des extrèmes-droite, mais il existe, çà coute pas cher et c’est promis depuis si longtemps !!

    continuer à les "mettre de côté" c’est favoriser les discours démagogiques, c’est aussi leur interdire d’exercer des droits "primaires" de l’Homme.

    Arlequin