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Du journalisme.... à la réecriture de l’Histoire

Publie le dimanche 5 septembre 2010 par Open-Publishing
7 commentaires

Fédération CGT des Cheminots à,

Monsieur Jean Christophe CHANUT

Journaliste " La Tribune ",26 rue Oradour sur Glane, CS 91522 -

75725 PARIS CEDEX 15

Monsieur,

Dans l’édition du journal "La Tribune" datée du 18 août,vous avez commis un écrit intitulé " séance de rattrapage - LA BATAILLE DU RAIL ". Celui-ci a retenu notre attention et suscité de notre part les commentaires suivants.

Sans vous prêter cette intention,force est de constater que ces dernières années,nombre de personnes s’évertuent à réécrire l’histoire en tentant de discréditer,d’affadir,de caricaturer,voire de nier toutes formes de résistance,qui ont remis et remettent en cause l’ordre établi.

Au plan socio-économique,celles et ceux qui ont l’outrecuidanse de s’opposer à la pensée unique,en refusant,par exemple,les privatisations,en défendant les acquis sociaux,en portant des propositions alternatives aux politiques imposées,sont systématiquement accusés de ringardise,de conservatisme voire d’irresponsabilité.

Par contre ceux qui courbent l’échine en acceptant sans renâcler la casse des droits,qui négocient les reculs sociaux,sont adoubés et présentés comme des modernistes,des pragmatiques,des gens sérieux.

Il y a quelques jours,un éditorialiste d’un quotidien national,regrettait dans un pamphlet anti CGT,que celle-ci ne prenne pas de vacances en vitupérant la CGT de Dunkerque qui a eu,oh sacrilège,la cynique audace d’obtenir,après un an de fermeture,le redémarrage de la rafinerie TOTAL !!

C’est bien connu les forces libérales et leurs relais médiatiques ne supportent pas la contestation sociale,les empêcheurs de licencier en rond et exècrent par-dessus tout les résistances aux sacro saintes politiques de maximalisation des profits.

Cela dit,nous ne sommes pas surpris qu’à la faveur de la sortie du film de René CLEMENT," la bataille du rail",en version remastérisée et restaurée,des voix s’élèvent pour crier à l’imposture et tenter de remettre en cause la réalité de la Résistance lors de la deuxième guerre mondiale,et là singulièrement celle des cheminots.

Cette démarche est encouragée aujourd’hui par les politiques auxquelles on est confronté,faites de stigmatisation,d’opposition,de division,de haine,de peur.

Les libertés sont sérieusement écornées,le droit de grève attaqué,les acquis sociaux laminés,les services publics saccagés ! On esr loin des idéaux de la Résistance et du contenu du programme du Conseil National de la Résistance.

Dans votre papier,vous empruntez une fumeuse démonstration mathématique de Raphaël DELPARD,auteur d’un documentaire douteux baptisé "les convois de la honte"selon lequel il n’y a eu que "10% de résistants au sein de la SNCF soit 41000 cheminots sur un total de 410000".

Que ça plaise ou non,les cheminots ont résisté,jouant un rôle déterminant dans la lutte contre l’occupant nazi,et ils ont pour ce faire,payé un lourd tribu à la paix,à l’indépendance et à la liberté.

Je dois vous rappeler,Monsieur CHANUT,que 8938 cheminots y laissèrent leur vie.15977 ont été blessés pour faits de résistance,6500 furent internés ou déportés dont 1157 sont morts dans les camps d’extermination.

Qu’il y ait eu au sein de la SNCF des collaborateurs zélés et des agents obéissants vis-à-vis du gouvernement de Vichy et des occupants allemands qui doublaient la hiérarchie dans les emprises ferroviaires,c’est l’évidence même.Des représentants de la SNCF ont notamment participé à l’élaboration des conditions techniques(horaires,matériels)des transports de déportation.

Nous sommes bien placés pour le savoir,notre Fédération ayant connu,dès 1939,la répression,l’arrestation de nos dirigeants engagés contre le fascisme et contre la guerre,puis la dissolution des syndicats,l’emprisonnement,la déportation,les assassinats de nombreux militants.

Que la corporation,dans sa plus large composition,se soit particulièrement distinguée par des actes de résistance,de désobéissance,de désorganisation et de sabotages des transports malgré un attachement légendaire à leur outil de travail est une autre évidence.

Unis par leur statut depuis 1938,les cheminots sont porteurs d’un esprit de solidarité et de lutte,valeurs qui,dès l’occupation,structurent de manière prepondérante une conscience de résistance reconnue historiquement et politiquement.En témoignent les travaux d’historiens d’horizons divers et le fait que la SNCF fut la seule entreprise à se voir déscerner la Légion d’Honneur" et la "Croix de Guerre avec Palmes" pour son attitude pendant la deuxième guerre mondiale et dans la libération du pays.

Le déclenchement de la grève insurrectionnelle des cheminots du 10 Août 1944 donnait le signal du soulèvement du peuple parisien qui fut décisif dans la libération de Paris.Cette grève insurrectionnelle est la seule grève qui est officellement et annuellement commémorée avec les honneurs militaires,par une cérémonie à l’Arc de Triomphe.

Voilà exposé les réflexions que nous inspire votre écrit qui succède à d’autres de tonalité similaire.

Soyez assuré que nous continuerons avec lucidité et détermination à honorer et à défendre la mémoire des cheminots résistants,de tous les résistants et à porter haut les valeurs du Conseil National de la Résistance

En restant à votre écoute pour tout échange que vous jugerez utile de solliciter,dans l’attente je vous prie d’agréer,Monsieur, l’expression de mes sentiments respectueux.

Didier LERESTE

Secrétaire Général

Via LE REBOURSIER

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