Accueil > "Embaucher sans risque ? C’est possible depuis le 4 août !"
"Embaucher sans risque ? C’est possible depuis le 4 août !"
Publie le vendredi 2 septembre 2005 par Open-Publishingde Antoine Reverchon
En ouvrant, mardi 30 août, leur boîte aux lettres électronique, plus d’une centaine de milliers de dirigeants de petites entreprises ont pu lire un message commercial dont voici quelques extraits : "Madame, Monsieur, profitez du nouveau dispositif "contrat nouvelles embauches" (CNE). Embaucher sans risque ? C’est possible depuis le 4 août ! Profitez-en ! Des procédures d’embauche et de rupture simplifiées et sans contrainte ! La rupture du contrat par simple lettre recommandée ; Une période de préavis limitée à 2 semaines au cours des 6 premiers mois ; Une indemnité de rupture de contrat bien plus légère pour l’employeur. Votre recrutement à partir de 4 000 euros seulement !"
Une offre si alléchante ne vient ni de Matignon ni du ministère du travail, concepteurs et promoteurs de ce contrat de travail "allégé", clé des mesures gouvernementales en faveur de l’emploi annoncées cet été, mais de la société Companeo, spécialisée dans la mise en relations de petites entreprises avec des fournisseurs d’équipements et de services, des meubles de bureau à la paie des salariés.
Le fournisseur de cette "offre packagée", selon les termes de l’annonce, n’est autre que le cabinet Michael Page International, numéro un en France sur le marché du recrutement des cadres, dont l’objectif est justement d’étendre ses activités aux PME, selon son directeur commercial, Paul Mercier. Avant de se lancer, Michael Page a effectué une étude de marché auprès de son vivier de candidats à la recherche d’un emploi : "A notre grande surprise, nous avons constaté que près de 80 % se déclaraient ouverts à l’idée d’accepter un CNE, même après avoir été informés de la précarité qui y est attachée. Les plus réticents étaient les cadres, surtout au sein de la fonction ressources humaines, peut-être plus au fait des aspects juridiques du contrat."
M. Mercier affirme ne pas avoir le sentiment de promouvoir "une proposition de capitaliste esclavagiste". "Notre rôle est d’éclairer les candidats et les employeurs sur les avantages et les risques de la formule. S’il y a un effet d’aubaine pour l’employeur, il peut aussi l’encourager à proposer un emploi malgré l’incertitude sur son activité. Et pour les chômeurs, le risque de la précarité peut être compensé par la prime de 8 % non imposable attachée au CNE, et par la possibilité, pour ceux qui ne sont plus indemnisés, de reconstituer leurs droits."
M. Mercier "espère" que le ton adopté pour vanter les mérites du CNE "ne donne pas une image trop mercantile" du "package" proposé. "On ne peut pas s’adresser aux patrons de PME dans un style trop ampoulé", ajoute-t-il.
http://www.companeo.com/news/NES095PAGE.php
Le Monde 1er septembre 2005