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« Mes plus plates excuses vont aux Palestiniens si mes commentaires ont détourné l’attention du massacre, ce serait mon seul regret »
Ces propos ne sont pas ceux d’un chef d’état européen, ni ceux d’Ehud Olmert. Ils émanent d’Aengus O’Snodaigh un député irlandais du Sinn Fein. Ce dernier aurait proféré, selon une officine parisienne de lutte contre l’antisémitisme, des propos à caractère antisémite. Mais, comme dans de pareils circonstances il n’y a guerre de place pour le concept de présomption d’innocence, le procès d’intention finit pas l’emporter sur les faits. Que s’est-il passé au juste ?
Mercredi dernier, au parlement irlandais, un député a pris la parole en présence de l’ambassadeur d’Israël, pour défendre bec et ongle l’agression
de son pays contre Gaza et ce, en reprenant à son compte l’argumentaire officiel de l’état hébreux, qui rejette la responsabilité du conflit sur le Hamas.
« Goebbels aurait été fier de cette logique tordue et de ces demi-vérités »
déclara alors le député du Sinn Fein Aengus O’Snodaigh.
Sommé alors de s’expliquer, il finit, contre toute attente, par présenter les seules excuses qui s’imposent :
« Mes plus plates excuses vont aux Palestiniens si mes commentaires ont
détourné l’attention du massacre, ce serait mon seul regret »
L’événement est suffisamment important pour être souligné, surtout que nous venons d’assister hier à la cérémonie d’investiture du président Obama, un président qui a bâtit toute sa compagne sur le changement, sur l’espoir et sur la nécessité impérieuse du retour à la morale en politique.
Qu’il existe en Europe, des hommes chez qui la morale et la politique ne sont pas en conflit - contrairement à une majorité de leaders chez qui la morale n’a pas de place dans la politique - on ne peut que s’en réjouir. Mais l’idéologie de l’espoir ne devra pas nous cacher l’essentiel, la promesse de changement ne devra pas occulter les faits. Et là, précisément, il ne faut pas avoir peur des mots, surtout s’ils sont du coté de la réalité factuelle et s’ils expriment bien ce que vient de subir le peuple palestinien à Gaza. Le député irlandais avait donc tout à fait raison de faire le lien entre la sinistre propagande goebbelsienne et celle de l’état hébreux et nous devons le féliciter pour son courage politique et pour avoir refusé de renoncer à son intégrité morale, pour se soumette à la terreur des inquisiteurs du temple de la pensée unique.
En Israël- Palestine, il est particulièrement cocasse de relever que les héritiers des victimes du nazisme se comportent aujourd’hui comme des nazis avec les Palestiniens. Plus qu’un régime raciste, plus qu’une politique d’apartheid, Israël se soucie beaucoup de la démographie palestinienne. Aussi, tout laisse penser que ses réactions disproportionnées sont dictées par cette même hantise. Dans cette optique, on peut dire sans exagération, que les camps de concentration de Gaza auront servi de terrain privilégié pour mener à bien ce qui s’apparente à une œuvre de purification ethnique contre le peuple palestinien. En tout cas à un champ d’expérimentation d’un nouveau type d’armes.
Aujourd’hui, Israël pâtit d’une image peu reluisante et c’est le moins que l’on puisse dire, compte tenu du récent génocide de Gaza. Mais plutôt que céder à la stigmatisation quasi- unanime de l’état hébreux, je pense, peut- être un peu naïvement, que toute évolution de la situation dans ce conflit dépendra de la maturité des citoyens d’Israël, les seuls en mesure de corriger le paradoxe insoutenable d’un pays qui se prétend être une démocratie, mais qui n’hésite pas à piétiner les droits légitimes du peuple palestinien sur son propre territoire ; un pays au dessus du droit internationnal qui se livre à une politique immorale d’occupation et de violence à sans précédent dans l’histoire.
Rien ne justifie le massacre des civiles : qu’ils soient juifs, Palestiniens ou Hutu. Quelque soient les circonstances, il n’y a pas de hiérarchie dans l’horreur. Si l’en pense le contraire, c’est qu’on est forcément sous l’emprise des inquisiteurs de la pensée unique, c’est qu’on est aveugles aux autres horreurs et qu’on déshumanise, du moins inconciemment, le peuple palestinien qui ne saurait prétendre être l’égal du peuple élu.
Si mon propos choque certains, j’userais volontiers des mots d’excuse du député irlandais. Mais ni lui, ni moi n’avons à nous excuser à la place de ceux qui sont censés le faire. C’est à Tsahal de le faire, c’est à Israël qu’il appartient désormais d’indemniser les familles des victimes palestiniennes. C’est aux citoyens de l’état hébreux de reconquérir le sens de la morale et de l’éthique qui font aujourd’hui terriblement défaut à ceux qui les gouvernent.
Au lieu de se complaire dans le même fond de commerce, celui d’une certaine posture victimaire qui n’est plus d’actualité, au lieu de diaboliser l’adversaire et de le persécuter au point d’en faire un monstre de vengeance, les citoyens israéliens, comme tout autre citoyen juif du globe, devront admettre que l’image de leur pays dépend de leurs souveraine volonté de paix- ou de guerre.
Plus que jamais, il appartient aux citoyens israéliens de s’auto-immuniser contre la machine de propagande de l’état hébreu. Il leur appartient de d’œuvrer pour rendre l’image de leur pays plus ou moins acceptable. En somme, l’image d’un pays normal, digne du respect et - pourquoi pas soyons utopistes - de l’estime de ses voisins.
Messages
1. En finir avec l’horreur, 22 janvier 2009, 10:54, par Coclico
Bravo !
Je pense exactement la même chose...
Et je salue tous les Israëliens qui ont manifesté dans leur propre pays pour leur courage d’abord, et leur lucidité ensuite... Ce ne doit pas être facile !!
Je salue également les mouvements juifs en France qui se sont joints à nous dans les manifestations pendant les bombardements israëliens à Gaza...