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Entre le PS et les Verts de Paris, fini la crise du logement
Publie le lundi 17 octobre 2005 par Open-PublishingDelanoë a renégocié les objectifs de la mairie dans le sens des écologistes.
de Alain AUFFRAY
Tout compte fait, la « crise » ne devait pas être aussi « profonde » que ça. Aujourd’hui, au Conseil de Paris, les socialistes et les Verts devraient approuver, avec le reste de la gauche, deux textes sur le logement social et sur l’insalubrité. Pourtant, le 26 septembre, les deux principales formations de la majorité municipale s’étaient violemment opposées sur ces sujets. Considérant que la mairie n’en faisait pas assez, les écologistes avaient défendu des « voeux » jugés inacceptables par le PS mais néanmoins adoptés grâce aux voix de l’UMP, ravie de mettre en difficulté Bertrand Delanoë et son équipe. Furieux, le maire de Paris avait dans un premier temps choisi de dramatiser l’infidélité des écolos. Son entourage n’avait pas de mots assez durs pour stigmatiser leur « irresponsabilité » et leur « démagogie ». Trois semaines après, tout semble oublié.
Delanoë a choisi de négocier. Sa majorité présentera aujourd’hui un voeu visant à accélérer son plan de résorption de l’habitat insalubre. Avant le terme de la mandature, fin 2007, les 2 000 familles recensées dans les logements dégradés devront toutes avoir été relogées. Un deuxième voeu vise à élargir l’offre municipale de logement social et très social : 500 des 48 000 logements à loyer libre gérés par les bailleurs sociaux seront réorientés chaque année vers le logement social. Enfin, pour le logement des sans-papiers, l’exécutif propose de mettre à la disposition de la société d’économie mixte chargée de résorber l’insalubrité (la Siemp) une centaine de logements-relais.
« Je préfère des Verts heureux à des Verts malheureux, expliquait hier Christophe Caresche, maire adjoint socialiste, cet accord est une bonne façon pour la majorité municipale de se retrouver. » Tous ses camarades n’en sont pas convaincus, notamment les élus des arrondissements populaires de Paris (XIIIe, XVIIIe et XIXe) qui craignent une aggravation des difficultés dans des quartiers où se trouve déjà la plus forte concentration de logements sociaux. Les plus réticents se feront entendre ce matin lors de la réunion du groupe PS précédant la séance du Conseil de Paris pour s’étonner que les socialistes donnent l’impression de céder à la « surenchère » des « irresponsables ». « Il existe une demande des Parisiens pour une politique du logement plus volontariste. Ce serait une grave erreur de ne pas l’entendre », leur expliquera Christophe Caresche.
Denis Baupin, maire adjoint écologiste, enfonce le clou : « On a caricaturé la position des Verts. Cette issue positive prouve que les motivations de ce qui a été improprement appelé "crise" n’étaient pas politiciennes mais politiques au sens noble du terme. » Et dans le Journal du dimanche, le président du groupe Verts au Conseil de Paris, René Dutrey, savourait hier sans retenue cette « réorientation profonde de la politique du logement », qui, selon lui, « valait bien une crise ».