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Entreprise de démolition (sociale)

Publie le dimanche 20 avril 2008 par Open-Publishing
6 commentaires

Cacophonie gouvernementale ou tourbillon médiatique destiné à noyer dans un flot de nouvelles diverses et variées des mesures impopulaires ? Les deux à la fois ? Difficile de répondre. Une chose est sûre : de la suppression de la carte SNCF « famille nombreuse » à la fin du remboursement des lunettes, de la baisse du nombre d’enseignants à la réforme hospitalière en passant par celle de l’indemnisation chômage, les dispositions annoncées par le gouvernement français vont dans un seul sens, sans déborder d’un iota de leur objectif : réduire les dépenses sociales. Le tout enrubanné d’un discours policé.

Ainsi, il paraît que l’on doit désormais bannir du vocabulaire toute référence à la « carte hospitalière » (de très mauvaise réputation depuis le début des années 2000, car elle a servi de fer de lance aux fermetures de petits hôpitaux). M. Nicolas Sarkozy, qui a rendu publics, le 17 avril, les grands axes de la « réforme », préfère parler de « nouveau paysage hospitalier » — lequel comptera 200 hôpitaux de moins d’ici 2010. Même souci de forme chez M. Claude Evin, ancien ministre socialiste de la santé et fervent partisan de ce nouveau tour de vis dans lequel il ne voit que « mutations en douceur » — expression plus appropriée, assure-t-il, que « fermetures ». Maternités locales et hôpitaux de proximité disparaîtront donc… mais sans brutalité. D’ores et déjà, on voit se profiler des « déserts médicaux » (il faut parfois faire 80 ou 100 km pour accoucher, par exemple), tandis que les grands centres hospitaliers aux plateaux techniques de pointe sont encombrés pour des soins banals.

Le projet présidentiel confirme une réorganisation en réseau, dont le principe aurait pu être intéressant s’il n’offrait un partage démesurément favorable aux cliniques privées (qui prendront plus en charge la chirurgie et la médecine programmées — plus rentables —, et laisseront au secteur public les pathologies lourdes — plus coûteuses). Il prévoit également de donner tout pouvoir à un directeur unique (exit les médecins et les élus). Bien gérer avant de bien soigner, comme l’ont montré André Grimaldi, Thomas Papo et Jean-Paul Vernant. Or, les vrais problèmes de l’hôpital public — un manque de médecins (avec le numerus clausus, on est passé à 2 500 formés par an contre 8 500 il y a vingt ans), une pénurie d’infirmières, l’organisation des urgences - sont renvoyés à des échéances indéterminées….

Autre secteur en ligne de mire : les prestations sociales. L’allocation familiale majorée pour les enfants de 11 ans est supprimée ; elle ne sera versée qu’à partir de 14 ans et augmentée de 60 euros. Le manque à gagner pour les ménages est évalué à 138 millions d’euros par la Caisse nationale des allocations familiales elle-même (CNAF). Dans le même esprit, le gouvernement avait planifié la suppression de la carte famille nombreuse de la SNCF, qui donne droit à des réductions, compensées par l’Etat, auprès du service public. Devant le tollé général, la décision est suspendue. Tout comme la proposition de la ministre de la Santé, Mme Roselyne Bachelot, de supprimer le remboursement des lunettes. Mais ce n’est que partie remise, alors que les dépenses d’optique font déjà partie des soins auxquels renoncent les familles, faute de moyens (1). Le candidat Sarkozy n’hésitait d’ailleurs pas à décréter qu’il fallait « porter les remboursements des lunettes à 50 % »…

Les chômeurs sont également dans le collimateur. Tout demandeur d’emploi étant par définition suspect, le gouvernement vient de décréter que toute personne refusant plus de deux fois une « offre valable d’ emploi » verrait ses indemnités réduites ou même supprimées. Nul ne sait qui définit ce qui est « valable », mais tout le monde sent bien que cela accélèrera la sortie des statistiques — du meilleur effet politique. Il faut quand même rappeler qu’aujourd’hui un demandeur d’emploi sur deux n’est pas indemnisé. Théoriquement, les négociations sur ces questions entre le patronat et les syndicats doivent s’ouvrir dans les prochaines semaines, mais le gouvernement a déjà défini ce que doit être le résultat. Avec le même sens de la démocratie, il a décidé que les négociations sur les retraites, qui devraient être bouclées d’ici août, devaient aboutir à une augmentation du temps de cotisation (41 ans au lieu de 40). D’ores et déjà, quatre retraités sur dix ne peuvent avoir une pension complète, selon la Confédération générale du travail (CGT).

Autre cible : la fonction publique et les services qui lui sont attachés. Dans l’enseignement, 11 200 postes d’enseignants sont supprimés, dont 8 000 dans le secondaire. Ce sont les élèves — et notamment ceux des lycées professionnels — qui sont montés au créneau pour défendre « un enseignement de qualité ». Et pour cause : en moyenne, les classes comptent déjà 27,8 élèves, et même 31 pour les classes de seconde. Certes, les moyens humains ne font pas tout, mais ils demeurent essentiels pour mener des projets pédagogiques novateurs et aider réellement les élèves.

Plus généralement, le gouvernement veut ne remplacer qu’un fonctionnaire de l’Etat sur deux partant à la retraite d’ici 2011. Cela signifie moins d’enseignants, d’agents de l’équipement, de policiers, de soignants… Cette cure d’amaigrissement serait indispensable en raison des déficits budgétaires – effectivement colossaux. D’autant qu’ils ont été gonflés par les cadeaux fiscaux, souvent versés aux plus riches (bouclier fiscal, réduction des tranches d’impôt, etc. ), qui atteignent 15 milliards d’euros depuis l’arrivée de M. Sarkozy à l’Elysée. A comparer avec les 7 milliards d’économies réalisées sur le dos des services publics.

Qui a dit que M. Sarkozy manquait de cohérence ?

Martine Bulard

-http://www.monde-diplomatique.fr/ca...

Messages

  • Le tourni nous gagne.Impossible de continuer de suivre ce gouvernement dans les sales coups réservés au peuple.Alors si on essayait de "prévenir" au lieu de défendre ce que nos ainés avaient acquis.Tous dans la rue pour réclamer de nouveaux droits dans ce pays parmi les plus riches du monde.momo11

    • bien d’accord Momo

      cordialement a toi Lolita

    • Pourquoi toujours suivre le mouvement que nous impose le pouvoir capitaliste.
      Le Patronat et ses valets au gouvernement maitrisent l’agenda.

      Pour notre part nous devons aller à l’essentiel.

      Quelle est l’origine de la plupart de nos malheurs ?

      La domination capitaliste. Cette domination est assise sur le droit français qui autorise la propriété privée des moyens de production et l’accumulation des richesses par la minorité au détriment des travailleurs.

      Des alternatives a étudier existent : nationalisations, coopératives, associations, mutuelles,...

      Ces solutions pas forcément parfaites sont moins nocives que la propriété capitaliste.

      N’a-t-on pas aboli la propriété féodale ? pourquoi pas la propriété capitaliste ?

      Comment maintenant faire prendre conscience au peuple de l’origine de ses problèmes ? Comment faire de l’éducation populaire ? Comment le peuple peut-il enfin comprendre le fonctionnement de la monnaie, de l’économie, du droit en un mot de la Politique ?

      De quelle structure avons nous besoin pour faire prendre racine une nouvelle société ?

    • Quelle est l’origine de la plupart de nos malheurs ?

      des partis et syndicats de gauche qui a la longue se sont fait acheter et hypnotiser par les paillettes et le fric.

      Et qui a laisser tomber le peuple, en lui mentant en s’en servant pour arriver au pouvoir.

      Il n’y a qu’ à regarder les scores de la gauche, alors que nous sommes les plus nombreux a être exploités !!!!!!!

      lolita

  • Les élections de 2007 ne marquent pas un regain d’intérêt pour la politique, comme les médias et partis (UMP, PS, MoDem), complaisants avec les capitalistes, voudraient nous faire croire. Elles marquent plutôt une crise de la démocratie. La majeure partie des électeurs ont en effet plébiscité un homme qui veut s’accaparer les pouvoirs, avec les possédants, dans une opacité rarement vue depuis la naissance de notre République. Les électeurs l’ont plébiscité car ils n’ont jamais autant manqués de confiance en eux pour faire vivre la démocratie. Mais ils n’y ont pas été aidés.

    En effet, sur le plan économique, en tant que salariés, ils sont privés de responsabilités dans les entreprises, doivent fermer leur gueule, ne peuvent pas participer à la gestion, mais sont les premiers à payer les pots cassés quand les résultats sont mauvais, et même s’ils sont bons, sont les premiers sacrifiés quand les actionnaires sont insatisfaits du "manque de rendement" de leurs dividendes, si bien que les salariés souffrent des délocalisations, des licenciements, de la précarité au nom de la "flexibilité".

    Sur le plan social, qui refuserait des avancées sociales ? Les congés payés, la Sécurité sociale, la réduction du temps de travail, une retraite bien rémunérée, une retraite tout court, des indemnités de chômage ? Parce que la vie, ce n’est pas seulement le travail, les électeurs, en tant que citoyens, demandent à juste titre ces avancées en contrepartie de leurs gains de productivité, des richesses qu’ils produisent, et savent qu’ils ont besoin d’être ensemble pour améliorer leur sort, donc veulent construire la solidarité. Mais ils sont culpabilisés, les politiques et le patronat disent "on ne peut pas tout, il n’y a pas assez d’argent, il y a la dette, les déficits".

    Pourtant des richesses il y en a. Mais où se perd l’argent ? Pourquoi y-a-t-il la dette, les déficits ? L’argent est conservé par les possédants, circule dans les circuits financiers qui deviennent de moins en moins maîtrisables à conduisent à des crises qui touchent gravement l’"économie réelle", c’est-à-dire le peuple, "ceux d’en bas" à qui on interdit de l’ouvrir et qui n’ont qu’à subir. La dette, les déficits sont dûs à une mauvaise gestion par les dirigeants politiques, parce qu’ils aident les capitalistes (à l’aide de subventions, réductions d’impôts...), parce qu’ils abusent de leur place, s’accordant des privilèges, se reconstituant une "monarchie", d’où la "lutte des places".

    Ceux qu’on ne considère que comme des électeurs, dociles à ce système objectivement irrationnel qu’est le capitalisme, doivent prendre confiance en eux, car le "peuple" est un magnifique gisement d’intellgences, qui, s’il prend le pouvoir, peut rationnaliser la production, la distribution, pour partager le travail entre tous ceux qui sont en capacité de travailler, et pour satisfaire ses besoins, à commencer par les besoins vitaux (que le capitalisme ne parvient pas à garantir à une grande partie de l’humanité d’où les émeutes de la faim), il peut rationnaliser l’emploi des richesses pour garantir à tous des prestations de santé, l’éducation, la retraite...et plus les richesses augmenteront, plus les emplois pourront augmenter, se sophistiquer. Le "peuple" peut changer les choses, j’oserais même dire "qu’ils n’aient pas peur".

    Tout cela est mon humble avis, je le donne simplement par intention de dialoguer. Merci de l’avoir lu. Amicalement.

    • Des alternatives a étudier existent : nationalisations, coopératives, associations, mutuelles,...

      Darius, votre post décrit bien le tableau actuel du monde salarial, et pour se faire, il y a des solutions comme celles avancées par Daniel. A nous aussi de faire notre oeuvre en créant un maximum de coopératives, assos, mutuelles... Eduquons en parallèle le peuple, sur le droit, l’économie, la comptabilité, la finance, la politique pour reprendre le terrain que nous laissons se faire accaparer par les libéraux. On voit bien qu’il y a un fort déséquilibre à ce niveau, qui fait qu’il y a un contre-pouvoir faiblard. Dès la prise de conscience que rien n’est définitivement perdu, parce qu’inscrit dans le "mouvement", il nous sera possible de reprendre "nos billes pour jouer la partie".