Accueil > Espoir et de solidarité

Espoir et de solidarité

Publie le dimanche 10 août 2003 par Open-Publishing

1 - Cela donne un espoir très grand parce qu’il y a beaucoup de monde

"Tous ensemble" pour construire un monde solidaire. Peu importe la canicule et le manque d’eau, les milliers de participants du rassemblement altermondialiste "Larzac 2003" se déclaraient enchantés dimanche d’avoir été réunis pendant trois jours sur le plateau du Larzac, devenu haut lieu de la contestation sociale de l’été.

Pour un grand nombre des 150.000 à 250.000 personnes réunis au Larzac -étudiants, enseignants, intermittents du spectacle, syndicalistes, écologistes, ou encore "néo-hippies"-, les maîtres mots du rassemblement résidaient en deux mots : espoir et solidarité.

Assis au devant de la scène "Larzac" d’où le porte-parole de la Confédération paysanne José Bové a prononcé son discours de clôture du rassemblement, Florent Grimaldi, un Francilien de 23 ans a scandé les mots "Tous ensemble" avec la foule.

Pour lui, il s’agit d’un rassemblement d’"espoir", qui permet de "regrouper les gens pour les actions futures". "Ca sert à tout le monde de voir que l’on a tous les mêmes préoccupations" et que "les luttes qui ont eu lieu ces dernières semaines sont toutes liées", dit cet étudiant en école d’ingénieur, vêtu d’un T-shirt "Halte aux OGM" (organismes génétiquement modifiés).

"Cela donne un espoir très grand parce qu’il y a beaucoup de monde ; c’était un effort pour tout le monde parce qu’il y a des gens qui sont venus de toute la France, (dans) des embouteillages énormes, jusqu’ici", ajoute-t-il. "Cela prouve que les gens sont très motivés".

Chantal Roques, une assistante sociale de 49 ans, avoue pour sa part que le fait de voir autant de personnes sur le plateau du Larzac, a contribué à lui "redonner la foi, de voir qu’on n’est pas tout seul, qu’il y a du monde derrière nous". "Il y a beaucoup de jeunes et je trouve cela bien qu’il y ait des jeunes pour prendre le relais", a-t-elle ajouté avec un grand sourire.
Pour Fred Paul, 44 ans, éleveur de chèvres dans la Sarthe, le rassemblement, à la fois militant et festif, "a servi a donner la pêche aux gens, et à réfléchir sur soi-même, sur ses actions à faire au quotidien plus tard".

Venu en solidarité avec les paysans de l’hexagone, il dit avoir apprécié l’importante "présence à tous les forums" et les débats sur des sujets aussi variés que l’immigration, l’intermittence du spectacle ou le nucléaire.
Valérie Millier, une enseignante de Grenoble, rappelle : "on a été en lutte longtemps pendant les deux mois avant la fin de l’école ; maintenant j’espère qu’il y aura quelque chose qui se passera parce que c’est nécessaire".

"Je suis enseignante dans les petites classes et je ne veux pas de la société qu’on nous propose pour mes élèves et c’est pour cela que je suis venue", explique-t-elle, souriante. "Je suis convaincu que la discussion qui a commencé là, va aboutir à quelque chose dans un certain temps."

Marie-Claude Nagel, employée -syndiquée CGT- dans une caisse d’allocation familiale de Nancy, évoque de son côté "une prise de conscience" générale pour "tout réinventer". Et de conclure : "Savoir qu’on va souffrir de la chaleur, souffrir de ne pas avoir d’eau, de pas pouvoir se laver et venir aussi nombreux, c’est quand même un signe."

2 - Laboratoire de refondation du mouvement social autour de Bové

Le rassemblement altermondialiste Larzac 2003 a entamé pendant trois jours un processus de refondation du mouvement social, autour de José Bové et en présence d’au moins 150.000 participants.

"C’est un grand moment pour le mouvement social : au-delà des divergences, le Larzac a constitué un laboratoire d’échange, de solidarité active et de résistance", a résumé Nicolas Duntze, porte-parole de la Confédération paysanne.

De 50 à 100.000 personnes étaient attendues, mais ils étaient au plus fort du rassemblement samedi soir plus de 350.000 selon les organisateurs, 150.000 pour la préfecture de l’Aveyron, réunis sur le plateau du Larzac, à une vingtaine de kilomètres de Millau, qui avait vu José Bové accéder à la notoriété en démontant un restaurant McDonald’s en 1999.

Militants altermondialistes, anti-nucléaires, pacifistes, régionalistes, associatifs, intermittents du spectacle, syndicalistes et "historiques" de la lutte contre l’extension du camp militaire dans les années 70 ont établi des "convergences" entre leurs luttes, au nom d’un même combat contre le libéralisme.

"Nous faisons la jonction entre le mouvement social dans la rue depuis le printemps et ceux qui refusent les projets de l’OMC", avait affirmé dès vendredi José Bové, qui avait donné le ton du rassemblement en prévenant : "Il faut préparer un mois de septembre non pas chaud mais brûlant".

Le porte-parole de la Confédération paysanne, libéré de prison il y a tout juste huit jours, a appelé dimanche en clôture du rassemblement à "descendre dans la rue pour mener des actions contre l’OMC et les multinationales, contre leurs sièges dans les villes à partir du 6 septembre", afin de faire échouer le sommet de Cancun (Mexique), du 10 au 14 septembre.

Quelques semaines après la "défaite" sur le dossier des retraites, Larzac 2003 a rendu espoir et combativité à de nombreux manifestants de mai et juin. Mais cette entreprise de refondation du mouvement social s’est faite sans les grandes organisations syndicales, très peu représentées (CGT, FO) ou absentes (CFDT), à la différence du G10- Solidaires et de la FSU, co-organisateurs de l’événement.

"Par son succès, ce rassemblement construit un nouveau rapport de forces contre le gouvernement et la logique libérale de l’OMC. Le gouvernement devra compter avec ce qui s’est passé ce week-end", a estimé Annick Coupé, porte-parole du G10-Solidaires.

José Bové a d’ailleurs interpellé à plusieurs reprises le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, en demandant un débat sur la position de la France à l’OMC avant le sommet de Cancun.

Placé sous le thème "d’autres mondes sont possibles", Larzac 2003 s’est fait en dehors des partis politiques, même si Marie-George Buffet, secrétaire nationale du PCF et seule personnalité politique d’envergure nationale à avoir fait le déplacement, l’a qualifié de "formidable espoir de mobilisation politique".

"Nous avons assisté à un événement politique sans précédent", a déclaré Annick Coupé. "Pendant trois jours, on a fait de la politique au sens noble du terme, mais le fossé entre les partis de la gauche plurielle et ce type de mouvement est loin d’être résorbé", a-t-elle ajouté. Samedi, le stand du Parti socialiste avait été "démonté" par des militants d’extrême gauche.

3 - José Bové annonce qu’il ne sera plus porte-parole de la Confédération paysanne à partir d’avril 2004

José Bové a annoncé dimanche après-midi, en marge du rassemblement altermondialiste "Larzac 2003", qu’il n’exercerait plus à partir d’avril 2004 ses fonctions de porte-parole de la Confédération paysanne, soulignant qu’il serait "très dangereux" de "personnaliser" le mouvement. Il a par ailleurs lancé un appel à la mobilisation dès la rentrée de septembre contre l’Organisation mondiale du commerce (OMC).

José Bové a expliqué au cours d’une conférence de presse qu’il n’a "absolument pas" vocation "à être porte-parole de la Confédération paysanne pendant 10 ou 15 ans".

"D’ailleurs au mois d’avril (2004), j’arrête mes fonctions de porte-parole de la Confédération paysanne", a-t-il expliqué. "J’aurai mené ce combat en temps que porte-parole pendant des années, j’aurai été pendant quatre ou cinq ans porte- parole de la Confédération paysanne (...) Je n’ai pas vocation à rester le porte-parole d’un mouvement, ce serait très dangereux de personnaliser le mouvement", a-t-il déclaré.

Un peu plus tôt lors de son discours de clôture devant plusieurs milliers de personnes, José Bové a donné rendez-vous à l’ensemble des participants du rassemblement "Larzac 2003" pour mener des actions dès la rentrée de septembre. "A partir du 6 septembre, nous devons être dans la rue, mener des actions, des manifestations partout sur le territoire", a-t- il lancé sous les applaudissements.