Accueil > GAZA J - 2 : Fin d’une étape
de Al Faraby
Au bout de la rue, s’élève la principale synagogue de la colonie. Un des chemins qui y mènent est bordé de drapeaux orange, couleur du Goush Katif, le bloc de colonies de la bande de Gaza, et de drapeaux israéliens bleus et blancs.
Là, c’est un défilé incessant d’hommes en chemises immaculées et pantalons de toile et de femmes vêtues de jupes longues.
La cour de la synagogue ressemble à un lieu de rassemblement politique. Une grande pancarte prévient que la lutte pour la bande de Gaza est dédiée "au Seigneur" et des affiches recommandent de "tout faire pour bloquer et retarder l’entrée des forces de l’ordre".
Vendredi soir, ils étaient des milliers lors de la prière qui marque le début du jour de repos hebdomadaire juif, durant lequel tout s’arrête. De mémoire de colons de Neve Dekalim, on n’avait jamais vu ça. Il n’y a de sièges que pour quelques centaines de fidèles dans l’édifice.
Avec l’arrivée d’opposants au retrait, la population de la colonie, qui compte en temps normal 2 500 individus, aurait quasiment doublé.
Si le silence crée une impression de recueillement, l’atmosphère n’est pas lourde pour autant. Les gens parlent, sourient, s’invitent les uns chez les autres. Ils expliquent "se renforcer" avant le début de l’évacuation, prévu mercredi 17 août.
Les nouveaux arrivants sont notamment convaincus que rien n’est joué et assurent que s’ils ont fait le chemin jusqu’à Neve Dekalim, c’est bien pour faire échouer le plan d’Ariel Sharon.
Un colon de Bet El est sûr que les soldats et les policiers refuseront de respecter les ordres. Et l’homme à la barbe grise de citer des chiffres fantaisistes sur le nombre d’appelés ayant déjà signifié leur intention de ne pas "déraciner des juifs de leur terre".
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Ce dimanche 14 août 2005, à minuit (23 heures à Paris), ordre a été donné aux colons d’évacuer les lieux.
A compter de cette heure, les colons des 21 colonies de Gaza auront jusqu’à mardi 16 août 2005 minuit (23 heures à Paris), pour plier bagage. Après ces deux jours, ils seront évacués de force dans des autobus par quelque 40 000 soldats et policiers spécialement entraînés pour cette mission.
A l’issue du processus, ce territoire exigu de la Palestine, long de 45 km et large de six à 10 km où s’entassent dans la pauvreté 1,3 million de Palestiniens, leur sera restitué, après 38 années d’occupation illégale.