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Gott mit uns...

Publie le mardi 16 septembre 2008 par Open-Publishing
3 commentaires

Tout va bien, Dieu est avec nous et son représentant sur terre est reçu dans les décombres de la république laïque avec les honneurs dus à son rang. Tapis rouge et flonflons pour l’ancien des jeunesses hitlériennes Ratzinger par le rejeton d’un noble hongrois ayant plus vite fuit les chars de l’armée Rouge qu’il n’avait du mettre de zèle à entrer en résistance contre l’envahisseur nazi.

Somme toute rien que de très cohérent en ces temps de prêche de nouvelles croisades au nom d’une lutte contre un terrorisme qui collerait à ces terres d’islam comme la glaise à nos sabots. Croisades au nom d’un bien cent fois revisité mais qui a de tout temps justifié en tout lieu les pires ignominies.

Quelle différence de fond entre des forces de l’OTAN bombardant des villages à titre de représailles dans des zones contrôlées par la guerilla des talibans et une colonne de la division Das Reich brûlant le village d’Oradour sur Glane au coeur de la “petite Russie” contrôlée par les terroristes de la Résistance ?

"Il faudrait d’abord étudier comment la colonisation travaille à déciviliser le colonisateur, à l’abrutir au sens propre du mot, à le dégrader, à le réveiller aux instincts enfouis, à la convoitise, à la violence, à la haine raciale, au relativisme moral, et montrer que, chaque fois qu’il y a eu au Viêt-nam une tête coupée et un oeil crevé et qu’en France on accepte, une fillette violée et qu’en France on accepte, un Malgache supplicié et qu’en France on accepte, il y a un acquis de la civilisation qui pèse de son poids mort, une régression universelle qui s’opère, une gangrène qui s’installe, un foyer d’infection qui s’étend et qu’au bout de tous ces traités violés, de tous ces mensonges propagés, de toutes ces expéditions punitives tolérées, de tous ces prisonniers ficelés et "interrogés", de tous ces patriotes torturés, au bout de cet orgueil racial encouragé, de cette lactance étalée, il y a le poison instillé dans les veines de l’Europe, et le progrès lent, mais sûr, de l’ensauvagement du continent.

Et alors un beau jour, la bourgeoisie est réveillée par un formidable choc en retour : les gestapos s’affairent, les prisons s’emplissent, les tortionnaires inventent, raffinent, discutent autour des chevalets.

On s’étonne, on s’indigne. On dit : "Comme c’est curieux ! Mais, Bah ! C’est le nazisme, ça passera !" Et on attend, et on espère ; et on se tait à soi-même la vérité, que c’est une barbarie, mais la barbarie suprême, celle qui couronne, celle qui résume la quotidienneté des barbaries ; que c’est du nazisme, oui, mais qu’avant d’en être la victime, on en a été le complice ; que ce nazisme-là, on l’a supporté avant de le subir, on l’a absous, on a fermé l’oeil là-dessus, on l’a légitimé, parce que, jusque-là, il ne s’était appliqué qu’à des peuples non européens ; que ce nazisme là, on l’a cultivé, on en est responsable, et qu’il est sourd, qu’il perce, qu’il goutte, avant de l’engloutir dans ses eaux rougies de toutes les fissures de la civilisation occidentale et chrétienne.

Oui, il vaudrait la peine d’étudier, clinlquement, dans le détail, les démarches d’Hitler et de l’hitlérisme et de révéler au très distingué, très humaniste, très chrétien bourgeois du XXème siècle qu’il porte en lui un Hitler qui s’ignore, qu’Hitler l’habite, qu’Hitler est son démon, que s’il vitupère, c’est par manque de logique, et qu’au fond, ce qu’il ne pardonne pas à Hitler, ce n’est pas le crime en soi, le crime contre l’homme, ce n’est que l’humiliation de l’homme en soi, c’est le crime contre l’homme blanc, et d’avoir appliqué à l’Europe des procédés colonialistes dont ne relevaient jusqu’ici que les Arabes d’Algérie, les coolies de l’Inde et les nègres d’Afrique.“

Discours sur le Colonialisme - Aimé Césaire - Présence Africaine (1955)

Messages

    • Le Discours sur le colonialisme ...
      « C’est un pamphlet virulent qui nous est adressé, à nous les Européens, habitants du continent qui a colonisé une grande partie du monde, au 20ème siècle. »


      C’est en 1955, qu’est publié Le Discours sur le Colonialisme d’Aimé Césaire, un texte vif et brûlant, témoignant de l’attention positive qu’un homme comme Césaire peut porter aux autres, de son envie d’égalité entre les hommes et d’universalisation du monde.

      Césaire est le porte-parole de l’Afrique, analysant le plus grand drame historique de ce continent…
      En fonction de ce que je sais de l’œuvre d’Aimé Césaire, également en fonction de mon analyse des problèmes du colonialisme et de la question de la négritude, je réagirais à cette très « actuelle » réflexion de Césaire dans le Discours sur le colonialisme… :

      « Le grand drame historique de l’Afrique a moins été sa mise en contact trop tardive avec le reste du monde, que la manière dont ce contact a été opéré ; que c’est au moment où l’Europe est tombée entre les mains des financiers et des capitaines d’industrie les plus dénués de scrupules que l’Europe s’est « propagée » ; que notre malchance a voulu que ce soit cette Europe-là que nous ayons rencontrée sur notre route et que l’Europe est comptable devant la communauté humaine du plus haut tas de cadavres de l’histoire. » Aimé Césaire (extrait central du Discours).
      Et toute la haine que l’Afrique pourrait déverser sur l’Europe après un tel comportement inhumain n’est guère apparente dans ses mots… Césaire, comme beaucoup d’autres ne résume ce drame qu’à une sorte de malheur, de malchance… sa logique est plus profonde… je résume un peu…
      Plus qu’une envie de voyager et de découvrir de nouveaux territoires, l’argent fût le moteur des expéditions à travers le monde… mais cet argent associé à la soif du pouvoir…r fût aussi le point de départ de la colonisation…
      Les Européens, intéressés par la conquête de nouveaux territoires ont envahi le monde… ils pensaient apporter une aide matérielle, une aide culturelle, en même temps s’approprier des terres…mais ces aides fictives et négatives les ont détruits, les ont tués par des flots d’illusions…
      Hélas, c’est bien cette Europe que l’Afrique a rencontrée ; un peuple violent, hypocrite et indéfendable, comme le dit Césaire dans le Discours, devant les massacres qu’il a engendrés…
      Les conséquences de cette mise en contact entre deux mondes totalement opposés, sont une Afrique aujourd’hui déchirée et souffrante, et un racisme virulent qui inonde le monde, ne laissant plus guère la place aux mélanges des couleurs…

      Aimé Césaire (Basse Pointe, Martinique, 26 juin 1913), un des pères de la Négritude, réagit très vite aux problèmes que la couleur peut poser dans le monde. Il emploiera le terme de négritude comme caractérisant la condition des Noirs, comme un retour à une propre identité, la découverte d’un propre Moi : « Ce n’était pas du tout une théorie raciste renversée… la négritude c’était pour moi une grille de lecture de la Martinique renversée, un miroir.. ».
      Césaire Député communiste (1945), Maire de Fort de France (1945 à 1956), membre du parti progressiste martiniquais (1958) et Césaire écrivain ; poète, auteur dramatique ; un cycle d’écrits sur le drame de la colonisation prend place dans son œuvre (Une Tempête, 1969 - la tragédie du Roi Christophe, 1963 - Une Saison au Congo, 1966…) dont ce Discours poignant sur le colonialisme.

      Césaire se battra aussi contre les formes d’oppression, qu’elles soient coloniales ou non, en créant avec sa femme Suzanne, et F. Ménil, la revue TROPIQUES, qui jouera un rôle considérable dans la prise de conscience des intellectuels d’Afrique et des Caraïbes, regroupant de nombreux poètes et intellectuels Martiniquais.
      L’Europe voyage de plus en plus, à partir du 16ème siècle… non, elle va au devant de nouveaux territoires à visiter et à conquérir…
      Après Colomb, Magellan… Wallis, Bougainville (18ème siècle) puis Cook voudront s’approprier l’île de Tahiti… et bien d’autres…
      Au début de ces expéditions, ils ne pensent pas à mal… ils leurs apportent des verreries, des bijoux… mais ils leurs apprennent à se servir d’armes et surtout à parler leur langage…
      Peu à peu, ces expéditions à travers le monde, qui mèneront d’ailleurs à la colonisation, seront motorisées par le facteur de l’argent et par le pouvoir…
      Les financiers et les capitaines d’industrie « dénués de scrupules », voudront européaniser le monde…
      Peu à peu, les hollandais, les Français, les Anglais, les Espagnols… envahiront les Indes, l’Asie, l’Afrique… la traite triangulaire entre les Amériques, la France et l’Afrique fera des Noirs des esclaves que l’on échangera entre autre contre du sucre !
      L’humain d’Afrique sera considéré comme un objet…

      Nos philosophes les rabaisseront à l’état d’animaux sans cervelles… Mon Dieu !
      Et ainsi, la colonisation s’instaurera doucement mais avec quelle violence et quelle inhumanité !
      F. Fanon, dans PEAU NOIRE, MASQUE BLANC (un ouvrage que je vous recommande d’ailleurs), cite qu’inconsciemment le Noir avait besoin du Blanc, qu’il attendait son arrivée… mais dans d’autres espoirs sans doute….
      Le blanc est venu… mais avec lui, toute une haine raciale, comparable aux génocides humains des Nazis dans l’extermination des juifs.
      Ces massacres des Noirs y sont réellement comparables…
      L’Europe est responsable de toutes ces morts déraisonnables… hélas…

      Césaire regrette que ce soit cette Europe là qu’ils aient rencontrée… mais deux siècles de régime bourgeois ont rendu les Européens incapables de gérer deux problèmes majeurs qui les touchaient ; le prolétariat, mais surtout le problème colonial.
      Cette Europe hypocrite, incapable de reconnaître ses torts face au monde africain blessé, meurtri est indéfendable… on ne peut que la réprimer.

      Le blanc en s’installant chez le noir, a voulu lui donner sa culture et sa langue, a voulu le conditionner, comme le fait Prospère face à Ariel et Caliban dans Une Tempête… mais hypocritement puisqu’il voulait ses terres pour agrandir sa puissance territoriale et qu’il avait besoin de main d’œuvre, d’esclaves pour accomplir les travaux qu’il ne voulait pas lui-même effectuer…
      N’est-il pas terrible de considérer que les Blancs se sentent si supérieurs aux Noirs ?
      En Martinique, et les chiffres sont significatifs, 200 Blancs se sentent supérieurs à 300 000 Créoles… mais en Afrique, les 13 000 000 d’indigènes n’ont pas cette réaction face aux 2 000 000 de Blancs qui y sont en minorité !

      Les Noirs ont accepté leur sort ; d’être arraché à leur terre natale… arrachement, déracinement…mais devant la violence… tout le monde en aurait fait autant…
      La manière d’opérer des Européens était vicieuse… et je le répète… inhumaine.
      Selon Césaire, la colonisation a décivilisé et abruti les colonisateurs.
      Encore aujourd’hui, le maître, le colon primitivise, anticivilise, le Noir, en lui parlant bêtement en « petit-nègre », en le regardant encore comme un être inférieur… c’est dramatique !
      Mais, dites-moi… y’a-t-il une grande différence entre un paysan auvergnat illettré et un paysan de brousse sénégalaise (c’est un exemple) illettré de même ?
      Et bien non aucune… ils cultivent tous les deux la terre et ne connaissent ni la lecture, ni l’écriture… Ils ont un même savoir du sol.
      Le « paysan » et le « bitaco » (celui-qui-n’est-jamais-sorti-de-son-trou) sont humains à parts égales, comme l’homme politique Noir et son semblable Blanc.

      Le « Toubab » est le responsable d’une horrible réalité, celle de la colonisation et de tous ces nombreux massacres qui ont ensanglantés l’Afrique.
      Si les Européens avaient su rester humains… le racisme n’existerait peut-être pas aujourd’hui…Etre blanc ou noir cela n’a pas d’importance… Les gens n’ont-ils pas encore compris que la couleur de la peau n’est qu’une question (de taux) de mélanine…
      Le Blanc a-t-il pensé une fois qu’il aurait pu naître Noir ?
      On entend souvent que les Noirs ou les Arabes sont plus racistes que les Blancs… mais dans un sens il y a de quoi … et encore on ne peut pas dire qu’ils le sont… c’est un sentiment humain naturel d’avoir de la haine envers ceux qui vous ont fait souffrir.
      Ce n’est pas du racisme en mon sens, c’est de la légitime défense !

      Nos cultures, nos us et coutumes sont différents, mais il n’est ni humain ni normal de hiérarchiser les races, les couleurs en les classant du supérieur à l’inférieur.
      Ceci, oui, ceci est primaire, et cette foi-ci, c’est le civilisé qui est stupide à faire des classements !
      En résumé, si les Européens n’étaient pas montés dans leurs petits navires pour aller « visiter » le monde, le plus haut taux de cadavres de l’histoire ne serait pas dans notre histoire du monde…

      Le contact aurait pu se faire autrement ou à un autre moment, mais se faire, car comme le dit Césaire, le contact entre les civilisations différentes est très bien, comme il est bien de mêler des mondes, des cultures, des langues différents…
      « L’échange est l’oxygène ».

      Le contact des cultures forme des peuples plus énergiques, appartenant à tous les mondes avec des transferts de données importantes.
      De nos jours, rien a vraiment changé… les rapports entre colonisateurs et colonisés persistent… mais il y a bien heureusement des hommes comme Césaire, Senghor, fanon et tant d’autres, qui réagissent à ces atrocités.

      En conclusion… et Dieu sait qu’il est dur d’apposer une conclusion à un problème aussi dense que dévastateur, je voudrais voler une citation de Césaire qui dit un jour :
      « Je suis amoureux de toutes les cultures ».
      Comme lui, je prône le mélange, la couleur et le bonheur dans l’universalité.
      Si le contact Afrique et reste du monde avait pu se faire autrement, par des échanges mutuels, un tel désastre n’aurait pas eu lieu… ni colonisation, ni sang, ni morts, ni racisme….

      La malchance des Noirs comme de tous les autres peuples du monde colonisés, et que c’est cette Europe-là qui régnait en ces moments-là et qui a détruit un amour possible entre tous les peuples.
      Peut-on parfois avoir honte d’être Blanc sans être raciste envers soi-même ?

      Peut-on ne pas se sentir Française de France mais humain du monde … tout simplement ?
      Merci pour le courage que vous aurez eu de me lire… c’est un sujet important… il ne faut jamais l’oublier…

      Ce livre est pour moi une Bible, c’est-à-dire un ouvrage qu’il faut absolument avoir lu… un ouvrage court, vite lu, mais à relire pour méditer sur le sujet… efficace et maîtrisé…
      L’œuvre d’Aimé Césaire :

      Poésie :
       Soleil cou coupé, 1948
       Cahier d’un retour au pays natal, 1947
       Corps perdus
       Ferrements
       Cadastre
       Une tempête
      Autres :
       Une saison au Congo
       La Tragédie du roi Christophe 1963
       Les armes miraculeuses
       Discours sur le colonialisme
       Et Les chiens s e taisaient
       Toussaint Louverture

    • Merci JP pour cet éclair dans nos cieux réactionnaires.Mais,malheureusement,pire que nos richesses et nos terres colonisés,c’est la colonisation des nos vies et de nos destins."Dé-barbelons" nos esprits !! Dieux n’est pas avec nous ,il ne partage pas mon repas,il mange à la table du négrier !