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Guy Môquet : L’avant Vichy ?

Publie le jeudi 18 octobre 2007 par Open-Publishing
7 commentaires

Dans l’HD de cette semaine, où le cas Guy Môquet, est, ce qui est normal pour un journal de sensibilité communiste, largement évoqué, on peut, sous la plume de Gérard Streiff lire : "C’est un député français, François Chasseigne, qui, le 16 janvier 1940, demande la peine de mort contre les communistes". Cette phrase, reprise en chapeau de l’article, appelle quelques précisions, dont l’absence, espérons-le, n’est que fortuite !

1°- 16 janvier 1940, c’est, encore, la République, pas l’Etat de Pétain

2°- Chasseigne est député socialiste (ex communiste) de l’Indre réélu en 36, dans le cadre du Front Populaire, donc avec les voix communistes.

3°- Un mois plus tard, un autre député socialiste, Barthélémy, élu dans les mêmes condition dansla Seine renchérit : "Thorez, Catelas et les autres devrait être poussés sous le couperet de Mr de Paris."

4°- Le 9 avril un décret-loi, signé par le ministre socialiste de la justice, Sérol, député de la Loire prévoit la peine de mort pour les communistes.

On le voit donc clairement, la dérive anticommuniste de Vichy et de ses accolytes comme Pucheu, a donc été largement préparée par la 3° République finissante, et en particulier par le parti socialiste. Léon Blum ne s’offusque que pour déplorer que ces mesures risquent de transformer les communistes en "martyrs", à aucun moment, il ne réagit contre leur illégalité.

Je sais bien que par les temps qui courent l’amnésie peut servir la politique politicienne, mais l’unité construite sur ces bases ne vaut rien. Seule la vérité est révolutionnaire, mais veut-on rester révolutionnaire ?

Messages

  • La vérité, rien que la vérité sans omission.

    Car omettre c’est mentir, c’est faire du révisionnisme.

    Le 22 octobre 1941, 27 résistants tombaient sous les balles des pelotons d’exécution hitlériens, dans la carrière de Châteaubriand. Dans les mêmes heures tragiques, à Nantes, au Mont Valériens, à Souges près de Bordeaux, puis le 15 décembre à la Blissière, de nombreux otages furent éxécutés.

    Les "27 de Châteaubriand", étaient tous communistes, certains élus du peuple, d’autres dirigeants de fédération syndicales CGT et parmi ces 27 Raymond Laforge, Raymond Tellier (tous deux Montargois ajoutés à la liste par le maire et le sous-préfet) ainsi que Guy Môquet 17 ans, lycéen, jeune communiste, fils du député communiste Prosper Môquet alors déporté en Algérie.

    Ils avaient été poursuivis, emprisonnés par le gouvernement de la France, qui les envoya à la mort à la demande des occupants nazis.

    Salut fraternel.

    Le Renard Rouge

    • Et les actuels héritiers du gouvernement de la France de 41, on doit les chercher où ? Du côté de l’UMP, non ?

    • Et si on foutait la paix aux morts ? Et si on cessait de les récupérer ?

      Oui, la III° République finissante a marginalisé les communistes. Depuis la signature de l’accord germano-soviétique du 23 août 1939, les communistes appelaient au sabotage de l’effort de guerre. Ils ne se sont réveillés qu’après l’attaque allemande contre URSS. Ils ont essayé de masquer leur inertie avant cette date en faisant de Guy Môquet un résistant. Le malheureux distribuait des tracts contre la "guerre impérialiste", en fait contre le seul pays résistant encore au Reich, la Grande-Bretagne. Après l’attaque allemande contre l’URSS, le PCF s’est enfin réveillé et a tué un officier allemand. Guy Môquet s’est retrouvé dans la charrette des ôtages. C’est stupide, et ça n’a rien à voir avec de la résistance. Sa lettre aurait pu être écrite par n’importe quel condamné à mort, et elle est, à ce titre, bouleversante. Elle n’a pourtant aucun contenu politique. Permettez-moi d’en préférer d’autres, qui parlent de la république, de la démocratie.
      Posons-nous une question terriblement iconoclaste. Qu’aurait fait Guy Môquet s’il avait survécu ? Après 1945, il aurait, comme les autres communistes, chanté la gloire de Staline et du communisme, c’est à dire d’un des pires régimes totalitaires. Il aurait bêlé cela avec la bonne conscience habituelle des militants. Il n’est pas mort pour défendre la république, la démocratie, mais pour l’Union Soviétique. Il avait 17 ans, c’est l’âge des militances et des enthousiasmes, il s’est trompé. Qu’on le laisse enfin en paix. L’instrumentalisation de sa mort par un gouvernement de droite, lointain héritier du Bon Maréchal, est tout bonnement une obscénité.

      Un historien fatigué.

    • "Fatigué" c’est bien le mot. Mais où étaient les autres partis quand on a fusillé Guy Môquet et les autres, en prison ? aux abonnés abscents ? C’est quoi les communiqués de leur indignation ? Y aurait-il un historien en forme pour répondre ?

      CN46400

    • trés bon rappel historique . vu le tas de donneurs de leçon en matière de démocratie ; de droite comme de gauche ;cela en fatigue quelques uns ; si ça pouvait leur donner envie de s’informer ; hors de l’histoire anti communiste officielle ;ils seraient peut etre moins fatigués . les partis de droites ont fourni les gros bataillons de la collaboration ; mais c’est vrai que les socialistes de l’époque ont bien tenu leur rang ; en matière de collaboration et de chasse anti communiste . sam 82

    • Moi le Renard Rouge je pose la question sous la forme d’une phrase nominale : Historien ? ? ?

      tu écris : "Et si on foutait la paix aux morts ? Et si on cessait de les récupérer ?
      Oui, la III° République finissante a marginalisé les communistes. " en fait c’est la loi de l’époque qui les a marginalisés.

      tu écris : "Depuis la signature de l’accord germano-soviétique du 23 août 1939, les communistes appelaient au sabotage de l’effort de guerre. Ils ne se sont réveillés qu’après l’attaque allemande contre URSS." Tu oublies (volontairement que l’URSS est en guerre depuis déjà quelques années avec le Japon en Mongolie et que ces alliés d’Hitler ne sont pas moins des idéologues d’extrème droite aussi dangereux que les nazis...

      tu écris : "Ils ont essayé de masquer leur inertie avant cette date en faisant de Guy Môquet un résistant. Le malheureux distribuait des tracts contre la "guerre impérialiste", en fait contre le seul pays résistant encore au Reich, la Grande-Bretagne." Et tu ommets la drôle de gueere que les français font sans tirer le moindre coup de fusil. Qui trahit ?

      tu écris : "Après l’attaque allemande contre l’URSS, le PCF s’est enfin réveillé et a tué un officier allemand. Guy Môquet s’est retrouvé dans la charrette des ôtages. C’est stupide, et ça n’a rien à voir avec de la résistance." Finalement te voilà presque d’accord avec le ministre de l’éducation qui écrit "Guy Môquet et ses 26 compagnons d’infortune" leur niant le titre de camarades, les affublant de celui de compagnons terme pétiniste à l’époque comparable aux jeunesses hitlériennes, et de plus pensanr certainement que la divine providence n’étant pas là c’est la faute à pas de chance s’ils était au mauvais endroit au mauvais moment.

      Tu sembles oublier un peu vite qu’ils ont été choisis par des français dont le ministre Pucheu comme otages parce que communistes.

      tu écris : "Sa lettre aurait pu être écrite par n’importe quel condamné à mort, et elle est, à ce titre, bouleversante. Elle n’a pourtant aucun contenu politique. Permettez-moi d’en préférer d’autres, qui parlent de la république, de la démocratie." Oui d’ailleurs il a écrit d’autres lettres et aussi des poèmes beaucoup plus politiques comme ce poème confisqué le jour de son arrestation : Tuer le capitalisme
      Parmi ceux qui sont en prison
      Se trouvent nos 3 camarades
      Berselli, Planquette et Simon
      Qui vont passer des jours maussades

      Vous êtes tous trois enfermés
      Mais Patience, prenez courage
      Vous serez bientôt libérés
      Par tous vos frères d’esclavage

      Les traîtres de notre pays
      Ces agents du capitalisme
      Nous les chasserons hors d’ici
      Pour instaurer le socialisme

      Main dans la main Révolution
      Pour que vainque le communisme
      Pour vous sortir de la prison
      Pour tuer le capitalisme

      Ils se sont sacrifiés pour nous
      Par leur action libératrice

      Guy Môquet

      toi indescemment, tu écris : "Posons-nous une question terriblement iconoclaste. Qu’aurait fait Guy Môquet s’il avait survécu ? Après 1945, il aurait, comme les autres communistes, chanté la gloire de Staline et du communisme, c’est à dire d’un des pires régimes totalitaires. Il aurait bêlé cela avec la bonne conscience habituelle des militants. Il n’est pas mort pour défendre la république, la démocratie, mais pour l’Union Soviétique. Il avait 17 ans, c’est l’âge des militances et des enthousiasmes, il s’est trompé. Qu’on le laisse enfin en paix." Alors oui, puisque l’insulte d’un mort ne te fait pas peur, laisse-moi te dirte oui fouts-nous la paix, retourne comptesz tes moutons, et continue à servir la soumission qui est ta seule patrie.

      Alors laisse la parole à un poète mort :

      d’Aragon, le Témoin des martyrs

      Ce texte, imprimé en tracts répandus dans toute la France en 1942, a été lu à Radio-Londres et Radio-Moscou. La presse alliée l’a publié. Ces pages bouleversantes ont fait le tour du monde.

      Elles étaient signées « le Témoin » par celui qui, animant la Résistance intellectuelle de la zone Sud, adopta aussi le nom de François la Colère.

      Je ne sais qui lira ce qui va suivre. Je m’adresse à tous les Français et aussi simplement à tous ceux qui, au-delà des limites de la France, ont quelques sentiments humains dans le coeur, quelles que soient leurs croyances, leur idéologie, leur nation. Peut-être seront-ils retenus de m’accorder créance, parce que je ne signerai pas. J’atteste qu’il n’est rien au monde que je voudrais autant pouvoir faire que d’avoir l’honneur de signer ceci. C’est la mesure de l’iniquité et de la barbarie qu’aujourd’hui nous ne puissions dire notre nom pour appuyer une cause aussi juste, aussi généralement considérée comme noble et élevée, qu’est la cause de la France. Ceux qui meurent pour elle dans notre pays meurent anonymes ; le plus souvent, on ne dit même pas qu’ils sont morts, et tout ce qu’on ose écrire, c’est qu’un individu a été exécuté. Je partage ici le glorieux anonymat de tant de morts que vous ne pouvez plus vous étonner de cet anonymat. Si j’élève une faible voix, c’est parce que certains des morts me l’ont demandé, c’est en leur nom que je vous parle. Ils sont tombés sous les balles allemandes. Ils sont morts pour la France.

      On dira que c’étaient des communistes

      Les faits sont simples et personne ne les nie. le 22 octobre 1941, 27 hommes ont été exécutés par les Allemands à côté du camp de Châteaubriant (Loire-Inférieure) pour des faits datant de quelques jours, dont ils étaient notoirement ignorants, pour l’acte d’hommes qu’ils ne connaissaient pas, sans s’être solidarisés avec ces hommes, mais livrés à l’occupant afin d’être exécutés, et cela par le ministère de l’Intérieur d’un gouvernement qui se dit français, qui en avait lui-même dressé la liste. Pris dans le camp où ils étaient détenus par une simple suspicion ou passibles de toute façon de peines moindres, ils ont été passés par les armes sur l’avis de ceux qui prétendent assurer la police dans le pays, y donnant ainsi l’exemple révoltant du crime.

      On dira : c’étaient des communistes. Est-il possible que des Français, est-il possible que des hommes, unis à d’autres hommes, à d’autres femmes par les liens de la chair, de l’affection, de l’amitié, puissent se satisfaire d’une phrase pareille ? Tous ceux qui diront, croyant se débarrasser ainsi de la chose : c’étaient des communistes, n’entendent-ils pas que cela n’excuse pas le crime allemand, mais que cela honore les communistes ? Ces hommes étaient prisonniers pour leurs idées, ils avaient défendu leurs croyances au mépris de leur liberté. Ils s’étaient refusés à suivre l’exemple de ceux qui, se reniant par lâcheté ou par intérêt, sont passés dans le camp de ceux qu’ils combattaient la veille. S’ils avaient voulu les imiter, ils auraient pu, comme certains, revêtir l’uniforme allemand et être libres, collaborer aux journaux, aux organisations que l’Allemagne contrôle, et être libres. Ils ne l’ont pas voulu. On les a envoyés à la mort. Il y a eu dans le monde des hommes comme ceux-là, et même ceux qui ne croient pas en Dieu, ceux qui haïssent l’Église dont ils sont martyrs ne sont jamais à ce point entraînés par la violence anticléricale qu’ils ne reconnaissent pas la grandeur, la noblesse, la beauté du sacrifice des chrétiens jetés aux bêtes, qui chantaient dans les supplices. Vous pouvez haïr le communisme, vous ne pouvez pas ne pas admirer ces hommes.

  • En ces temps où démagogie rime souvent avec sensiblerie, voici un article qui replace
    les événements douloureux de notre histoire dans leur véritable contexte.
    http://www.historia-nostra.com/index.php?option=com_content&task=view&id=582&Itemid=60