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de Al Faraby
La nouvelle se répand à grande vitesse dans la camp. Des jeunes français sont parmi nous. Ils viennent pour deux semaines. Ils vont vivre avec nous, comme nous ...
Quelques uns parlent un petit peu l’arabe. La plupart sont issus de l’immigration., originaires du Maghreb ou d’Afrique noire. Ils habitent tous en banlieue proche, à Bagnolet précisément.
Ils connaissent tous les restrictions, les dénuements, les difficultés de transport, le manque de loisirs, les logements vétustes, le manque de professeurs, les classes surchargées, l’échec scolaire, le chômage, le racisme, l’avenir obstrué ...
Ils découvrent Sabra et Chatila. Les difficultés de leur vécu sont peu de choses en comparaison avec la réalité du camp.
Un monde à part dans Beyrouth. Un monde de misère, de pauvreté, de déchéance, d’exclusion et de non droit. Une injustice à ciel ouvert.Une population livrée à elle-même et qui tente de survivre en s’organisant.
Nulle part ailleurs, la solidarité n’est plus grande. Elle est leur unique chance de faire face... de résister, comme ils disent. Une résistance qui sauve leur dignité et par conséquence leur mémoire collective. Les vieux racontent aux parents qui racontent aux enfants qui sont avides de savoir et de connaître.
Tout le monde suit, au jour le jour, ce qui se passe là-bas. Un bulldozer qui rase une maison... Un lanceur de pierre atteint par une balle, à la tête, au bras gauche, à la jambe droite, au cou, au dos, gravement blessé ou tué... Un village ou un quartier réinvesti par les forces d’occupation... Un barrage de contrôle levé là et deux autres réinstallés là-bas... Des centaines d’oliviers arrachés... Des centaines d’hectares de terre expropriés... Le mur qui s’est avancé d’une dizaine de mètres... Trois appartements scellés... Cinq familles menacées d’expulsion... Une ambulance empêchée d’arriver à l’hôpital... Les informations vont aussi vite que l’évènement. Cela dure depuis la création du camp. Comme s’il était rattaché à la patrie originelle par un fil invisible, plus fort que le temps.
Il y a aussi les histoires de familles. Les enfants qui viennent au monde... Les jeunes gens qui se marient... Les vieux qui décèdent... Ceux qui se fâchent entre eux... Ceux qui se réconcilient... Ceux qui déménagent... Ceux qui sont malades... Ceux qui guérissent...
Sabra et Chatila est au courant de tout. Les gens d’ici aiment à parler et à raconter. Comme un besoin pour continuer d’exister. Comme pour se dire : "Nous sommes d’ailleurs. Nous le savons et nous voulons y retourner." Ou aussi : " Tous les nôtres sont là-bas." Ou encore : "Nous n’oublierons jamais."
Tous veulent retourner en Palestine. Saba et Chatila est un lieu provisoire, quoiqu’il dure.
Et puis aujourd’hui, tous ces jeunes qui entourent curieusement et fièrement ce groupe de jeunes français venus de Bagnolet en solidarité avec eux... Ces jeunes français de la troisième génération, originaires du Maroc, d’Algérie ou du Sénégal, qui leur ressemblent par le trait et la manière... Spontanés et généreux !
Et puis ce soir, dès le coucher du soleil, Karim dansera avec Ladji le hip-hop avec Beyrouth si proche... si loin !
Karim dont les grands parents ont fuit Haïfa en Palestine, Ladji dont les parents ont quitté M’Bour au Sénégal. Tous les deux petits-fils de pêcheurs.
Karim rêve d’aller un jour, faire un tour à Harlem... Ladji aussi. C’est leur secret à tous les deux.
Toute ressemblance avec la réalité est pure coïncidence
Messages
1. > Hip Hop, 5 août 2005, 00:48
Oui oui c’est ça France Palestine même combat !