Accueil > Hongrie 1956
Il y a 50 ans, une tentative de révolution éclatait en Hongrie. Les motifs étaient de natures sociales et politiques : opposition au régime stalinien en place, qui était doublement oppresseur du fait de sa nature capitaliste d’Etat (oppression politique et oppression économique), et opposition à l’impérialisme de l’URSS.
Partie de puissantes manifestations pour la démocratisation du régime et pour la transformation de la société hongroise, la révolte s’opposa de plus en plus au régime. En quelques jours, une grève générale spontanée (et illégale) gagna le pays, et des conseils ouvriers se formèrent. Ces conseils coordonnant la lutte, et débattant démocratiquement des mesures à prendre pour changer la société (rappelant ainsi la phrase de Karl Marx selon laquelle "la première étape dans la révolution" est toujours "la conquête de la démocratie").
Fin octobre, au cours d’une manifestation à Budapest, la police politique stalinienne ouvrait le feu sur les manifestants, montrant une fois de plus la nature violemment anti-ouvrière du régime. Cette répression féroce ne fit que renforcer la détermination des étudiants et salariés hongrois, qui intensifièrent leur lutte.
Le nouveau dirigeant hongrois qui avait été mis en place sous la pression populaire, Imre Nagy (communiste partisan de la déstalinisation), décida la sortie du "pacte de Varsovie" et la neutralité internationale de la Hongrie. Dans le monde de la guerre froide, les Etats étaient pour l’essentiel divisés entre deux blocs impérialistes : l’Otan étant l’instrument de domination des USA, et le pacte de Varsovie l’instrument de domination de l’URSS. Quitter ce carcan militaire et ne pas en rejoindre un autre était donc un acte important.
Le 4 novembre 1956, l’armée russe déclenchait l’offensive, brisant militairement le mouvement spontané des masses. La répression fit de plusieurs milliers à plusieurs dizaines de milliers de morts, selon les sources. De part sa nature économique et politique, l’URSS ne pouvait tolérer la perte d’un zone d’influence et d’un Etat vassal, qui lui était utile d’un point de vue stratégique et pour ses débouchés capitalistes.
Ce mouvement révolutionnaire a ainsi été brisé en quelques semaines à peine, malgré la résistance des insurgés. Il est donc difficile de savoir jusqu’où son évolution aurait pu abolir les structures de domination, certaines étant spécifiques au stalinisme, d’autres étant communes à l’ensemble des régimes capitalistes (contrainte de l’argent et du salariat, pouvoir confisqué par une "classe politique", etc).
Messages
1. > Hongrie 1956. Et aujourd’hui ?, 15 octobre 2006, 02:05
La division du monde en 2 blocs n’est pas le fait des Russes, mais un choix du Capitalisme occidental, effrayé par la victoire des Russes sur le Nazisme et leur avancée jusque Berlin, contre toute attente des oligarchies en place de Londres à Washington.
Les leaders des bourgeoisies occidentales n’ont jamais caché qu’ils attendaient d’Hitler un anéantissement de la Russie, sans aucune considération pour la souffrance des populations.
Ces responsables n’ont pas ouvert un deuxième front, comme les Russes l’avaient pourtant demandé et ces derniers ont soutenu l’essentiel de l’effort de guerre contre les armées d’Hitler.
Ce n’est qu’après Stalingrad, que pris de panique par la tournure inattendue des événements, à savoir la puissance grandissante des contre-offensives russes, ils ont dare-dare mis au point le débarquement qui ,après des reports, a enfin eu lieu le 6 juin 1944. Un an et demi après Stalingrad.Les Russes étaient déjà victorieux. Leur sacrifice a été payant.
Mais ils ont laissé 27 millions de morts. Et un pays ravagé.
Avant la guerre, les dirigeants soviétiques ont affirmé la construction du socialisme dans un seul pays, se concentrant sur la Russie, ou plutôt URSS et renonçant à la Révolution permanente, montrant leur absence d’attention sur les autres pays.
Cela leur a d’ailleurs été reproché par certains communistes (et on les comprend) mais la nécessité du moment était de construire en Russie un Etat moderne à partir d’une contrée arriérée.
Le Capitalisme était très agressif, je n’en veux pour preuve que la bombe d’Hiroshima lancée le 6 août 1945 et qui était destinée à faire peur aux Russes. En tuant au passage 100 000 personnes et blessant cruellement des milliers d’autres.
Les Occidentaux, après avoir feint une entente avec les Russes, vu le poids de la victoire à l’Est, se sont vite ravisés et ont partagé le monde.
Pour les Russes, il n’y avait pas le choix:dans ce contexte,il était impérieux d’avoir une zone tampon entre l’Occident et eux via les pays de l’Est.
C’est ainsi que la Hongrie est devenue un élément du "bloc" de l’Est. Mais le communisme y avait des adeptes comme partout ailleurs. Surtout que les Nazis hongrois ont commis des atrocités pendant la guerre et en Hongrie et en URSS. Ils ont liquidés leurs Juifs en 1944. En les envoyant à Auschwitz.
Loin de sanctionner les Nazis allemands et hongrois(et baltes), à part quelques "huiles" trop compromises comme Himmler, Goering ou Keitel, qui ont été exhibés dans des procès à grand spectacles, les USA ont recruté plusieurs milliers d’agents de la Gestapo pour les faire travailler en Amérique contre les Russes ! Un des réseaux nazis s’appelle le réseau Gehlen. Ils ont été chargés d’organiser la désinformation anti-soviétique et anti-communiste et de mettre sur pied des infiltrations de l’URSS par la Finlande, la Turquie au sud et l’Iran (alors sous la coupe des USA) à l’Est.
C’est dans ce contexte de guerre "froide" décrétée par les puissances occidentales que s’est contitué le "bloc de l’Est". La Hongrie en faisait partie.Et n’a cessé d’être l’objet de déstabilisation de la part des USA (avec l’Angleterre).
Les événements de 1956 n’ont pas échappé à cette instrumentalisation par les puissances occidentales.Vouloir essayer de les comprendre sans cela c’est se condamner à diaboliser sans fin les Soviétiques et sacrifier au dogme anti-stalinien qui fait office de cathéchisme à qui n’a pas pu mettre le tout en perspective.
Qu’a apporté la libéralisation des années 90 à la Hongrie ?
Tout est hors de prix. Le chômage est galopant, mais tout le monde ou presque travaille...au noir et doit pour survivre cumuler au moins deux boulots quand ce n’est pas trois !
Les campagnes sont oubliées du progrès alors que sous le socialisme, les prix agricoles étaient garantis. Je signale aussi que les Hongrois avaient des débouchés en Russie : par exemple ils y écoulaient leurs bus. Qui veut maintenant des bus hongrois ?
La Russie n’a pas besoin de la Hongrie : elle a tout. Les matières premières, la terre fertile, les cerveaux et même dans les domaines artistiques, elle domine en musique et théatre.
Actuellement, la Russie a une croissance de 10 à 13 %. Et la Hongrie ?
L’Union Soviétique n’était pas un enfer sibérien, contrairement à ce que les gens pensent. Même sous Staline. Les Russes se rendent comptent de ce qu’ils ont perdu depuis que leurs dirigeants Gorbatchev et Eltsine ont jeté le socialisme aux orties.
Et tous les Hongrois ne diabolisent pas l’URSS. Ni le socialisme. Mais oseront-ils le dire ?
Le mal nommé Parti "Populaire" Européen (PPE) milite pour criminaliser le Communisme.
Il a réussi à faire interdire le sigle de l’étoile rouge. Le marteau et la faucille.
Leur mépris des espérances des peuples n’a pas de borne !
Un dernier point : vous comparez le bloc de l’Est à l’OTAN, à l’Ouest. Il y a une différence : les Russes n’ont JAMAIS envoyés de bombardiers sur les populations.
La Terre est à tout le monde. Il faudra bien un jour partager les biens et les talents, équitablement. En Hongrie comme ailleurs. Cela s’appelle le socialisme.
little light
1. > Hongrie 1956. Et aujourd’hui ?, 15 octobre 2006, 11:03
réponse au commentaire "samedi 14 octobre 2006 (18h10) :
Hongrie 1956
1 commentaire(s)"
J’y ai vécu ! Je l’ai vu !
le commentateur est ou bien un communiste retardé (dépassé par la fin du communisme mondial) ou un innocent malhonnête !
J’ai connu des personnes qui se disaient partisans du régime, MAIS qui dès le premier jour de la REVOLUTION ont avoué qu’ils n’étaient qu’en parôle pour gagner leur vie !
Ce commentateur s’est posé la question : pourquoi tant de jeunes gens (comme j’étais à l’époque) risquaient leur vie contre les tanques russes, sinon par la HAINE drégime qu’ils subissaient !
Honte à vous monsieur (pardon camarade) !
2. Socialisme et démocratie vont ensemble !, 15 octobre 2006, 14:54
L’auteur du premier commentaire n’est pas communiste : il est stalinien. Ses propos sur l’Urss sont négationnistes.
Certes la situation actuelle en Hongrie est mauvaise : mais la Hongrie est simplement passée de la dictature stalinienne à la dictature bourgeoise, et du capitalisme d’état au capitalisme de marché. Le mouvement de 1956 était un mouvement vers le socialisme, un mouvement de libération contre le capitalisme stalinien.
3. > Socialisme et démocratie vont ensemble !, 16 octobre 2006, 00:58
Vous me collez une étiquette de négationniste ?
Je considère le négationnisme comme tous les gens honnêtes : condamnable. Et punissable par la loi. Mais je vous rappelle ce qu’il est : négation de la Shoah.
Je ne suis pas cela. Vous faites erreur ! J’ai toujours trouvé horrible ce qui s’est passé à Dachau, Monthausen, Maïdanek, Bergen Belsen, Theresienstadt, Ravensbrück, Treblinka, Sobibor, Auschwitz, Dora, et dans les ghettos de Krakov, de Vilnius, de Varsovie, de Thessalonique et de Hongrie.
Aussi à Bila Tserkva, à Uman, à Karkov, à Smolensk, à Minsk, à Babi Yar (Kiev), à Tchernigov, à Serguiev (Poltava), à Kamianka, à Kivatchovka, à Sobolivka, à Vinnitsa, à Utritsk, à Lvov, à Kichinau.
S’il y a honte, c’est bien là !
Vous utilisez un amalgame en vogue dans les media dominants et l’idéologie bourgeoise : celui qui consiste à mélanger nazisme et communisme pour criminaliser le second. En martelant que le communisme, c’est le "goulag", sans faire mention des "goulags" occidentaux : bagnes de Cayenne, coloniaux, et aujourd’hui : Guantanamo. Deux millions deux cent mille incarcérés aux USA ! La peine de mort. Les femmes qui accouchent avec des menottes !
Je défends l’URSS sur certains points : ses réalisations incontestables, notamment son système de santé publique et par exemple, sa chirurgie d’avant-garde de l’oeil (du Professeur Filatov), l’essor des sciences et des arts qu’elle a permis, la qualité de son enseignement musical.
Aussi l’accessibilité à tou(te)s par la gratuité (ou très bon marché) des soins des meilleurs spécialistes. Y a-t-il du mal à saluer des initiatives heureuses ?
Mais JE N’APPROUVE PAS son intervention en Hongrie. Je redis simplement un fait reconnu : que l’URSS autrefois et aujourd’hui, la Russie n’a besoin de personne économiquement. Elle a tout et peut vivre en autarcie sans problème.
Je ne suis pas pour la division ethnique, les étiquettes, j’essaie simplement de comprendre et pas de diaboliser. Ma formation scientifique m’amène à observer sans passions négatives (haine) mais pas sans coeur.
Je n’ai pas de sang sur les mains sauf sur mes gants de chirurgie en salle d’op, mais c’est pour la bonne cause !
Ma philosophie est internationaliste : chacun(e) sur Terre a sa valeur et mérite une place. La Terre est à tout le monde et il faudra bien un jour partager les biens et les talents.
Mon salut fraternel à ceux, celles qui veulent partager une réflexion, pour construire un monde où il fait bon vivre, où fleurissent les sciences et les arts , la joie de vivre et, pourquoi pas, de partager un bon goulasch !
little light
4. Vous me collez une étiquette ?, 16 octobre 2006, 03:12
J’ai oublié de citer Buchenvald où sont morts quantité de prisonniers de guerre soviétiques.
little light
5. > Socialisme et démocratie vont ensemble !, 16 octobre 2006, 12:10
Est négationniste celui qui nie des crimes contre l’Humanité.
Je ne confonds pas communisme et nazisme, qui n’ont rien à voir (et je suis moi-même communiste). Mais ce que tu écris n’a rien de communiste, tu es stalinien : tu justifies/nies/minimises les crimes d’un régime opresseur anti-marxiste, l’Urss. Le communisme c’est la lutte contre toutes les oppressions et toutes les exploitations, d’où qu’elles viennent.
6. Il est plusieurs formes d’oppressions, 16 octobre 2006, 14:33
Je suis aussi contre l’oppression, mais elle prend diverses formes. La maladie en est une, la faim, l’absence de logement, d’équipement ,l’analphabétisme, la relégation de la femme, le racisme, l’ethnicisme : ces fléaux existaient dans la Russie des Tsars et dans bien d’autres endroits aujourd’hui : regardez autour de vous.
Est-ce être "stalinien" que de reconnaître que l’URSS a réalisé d’immenses progrès en ces domaines et est-ce être "stalinien" que d’affirmer que les derniers dirigeants, en bradant leur pays aux multinationales ont précipité les populations dans la misère ?
Avant cela, je pensais à peu près comme vous : dictature, stalinisme. Mais au vu de la catastrophe des années 90, je me suis posé des questions. J’ai vu la chute sociale là-bas mais ici aussi, car nos acquis devaient beaucoup à la peur du communisme dans les sphères dirigeantes.
Je comprends que vous soyez indigné par l’oppression, mais je suis tout autant en colère contre les formes indiquées plus haut. Et par tout ce qui se passe dans" l’axe du bien !"
Je n’ai d’action chez personne et seule ma conscience me guide. Mais mon esprit scientifique ne peut se satisfaire d’une condamnation en bloc de tout un système (soviétique) sans essayer de l’étudier pour lui-même, de le comprendre pour en tirer un enseignement. Ma curiosité intellectuelle ne peut non plus se contenter d’une information biaisée sur l’histoire de l’URSS et de son peuple, héritée de la guerre froide.
Je ne puis non plus me cantonner dans une haine des "Russes," (ou de qui que ce soit) car pour moi les Sovièts ont des prénoms et des visages. Comme les Albanais, les Hongrois, les Polonais, les Congolais. Je hais la haine ! C’est aussi une fameuse oppression, non ? Et les étiquettes. Elles m’oppriment ! Je vous charrie un brin ! Gentiment.
Mes salutations fraternelles. Merci pour votre avis, manifestement intelligent et sincère. ! J’ai enregistré et j’en ferai bon usage dans ma communication avec autrui.Ces sujets me semblent délicats et ce n’est pas très facile pour moi. je suis plus à l’aise dans les histoires de petites molécules, cellules, etc.
little light
2. > Un ami hongrois., 16 octobre 2006, 02:44
Un souvenir me revient : quand j’étais en Fac, j’ai vu un jour débouler un gars tout sourire, dans la masse des carabins. J’ai su plus tard qu’il était d’origine hongroise, côté paternel.
Ayant appris mes origines russes (côté maternel), il me sort, rigolard, en guise de salutation : "Mon grand-père a combattu ton grand-père" ! Nous avons bien ri ensemble et sommes devenus bons amis. Une connivence s’est établie entre nous : nous étions tous deux "de l’Est". Cela nous conférait une aura un peu mystérieuse !
Tous deux, nous avions choisi , à 18 ans, d’étudier dur pour sauver des vies et, au-delà des histoires personnelles, c’était un idéal bien exaltant !
Il est devenu le Dr A. et moi le DR F. Il exerce son art dans sa campagne profonde. J’ai choisi la ville. Les années ont passé. Trop occupés, nous nous sommes perdus de vue. Mais je ne l’oublierai jamais. Ni ce premier jour où il s’est présenté. Je pense qu’il en va de même pour lui.
Le bon Dr A, s’il me voyait aujourd’hui, en train d’écrire ces textes quand j’ai tant à faire dans mon quotidien, il me dirait sans doute, en riant aux éclats : "Ahah ! je vois que tu n’as pas abandonné le combat ! Je te reconnais bien là. " Et nous partirions de concert d’un joyeux rire complice. On se comprenait, nous, les "gens de l’Est !" Que c’est bon, la fraternité !
Notre philosophie était la suivante : "Il vaut mieux allumer une seule bougie que de maudire l’obscurité"(Proverbe chinois).
little light