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Hôpitaux : les urgentistes en "grève illimitée" à partir de lundi

Publie le mardi 5 avril 2005 par Open-Publishing
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L’Association des médecins urgentistes de France (AMUF) appelle à un mouvement national de "grève illimitée" à partir de lundi pour dénoncer l’engorgement des services d’urgences dans les hôpitaux, les fermetures de lits, les restrictions budgétaires et exiger des moyens supplémentaires.

Le Dr Patrick Pelloux, président de l’AMUF, réclame la tenue d’un "Grenelle des urgences" et annonce une "mobilisation très forte" sur tout le territoire, avec des arrêts de travail, des assemblées générales et des "actions" en direction des Agences régionales d’hospitalisation (ARH). La population continuera toutefois à être accueillie dans les services.

"C’est un mouvement responsable et nous sommes astreints à un service minimum", a expliqué le Dr Pelloux dimanche à l’Associated Press. Les préfets peuvent en outre procéder à la réquisition des personnels nécessaires à la continuité des soins.

Avec ce mouvement, l’AMUF entend donner une ampleur nationale à la grève entamée depuis la mi-mars par les urgentistes bretons. Dans une lettre adressée le 29 mars au ministre de la Santé Philippe Douste-Blazy, l’association réclame notamment la création de 12.000 postes de médecins urgentistes, un moratoire sur "toute fermeture de structure de l’Urgence car il n’est pas possible de fermer les derniers lieux d’accueil quand toutes les autres formes de la permanence des soins disparaissent" ou encore la remise en cause de la tarification à l’activité (T2A) prévue dans le cadre du Plan Hôpital 2007.

"Qu’on cesse les plans d’économie et les fermetures ! Il y a des nuits où on finit avec 40 malades qui dorment sur des brancards par manque de place et ça, on en a marre ! On nous étrangle financièrement et on ne peut plus continuer à travailler dans ces conditions !", martèle Patrick Pelloux.

Reçus mercredi dernier dans la soirée au ministère de la Santé à Paris par le Directeur de l’hospitalisation et de l’organisation des soins Jean Castex, les urgentistes estiment n’avoir obtenu "aucune garantie" de l’application du plan "Urgence" doté d’un budget de 150 millions d’euros pour 2005. "Il y a un vrai dialogue avec Jean Castex qui nous a reçus six heures. Mais il faut arrêter les réunions consacrées à des évaluations. Maintenant, on est à un moment où il faut que des décisions concrètes, claires, soient prises", estime le Dr Pelloux.

Le médecin qui avait tiré le signal d’alarme lors de la canicule de l’été 2003 met également en garde contre les conséquences des "carences" du système pour l’été prochain. "On ne pourra pas assurer toutes les carences du système et toutes les fermetures de lit de l’été. Nous, on considère qu’on ne peut pas fermer plus de 5% des lits alors que chaque été, on va jusqu’à un tiers, voire 50% de fermetures !".

Le coup de gueule des urgentistes de l’AMUF ne fait toutefois pas l’unanimité. Le Dr François Aubart, président de la Coordination médicale hospitalière (CMH, principale coordination de médecins hospitaliers), s’est démarqué vendredi de l’appel à la grève, estimant que "Patrick Pelloux est un bon sonneur de tocsin, mais ses solutions ne sont pas adaptées".

"Les urgences se noient, c’est une réalité (...) Mais augmenter les moyens des seuls services d’urgences ne suffit pas si, derrière, l’hôpital ne coordonne pas les soins", a ajouté le Dr Aubart qui presse le gouvernement d’organiser une conférence tripartite entre Etat, représentants des patients et représentants des médecins du public et du privé pour mieux coordonner les soins. PARIS (AP)