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INDE : La réussite sociale du Kérala

Publie le jeudi 18 mai 2006 par Open-Publishing
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La réussite sociale du Kérala

LE Kérala est un État méridional de l’Union indienne, devenu le plus performant du pays en matière de santé, d’éducation et d’évolution démographique.

Tout au Sud, sur la côte occidentale du sous continent indien qui fut jadis un haut lieu du commerce des épices, le Kérala continue de faire figure d’exception.

Malgré la modestie de ses ressources, sa population jouit de la meilleure qualité de vie du pays. Les chiffres confirment ce que les villes du Kérala donnent à voir, une prospérité qui n’a guère d’équivalent ailleurs, partout des enfants avec le cartable à la main, la présence massive des femmes dans les rues ou dans les administrations, la remarquable qualité des infrastructures sanitaires.

Le taux de mortalité infantile est de 16/1.000 contre 70/1.000 dans l’ensemble du pays. Le taux d’alphabétisation dépasse les 90% et plus de 92% des femmes savent lire et écrire contre une moyenne nationale d’à peine 50%.
Dans le reste de l’Inde, on compte en moyenne 929 femmes pour 1.000 hommes (le ratio le plus défavorable du monde pour le sexe féminin), le nombre de femme dans l’État de Kérala est légèrement supérieur à celui des hommes (1.040 pour 1.000).

Il est vrai que 98% des accouchements ont lieu avec l’assistance d’un personnel spécialisé et que le taux de mortalité maternelle est de 1.1/1.000 contre plus de 12/1.000 dans l’État de l’Uttar Pradesh. Autres progrès : les filles du Kérala se marient en moyenne à 23 ans, et l’indice synthétique de fécondité est de 2 enfants par femme. La croissance de la population de l’État est aujourd’hui de 1.1% contre 2% pour l’ensemble du pays. L’espérance de vie est de 73 ans (contre 63 ans au niveau national).

Les observateurs tentent depuis longtemps de comprendre les raisons de cette originalité. L’accès à l’éducation et aux soins médicaux explique en grande partie ces bons résultats. Les différents gouvernements du Kérala ont mis l’accent sur le développement social. Une école fut construite dans chaque quartier afin de permettre un accès géographique. Dans les décennies qui suivent l’Indépendance, le Kérala est un des 2 États indiens à avoir un gouvernement communiste, plus porté que d’autres forces politiques à donner la priorité au social.

Résultat : les dépenses de santé et d’éducation dépassent largement la moyenne nationale. Le Kérala arrive en tête des États indiens en termes d’IDH (Indice de développement humain).

L’expérience du Kérala indique qu’aucune modernisation des comportements n’est possible si l’accent n’est pas mis sur la promotion de la santé, la scolarisation générale et l’amélioration des conditions de la femme.

On commence au niveau national à saisir l’importance de ces préalables, et des États voisins comme le Tamil Nadu semblent s’engager dans une voie analogue.

Risham Badroudine

Article paru dans Témoignages le jeudi 18 mai 2006

Messages

  • La différence de niveau de vie entre le Kerala et le Tamil Nadu est effectivement flagrante. Je ne connais pas les autres états indiens, mais le Kerala est certainement celui où les avancées sociales sont les plus évidentes. L’été dernier nous (mon compagnon et moi) avons réalisé un documentaire sur un couple Keralais vivant à Bologne et que nous avons suivi au Kerala pendant 2 semaines. Nous avons vécu grâce à eux au sein de la communauté catholique (25% des kéralais) et eu de nombreux contacts.
    De cette expérience, je voudrais ajouter quelques précisions à l’article (tout à fait intéressant) :
     d’abord le Kerala a une tradition communiste, des petits drapeaux "faucille et marteau" flottent au vent ici et là (au début ça surprend)
     mais l’éducation privée catholique est florissante
     la classe moyenne qui émerge doit sa nouvelle aisance à l’émigration massive des hommes dans les pays du golfe persique, le Kerala est un des principal fournisseur de main d’oeuvre : ouvriers, techniciens, manoeuvres sur les chantiers, chauffeurs...dans la famille de nos amis, presque tous les hommes sont exilés, les femmes gèrent les nouvelles richesse et les font prospérer, ou suivent leur mari (en Arabie Saoudite particulièrement) pour être infirmières, esthéticiennes, sages femmes. Les conditions de travail des hommes seuls sont certainement très dures - 11 mois au boulot , 1 mois au pays pendant 20 ans- mais l’avenir des enfants est devenu une préoccupation prioritaire. Pour tous les gens que nous avons rencontré cet exil est provisoire, c’est le sacrifice que s’imposent 1 ou 2 générations, pour permettre un avenir meilleur à leurs enfants.
     Le travail ne manque pas au Kerala mais les salaires des classes moyennes restent très bas (ils le sont encore plus au Tamil Nadu), une vendeuse gagne environ 50 dollars par mois, un employé de banque 70 dollars, comme le niveau de vie augmente beaucoup d’hommes et femmes choisissent l’exil.
    Il y a quelques tensions intereligieuses, mais sporadiques, on les sent peu. Les enfants vont à l’école, filles et garçons, il y a quelques années l’état a même organisé une campagne d’alphabétiation des personnes âgées destinée aux femmes.
    Le Kerala est un état magnifique, paisible, serein et je voudrais souligner le courage et la détermination de ses habitants, leur ouverture d’esprit, leur gentillesse, leur hospitalité.

    Céleste

    des extraits du documentaire sur le site :
    [http://www.fabionik.com]