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Infos luttes sociales Bulletin n° 112
30/6/2005
Comité de soutien aux salariés en lutte d’Arcade, Quick, McDo, Frog, FNAC, Disney, Virgin, Pizza Hut, etc.
Pour tout contact : CICP, 21 ter rue Voltaire, 75011 Paris (en précisant bien le nom du comité) - Chèques à l’ordre de ADC avec mention "soutien à Faty", à adresser à ADC (boite n° 45) c/o Maison des associations 35-37 av. de la Résistance, 93100 Montreuil.
Contact : fatysolidarite@hotmail.com
Informations et documentations sur les luttes et les initiatives en cours :
http://www.ac.eu.org/
Infos portant sur le mois de juin, rassemblées lors des deux dernières réunions du mercredi
Ce dernier mois nous ne nous sommes pas manifestés, tant à cause des nombreuses initiatives qui se sont accumulées que de l’arrivée des beaux jours, qui amènent avec eux les difficultés classiques de l’été. Des difficultés qu’il serait stupide de nier, mais que nous avons déjà affrontées précédemment avec un certain succès, donc que nous espérons surmonter cette fois-là encore. C’est pourquoi nous vous invitons à participer plus souvent aux pique-niques du vendredi soir dans les hôtels du groupe Accor : montrons-leur qu’ils ne sont pas prêts de toucher les limites de notre ténacité.
Grève à l’hôtel Astor
La semaine dernière, nous avions appris que le patron s’était enfin montré disposé à négocier, coincé sans doute par le fait que l’huissier avait bloqué son compte bancaire et que l’inspectrice du travail avait proposé sa médiation, et qu’une issue acceptable pour les grévistes semblait se dessiner. (Le temps de la négociation, les rassemblements devant l’hôtel ont été suspendus en signe de bonne volonté.) Mais peu après les choses ont pris une autre tournure : prétextant qu’il devait “ soumettre l’accord à ses actionnaires ”, le boss a fait traîner et entre-temps a fait appel du jugement qui le condamnait à payer les astreintes, arguant qu’il avait des éléments nouveaux pour justifier le fait d’avoir fait appel à des intérimaires. Une nouvelle séance a donc été fixée pour le 7 octobre. Son but est évidemment de faire durer en espérant que les grévistes craqueront.
Aux toutes dernières nouvelles venues de la CGT, toute perspective de négociation ne semble pourtant pas tout à fait close. A suivre...
CGT
Pascal Moussi, juriste travaillant pour Prudis, une boîte de formation contrôlée par la CGT, a été licencié le mois dernier. Ce qu’on lui reproche sur le fond, sinon dans la forme, c’est sa manière radicale d’affronter les patrons, son refus de se plier aux exigences de “ dialogue ” dictées par l’évolution récente du syndicat. Un comité de soutien composé de militants CGT s’est vite formé et l’a soutenu dans son combat. Nous qui l’avons apprécié ces dernières années dans son engagement en soutien à plusieurs luttes dans le secteur de la restauration (et notamment à McDo), nous ne pouvons que dénoncer l’attitude des bureaucrates de la CGT qui ont pris cette décision et lui manifester notre soutien, afin qu’il puisse continuer à offrir ses compétences à ceux qui luttent.
Accor et Arcade
Vendredi 3 juin c’est l’hôtel Ibis de la rue Trusseau, dans le 11e arrondissement, qui a reçu la visite des pique-niqueurs. Accueil sympathique, pas d’appel à la police. L’hôtel étant franchisé, on a eu droit une fois encore au discours selon lequel l’hôtel n’a rien à voir avec Accor. Mais alors pourquoi utilisent-ils son enseigne, son réseau de réservation, ses formules, sa pub ? Et ne sont-ils pas en position de demander des comptes sur les pratiques sociales du groupe qui les chapeaute ? D’ailleurs, ils ont eux-mêmes recours à la sous-traitance pour le nettoyage des chambres, même s’il ne s’agit pas d’Arcade.
Vendredi 10 juin, c’était au tour de l’hôtel Mercure Paris Montparnasse, rue de la Gaîté. Accueil courtois, sans plus : “ On a été mis au courant, d’ailleurs des procédures sont en cours... ” L’hôtel n’est pas franchisé et le personnel présent nous a assuré que l’hôtel n’avait plus recours à la sous-traitance.
Les clients étaient amusés, indifférents ou énervés, l’un d’eux plus particulièrement : “ Je suis client et je veux manger tranquille, donc je vous demande de vous abstenir...” “ Foutez-les dehors ! ” a-t-il ajouté en s’adressant au responsable des lieux. Lequel s’est donc senti obligé d’appeler la police, qui est arrivée sur les lieux environ une heure plus tard, sans pour autant pouvoir nous reprocher quoi que ce soit : notre pique-nique se déroulait, comme d’habitude, dans la bonne humeur. Nous avons ensuite compris qu’une réception d’entreprise était en cours au moment de notre visite - organisée au bénéfice de cadres d’Aventis - et que notre présence gâchait la fête, du moins au goût du cerbère qui chapeautait l’initiative.
Le quartier étant très fréquenté, de nombreux passants s’arrêtaient pour lire les affiches collées en banderole dans la rue devant l’hôtel. Certains se sont montrés tout à fait solidaires, ont discuté longuement et donné de l’argent en soutien à Faty. Un des policiers a fini par venir nous demander nos pièces d’identité, ce que nous avons refusé de faire en lui disant que de toute façon, ils nous connaissaient déjà, ce qui l’a légèrement énervé. Sur ce nous sommes partis, peu désireux de nous brouiller avec la police pour si peu...
Vendredi 24 juin, nous étions à l’hôtel Mercure de la porte de Pantin. Accueil courtois, ambiance feutrée. La directrice, dont nous avions apprécié l’amabilité à l’époque où elle dirigeait le Mercure de Château-Landon, alertée par son personnel, a tenu à parler à Faty au téléphone en exprimant le regret de ne pas pouvoir nous accueillir personnellement dans son hôtel ! Nous apprenons que, tout comme dans l’hôtel qu’elle dirigeait autrefois, ici la sous-traitance a été abandonnée et les femmes de chambre embauchées. Nous ne pouvons que nous en féliciter et inviter Mme Cathy Kopp à demander enfin à tous ses directeurs d’hôtel de faire de même...
La soirée a été calme, l’hôtel étant surtout fréquenté en semaine par des hommes d’affaires et ne donnant pas sur une voie très passante, mais a été égayée par quelques tentatives de discussion avec les rares clients, tous extrême-orientaux, et les quelques jeunes du coin, attirés par nos affiches qui leur faisaient croire à une fête...
Restaurants de la rue de Lappe
Le 31 mai dernier a eu lieu un rassemblement à la rue de Lappe en soutien aux cuisiniers de l’Havanita café et du Boollywood café, où des licenciements étaient en cours. Les pratiques des patrons ne sont pas une exception dans ce secteur, mais elle ne sont pas moins détestables pour autant : on se trouve confrontés à des petits caïds, qui se sentent autorisés à tout et voudraient être obéis au doigt et à l’œil. Et comme ils ne peuvent pas délocaliser, ils essayent d’importer les méthodes expéditives du tiers monde. Malheureusement ils sont tombés sur des gens qui ne se laissent pas faire et ont le courage de se battre. C’est dans ce genre de situations qu’il est indispensable de faire appel aux clients en les invitant à s’intéresser aux agissements des patrons. Depuis, les licenciements ont eu lieu, mais les salariés n’ont pas renoncé à se défendre et le soutien continue.
Kamel Belkadi
Le 15 juin, la cour d’appel de Nancy a condamné Kamel Belkadi à 2 ans de prison avec sursis pour l’incendie de l’usine Daewoo-Orion de Mont-Saint-Martin (alors occupée suite à une fermeture annoncée), alors qu’aucune preuve matérielle ne pesait contre lui et que l’accusation est démentie par quantité de preuves matérielles. Cette “ justice ” prend un caractère de classe de plus en plus évident : pour ne pas avoir à débrouiller les complicités haut placées dont a bénéficié un patron mafieux (comment, en l’occurrence, ne pas se demander “ à qui a profité le crime ? ”, puisque l’incendie a permis la mise en liquidation et mis fin à toute obligation de négocier un plan social), elle n’a pas hésité à se fabriquer un coupable facile, et du même coup à criminaliser la lutte de résistance dans laquelle il était engagé. Soyons sûrs que si un jour la vérité doit se faire jour dans cette affaire, ce sera dans très, très longtemps, lorsque l’amnistie couvrira tous ceux qui ont aidé ce patron à empocher une montagne d’argent public au nom de la création d’emplois partis en fumée en quelques années.
Répétons-le, pour nous, Kamel n’est coupable que d’une seule chose : s’être battu avec ses camarades de lutte. Nous lui réaffirmons toute notre solidarité.
Solidarité internationale
A Milan, le Collectif "Spazi Liberati" (Espaces Libérés) et des membres du Centre Social "Torricelli", ont relayé l’appel à dénoncer publiquement, partout en Europe où l’on trouve des hôtels de la chaîne Accor, le licenciement de Faty et le recours à la sous-traitance qui est à l’origine de conditions de travail détestables pour les femmes de chambre. Ils ont donc pris l’initiative d’une action d’information, avec distribution de tracts, devant l’hôtel de via Conca del Naviglio 20, à Milan, vendredi 24 juin. Nous espérons que d’autres suivront leur exemple.
Revue de presse
La newsletter Prol-position News (http://www.prol-position.net/ppnews/ppnews2.pdf) a publié un article sur la lutte contre la sous-traitance et pour le réintégration de Faty : “ Leafter on hôtel worker’s strike (Accor, France) ” n°2, mai 2005, p. 38-39.
Une synthèse des interventions à la table ronde sur “ Les femmes et le travail, entre inégalités et révoltes ” pour le forum “ Femmes en résistance ” a été postée sur le site :
http://www.resistancesdefemmes.org/Ed2004Debat1.htm
Le premier bulletin d’information du Collectif Anti-jeux Olympiques (CAJO), Hors-Jeux, consacre en page 4 un article aux pratiques d’une grande chaîne hôtelière : “ Accor : seul le profit est beau ”. Il a été distribué à la dernière manifestation de propagande en faveur de la candidature de Paris qui a rassemblé des milliers de personnes sur les Champs-Élysées le 5 juin.
Nos prochains rendez-vous :
Vendredi 1er juillet, entre 18 heures et 18 h 30, nous nous donnons rendez-vous
devant le siège d’Arcade, 80, rue du Faubourg-Saint-Denis (Métro Château-d’eau)
avant d’aller participer à 19 heures au rassemblement de soutien aux cuisiniers licenciés
de la rue de Lappe (Havanita café et Boollywood café)
puis pour notre visite traditionnelle chez Accor visant à obtenir
la réintégration de Faty et la fin de la sous-traitance du nettoyage
Amenez de quoi casser la graine
Mardi 2 juillet ont lieu plusieurs initiatives :
A 14 heures, devant le Comité National Olympique et Sportif Français, 1 avenue Pierre de Coubertin, dans le 13e (RER Cité-U) a lieu un rassemblement organisé par le Collectif Anti-Jeux Olympiques.
A 19 heures, à La Passerelle, 3 rue St. Hubert (métro St. Maur), a lieu une projection de trois films sur les grèves à McDo de Strasbourg-St. Denis (“ on n’est pas des steaks hachés ” de Alima Arouali et Anne Galland 2002, “ tempête dans un Macdo ” de Rossalinda Scalzone et Nathalie Boisson 2005, et si tout va bien, "knocking on the heaven’s door" clip de Giuseppe Mulé sur le 10 juin 2003.
A 20 heures, au Studio de l’Hermitage, 8 rue de l’Hermitage, dans le 20e (M. Jourdan ou Ménilmontant), une soirée de soutien aux grévistes de Virgin (paf 5 euros).
La prochaine réunion du collectif de solidarité aura lieu mercredi 6 juillet à 18h30
à la salle du dernier étage du CICP, 21 ter rue Voltaire (métro Rue des Boulets ou Nation)