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Intermittents : unanimité contre le plan de Donnedieu
Publie le samedi 8 mai 2004 par Open-PublishingDe la Coordination nationale aux parlementaires, sentiment d’impasse.
Par Bruno MASI
Le comité de suivi, composé de parlementaires de tous bords, de membres de
la coordination nationale, de la CGT-spectacle et de professionnels, n’a pas
tardé à réagir aux propositions faites mercredi par le ministre de la
Culture. Dans un premier temps par l’intermédiaire d’un communiqué, diffusé
quelques heures après l’allocution de Renaud Donnedieu de Vabres, dans
lequel il mettait en garde le gouvernement « quant aux graves dangers que
ferait peser sur la culture une attitude de blocage ».
Par une conférence de presse, ensuite, qui s’est tenue hier matin à
l’Assemblée nationale, et durant laquelle les élus et professionnels ont
demandé à Jean-Pierre Raffarin de revenir sur l’agrément du protocole
d’indemnisation signé le 26 juin. Etienne Pinte, député-maire (UMP) de
Versailles s’est déclaré « insatisfait », évoquant « des mesures timides qui ne
permettent pas d’écarter l’inquiétude ».
Les parlementaires ont à nouveau réclamé une expertise indépendante, portant
sur les chiffres de l’Unedic et le déficit des annexes 8 et10 (évalué par
l’instance paritaire à 828 millions d’euros), et sur les contre-propositions
élaborées par le comité et la coordination.
Quid de Sarkozy ? Ils sont également revenus sur les conditions
d’élaboration du « plan Donnedieu ». Il semble désormais acquis que le dossier
relève davantage du ministère de la Cohésion sociale de Jean-Louis Borloo,
voire de Bercy et de Nicolas Sarkozy, que de la Rue de Valois. Le ministre
des Finances apparaît en filigrane dans les mesures annoncées par le
ministre de la Culture, notamment dans la faible somme allouée par l’Etat au
Fonds d’urgence, soit 20 millions d’euros. Il ne serait pas étonnant de le
voir prochainement réapparaître dans les débats.
L’absence d’engagement de la CFDT et du Medef sur une possible renégociation
de l’accord, les déclarations de Denis Gautier-Sauvagnac, président de
l’Unedic, réaffirmant hier matin qu’il n’était « pas question de renégocier »
sont autant de signes qui, pour Patrick Bloche, député (PS) de Paris,
laissent « les portes irrémédiablement fermées ».
Si la marge de manoeuvre du ministre de la Culture semble aujourd’hui plus
que mince, qu’en est-il de celle du comité de suivi et de l’ensemble des
professionnels en lutte depuis dix mois ? Visiblement, elle n’est pas plus
grande. L’approche du Festival de Cannes, puis la redéfinition du champ
d’application des annexes 8 et 10, au plus tard le 15 juin, juste avant les
festivals d’été, laissent l’évolution de la crise dans le flou.
« Contestation » à Cannes. Luc Leclerc du Sablon, de la Société des
réalisateurs de films (qui organise depuis 1969 la Quinzaine des
réalisateurs) a assuré que les films seraient bien projetés, mais que la
Quinzaine aurait lieu « dans un esprit de contestation ». Jean Voirin, de la
CGT-Spectacle, s’est dit « déterminé », dans la lutte comme dans le respect
des films.
De son côté, le ministre de la Culture en a appelé à « la responsabilité des
artistes » pour que Cannes ne soit pas « paralysé ». Hier midi, une soixantaine
d’intermittents ont interrompu le journal de la mi-journée de Canal + et
sont restés sur place. Ils ont demandé à la direction de la chaîne
l’organisation d’un débat contradictoire, et une intervention quotidienne à
l’antenne pendant toute la durée du Festival de Cannes.