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Italie : référendum sur le nucléaire, l’eau et la justice

Publie le lundi 13 juin 2011 par Open-Publishing
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Les Italiens ont commencé à voter, dimanche 12 juin, pour trois référendums simultanés concernant l’immunité pénale de Silvio Berlusconi, un éventuel retour au nucléaire et la privatisation de l’eau. Ce nouveau scrutin, qui se clôt lundi midi, constitue un nouveau test pour le chef du gouvernement italien après sa récente déroute aux élections municipales.

Enjeu essentiel de ces scrutins lancés par l’opposition, le taux de participation : il doit atteindre 50 % plus une voix pour que ces référendums, abrogatifs de lois en vigueur, soient adoptés. Ce quorum n’a jamais atteint depuis 1995 pour ce type de vote. Dimanche soir, à la fermeture des bureaux de vote, le taux de participation s’établissait à 41 %.

Pour le Cavaliere, 74 ans, actuellement poursuivi dans trois affaires — pour corruption de témoin, fraude fiscale et faux en bilan, prostitution de mineure et abus de pouvoir —, l’abolition de la loi dite "d’empêchement légitime" serait problématique. Car elle permettait jusqu’ici d’éviter de se présenter à ses procès en raison de ses obligations de premier ministre.

"PRÉPARER LE TERRAIN"

"Si nous arrivons à obtenir le quorum sur l’empêchement légitime, cela montrera que les gens ne veulent plus du système Berlusconi", a expliqué à l’AFP Margherita Lodoli, 28 ans, travailleuse humanitaire à Rome, au sortir du bureau de vote. "Malheureusement, il s’en tirera, comme toujours, mais ça préparera le terrain pour les prochaines élections", a-t-elle ajouté.

En stoppant son programme nucléaire en avril dernier, clame l’opposition, le chef du gouvernement a voulu vider le scrutin de sa substance. Une manœuvre qui pourrait dissuader les Italiens de se déplacer pour voter sur l’empêchement légitime.

L’Italie, qui comptait une poignée de centrales, avait en effet abandonné le nucléaire par référendum en 1987, dans la foulée de la catastrophe de Tchernobyl. Mais le gouvernement Berlusconi avait fait du retour à l’atome l’un de ses projets-phares. Cependant, en avril dernier, il avait donné un coup d’arrêt provisoire à ce programme.

Les résultats sur la question nucléaire, qui concerne précisément la construction de quatre nouvelles centrales, ne bouleverseront donc pas dans l’immédiat la donne sur l’atome civil en Italie. Mais ils constitueront un bon indicateur de l’opinion publique sur cette énergie après la catastrophe de Fukushima au Japon et l’abandon du nucléaire par l’Allemagne.

"EFFETS IMPRÉVISIBLES" DU SCRUTIN

Le troisième référendum porte sur la libéralisation du secteur de l’eau. Cette ressource restera un bien public, mais sa gestion et sa tarification pourraient évoluer.

Une forte participation, qui signifierait un échec du camp Berlusconi, viendrait affaiblir encore le gouvernement. Il y a quinze jours, la coalition au pouvoir a déjà été fragilisée par le revers qu’elle a subi aux municipales partielles, perdant entre autres son fief de Milan.

Pour Eugenio Scalfari, cofondateur du quotidien de gauche La Repubblica, un tel résultat aurait des "effets imprévisibles". "J’exclus la démission de Berlusconi mais je n’exclus pas l’implosion du PDL [Peuple de la liberté, le parti de M. Berlusconi] et de la Ligue du Nord", son allié crucial au gouvernement, estime l’éditorialiste.

Les partisans du référendum ont multiplié concerts, spectacles et manifestations, dimanche, pour inciter les gens à aller voter. Les initiatives allaient du rabais dans des bars, restaurants ou bijoutiers à des massages ou des cours de yoga. Voire, comme à Naples, des prix sur les locations de transats à la plage pour les habitants munis de leur carte électorale estampillée.

http://www.lemonde.fr/europe/article/2011/06/13/italie-referendum-sur-le-nucleaire-l-eau-et-la-justice_1535291_3214.html

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