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JOURNÉE DU 6 FÉVRIER 1934

Publie le lundi 6 février 2006 par Open-Publishing

Accident ou complot, le 6 février 1934 est la plus grande journée parisienne de colère depuis la Commune. Daladier a formé un nouveau gouvernement le 30 janvier.

Il déplace le préfet de police Jean Chiappe, suspect d’entretenir trop de liens avec l’extrême droite. L’esprit frondeur de la petite bourgeoisie, volontiers nationaliste et antiparlementaire, le mécontentement des anciens combattants devant le désordre économique et moral du pays s’attaquent, poussant en avant les ligues et le conseil municipal de Paris, à un régime dont le personnel politique a été éclaboussé par le scandale Stavisky (cause immédiate de l’explosion du 6 février) et veulent défendre les franchises locales contre l’autoritarisme gouvernemental.

Attaqué par L’Humanité comme par la presse conservatrice, Daladier démissionne le 7 février, malgré l’appui parlementaire. Pour la première fois, depuis la fondation de la IIIe République, un gouvernement légalement investi était culbuté par l’agitation de la rue. La gauche est incapable de mettre sur pied une majorité cohérente. La droite qui voulait revenir seule aux affaires triomphe. Pourtant, aux scissions et aux hésitations des socialistes, à l’isolement du parti communiste, le coup d’éclat du 6 février va apporter un ferment nouveau : l’antifascisme.

Les ligues d’extrême droite (Croix de feu, Jeunesses patriotes, Camelots du roi), bien que divisées, jouent un rôle essentiel dans le déroulement de cette journée qui a fait seize morts autour de la place de la Concorde. La gauche répond le 9 et surtout le 12 février par une grève générale à Paris et en province. Des masses considérables se retrouvent derrière les chefs socialistes et communistes, auxquelles se joignent certaines personnalités radicales : la rencontre sur le cours de Vincennes des cortèges socialistes et communistes symbolise le désir d’unité de la classe ouvrière.

Période d’agitation idéologique où, à gauche comme à droite, l’opinion publique, depuis 1932, commence à mettre en cause le régime. On parle de renforcement de l’État, mais aussi de dictature de l’argent, d’injustice sociale. La crise politique et sociale est encore avivée par les tensions et tentations extérieures. Une fragile détente suit les journées de février 1934, mais l’union nationale incarnée dans le gouvernement Doumergue se désagrège tandis que la gauche se regroupe. L’onde de choc de cette journée du 6 février 1934, par certains aspects ambiguë, s’élargira au-delà même du succès du Front populaire en 1936.

Source : Encyclopédie Universalis