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Je ne sais si le conte est bon, mais elle fait des bonds sur ses comptes !

Publie le vendredi 20 février 2009 par Open-Publishing
5 commentaires

Il parait que la moutarde lui monte au nez, c’est bon signe.

"Les profits des entreprises se divisent en deux et non en trois" aurait déclaré, péremptoire, limite fâchée, Laurence Parisot, la patronne du Medef.

Camarade !!

Je ne suis pas loin de lui donner raison.

D’autant que la troisième partie, son existence même est un vol manifeste.

Je ne sais à qui nous devons cette Révélation, pourquoi au bout de plusieurs siècles de lutte de classe acharnée le patronat par la voix de sa présidente aura trouvé le chemin de la raison.

Donc répartissons en deux.

Ce qui va à la rémunération du travail, ce qui va à la pérennisation et la modernisation de l’outil de travail.

Attendez, ça sonne dans mon oreille droite.

"Oh !! Béotien inculte en économie", me dit la petite voix de la conscience de la bourse et de la présidente du Medef réunie, "Et comment rémunères-tu la prise de risque ? C’est cela que dame Parisot voulu dire."

"Bonne question" lui dis-je "de quoi parle-t-on ?

"Quelle prise de risque ? Qui prend des risques ? Celui qui attend son dividende ou celui qui attend son inscription à l’ANPE après le plan social qui fait monter l’action en bourse et mécaniquement fait monter les dividendes ?"

Cela mérite de ne pas se précipiter pour répondre. Foin de l’idéologie. Comme le disait un de mes multiples chefs de dépôt quand il était coincé, "restons pragmatique"*

"Comment l’entreprise fonctionne-t-elle réellement" dis-je, intéressé, à la muse de dame Parisot

Reformulons la question en langage audible pour un(e) médéfien(ne) moyen(ne), histoire d’obtenir une réponse socialement cohérente :

"Comment rémunère-t-on la prise de risque par ceux qui réellement les prennent ?"

Elle a entendu, prise de risque, ça lui parle.

Cernons le propos :

"Et donc, qui les prend ? Sont-ce ceux qui téléphonent à leur agent de change pour liquider une poignée d’obligations pour pouvoir moderniser la passerelle du yacht ou sont-ce ceux qui sont victimes des accidents de trajet, de travail, les maladies professionnelles etc. qui assure la rémunération des obligations en question ?"

Silence comme si arrivait Pâques en Carême.

"Donc améliorer les conditions de travail augmenter les salaires et développer la protection sociale, si c’est bon pour beaucoup des uns c’est mauvais pour peu : les autres".

Personne ne répond, cela mérite d’être regardé de plus près.

D’un côté, d’après l’INSEE, 95% des actifs du pays sont des salariés et ensemble, d’après les chiffres officiels, ils ne touchent (chiffre moyens de ce début de millénaire) que 51% des richesses crées ?

La petite voix de l’ange gardien stridule dans mes oreilles "mais t’es fou, combien ça va couter ?"

Moi : "A qui ?"

Elle : "Et ma passerelle ? "

Moi : "Ca y est, nous y voilà."

"Cela coûte. Oui. Donc, il faut faire des économies ciblées, efficaces pour le plus grand nombre.

C’est pour cela qu’il faut supprimer le parasitisme économique que représente l’actionnariat".

(J’entends dans mon oreille le bruit d’une chute que la syncope créée par mes propos a due provoquer)

"A qui appartient l’entreprise alors ?" me dit mon facteur, de passage, qui n’avait pas encore entendu ce type de propos.

"Oui !!" se réanime la fondée de pouvoir de la probloc en colère, "oui, à qui qu’elle est l’entreprise hors de ses actionnaires ?"

Moi : "Bon, à mon tour de parler, stupide idéologue formatée par des années d’ESSEC et autre fac d’éco. Sache qu’elle appartient à ceux qui la font vivre : ses salariés qui la font tourner et ceux qui usent pour leur quotidien du fruit de son activité.

D’ailleurs s’ils sont 95% des actifs du pays c’est donc l’application de la démocratie à l’économie."

La nature des bruits qui parviennent à mon oreille indique un courroux de grande envergure.

Moi : "Comment, tu es contre ? Et ta chef aussi ?"

"Dites, m’dame Parisot, z’êtes pas sur que la petite voix de votre conscience ne soit pas un tantinet totalitaire ?"

"Ah c’est pour cela que vous êtes en colère ?

Les luttes qui montent vous obligent à vous démasquer ?"

Hep camarades il y a urgence à pousser plus fort et vite

Quand le MEDEF se fâche c’est qu’on avance. Poussons les feux de sa colère.

Canaille le Rouge, 19/02.09

*pragmatisme : en gros, pour ne pas allonger, Le pragmatisme est une doctrine selon laquelle n’est vrai que ce qui fonctionne réellement.

par canaille le rouge

Messages

  • D’accord avec vous, à condition que les entreprises, quand elles ont besoin de liquidités, se contentent d’émettre des obligations à un taux un peu supérieur à celui du livret A pour attirer les participants, au lieu de vendre des actions, microtitres de propriété de l’entreprise qui auraient dû rétribuer les petits actionnaires un peu au-dessus du pourcentage du livret A. mais qui leur ont tout fait perdre.

    Actuellement les petits actionnaires, qui n’ont aucun pouvoir décisionnaire , voient la direction encaisser un bonus et des salaires gigantesques alors que la valeur de leurs actions tombe à zéro ou pas loin et que la direction décide de ne leur verser que 0,04% de dividendes ou pas de dividendes du tout . Ceux qui ont commencé à travailler avant l’obligation pour les patrons de les affilier à une caisse de retraite complémentaire et qui comptaient sur ces dividendes pour la remplacer ont perdu leurs petites économies pour rien. Les entreprises ne trouveront plus de petits actionnaires pour leur fournir des liquidités en prenant tous les risques . Et le comble, c’est qu’on essaye de faire passer ces petits actionnaires pour les responsables de la crise et pour des profiteurs.

    Ceux qui n’ont aucun pouvoir de décision, qui ont pris tous les risques et qui n’ont plus rien sont les employés licenciés et les petits actionnaires d’une entreprise, petite ou grande.

    A quand la nationalisation des entreprises, l’émission d’obligations à rendement fixe et sur une courte durée quand elles ont besoin de liquidités et la transformation des actions déjà détenues en obligations sur vingt ans, durée estimée de la vie de ceux qui les détiennent pour remplacer une retraite complémentaire ?
    On retrouvera ainsi un système économique plus sain et plus juste .

  • Prise de risque ?Faudra en parler aux salariés d’Amora,8 milliards de bénéfices en 2008et délocalisation de l’entreprise.Tous les risques sont toujours pour le salariat.Après on apprend que Conforama envisage 800 licenciements,la Redoute 400 et la Fnac 200.Il en prend des risques Pinault Valencienne ?Le seul risque que le merdf prend,c’est qu’un jour nous les traitions comme ils méritent !momo11

  • Attention à la façon dont les entreprises via les medias annoncent leurs pertes avec en bruit de fond, un plan de licenciements. Par exemple, ce matin j’ai entendu qu’une entreprise, dont j’ai oublié le nom, était en difficulté parce que son bénéfice avait chuté de 15 % par rapport à 2008. Ca veut donc dire, non pas qu’elle n’a pas fait de bénéfices, mais juste un peu moins. Est-ce que cette annonce mérite qu’il faille licencier des travailleurs, ou en tout cas faire planer cette menace ? NON.

    Quant aux petits actionnaires qui voulaient améliorer l’ordinaire, ben au lieu de mettre leur argent sur le livret A (limité) à un très faible taux (dans le passé) ont tenté le drop, qui vient de se transformer en flop. Peut-on les en blâmer ? C’est le système du sauve qui peut. On voit aujourd’hui les limites de cette option. C’est à remettre à plat.

  • Bonjour,
    je ne sais pas qui a eu l’idée de mettre les contes de la Canaille en ligne sur le site de Bella ciao. Merci, cela m’a rendu écarlate de confusion.

    Merci de cet honneur, si cela peut détendre l’atmosphère, pourquoi pas.

    Si l’avis m’avait été demandé, j’aurais suggéré l’emprunt du billet "Un homme est mort. Tué par le colonialisme et ses complices, une lettre ouverte à ceux qui me disent que je manie l’outrance" ou "Ils n’en ratent pas une", deux un textes plus à la hauteur de ma colère dans la période. Et posant les responsabilités.

    Mais comme la mise à jour est régulière, pour les contes comme pour l’actu, rendez vous sur http://canaille-le-rouge.over-blog.com/

    La Canaille, qui vous salut bien