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L’ALLIANCE DE l’UMP ET DU GOUPILLON QUAND MONSEIGNEUR 49-3 S’EXPRIME !

Publie le mercredi 5 avril 2006 par Open-Publishing
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article de golias (canard anchaîné de l’eglise catholique) (basé à Lyon)

Mgr Vingt-Trois (archevêque de Paris) et le CPE
La confusion des genres
Pascal Janin, 30 mars 2006

Le week-end dernier, Monseigneur Vingt-Trois s’adressait aux jeunes à l’occasion du pèlerinage des étudiants à Chartres. Or, en évoquant la crise provoquée par le CPE, il semble avoir oublié un principe fondamental de la réflexion chrétienne, notamment depuis la fameuse formule de Chalcédoine de « l’union sans confusion des deux natures du Christ » jusqu’au dernier Concile et son insistance sur la « juste autonomie des réalités terrestres » en passant par la devise de Jacques Maritain, « distinguer pour unir ».

L’archevêque de Paris a, en effet, offert à ses auditeurs un discours qui les plonge dans la confusion des genres. Il passe, sans avertir, de l’exhortation spirituelle à l’analyse sociopolitique et vice versa.AVEC lui, bien sûr, nous pouvons affirmer que le vrai bonheur c’est le Christ ; « personne ne peut l’apporter tout cuit sur un plateau avec le talisman d’un diplôme (... ) Ce bonheur, il est le fruit de l’amour qui transforme notre vie et qui lui donne une dimension nouvelle. Il n’est pas le repos après l’effort ; il est le réveil quotidien de l’inquiétude pour la vie de nos frères ».

Mais comment comparer cette inquiétude, attitude mystique vécue dans l’assurance de la foi, avec « l’anxiété face à l’avenir » qui taraude nombre de nos contemporains parce qu’ils ne savent pas si demain ils pourront manger ou se loger, même en France !

La Doctrine Sociale de l’Eglise nous rappelle au contraire la nécessité de lutter de toutes nos forces contre cette insécurité afin que tout homme et toute femme puisse vivre selon sa dignité.

Certes notre “société de consommation” est à critiquer, mais, justement, non pas parce qu’elle assure la sécurité. Bien plutôt parce qu’elle engendre la précarité pour un nombre croissant de personnes !

Monseigneur aura sans doute eu des informations sur les (sic ! pas « des ») AG des facs « manipulées et les décisions arrachées par des minorités d’influence » qui ne sont peut être pas complètement fausses, - tout juste un peu partielles et partiales -. Mais la comparaison de ces situations complexes avec les « fantômes des totalitarismes » rappelant l’Allemagne et la Russie du siècle dernier, montre le simplisme de l’analyse !

Certes le Christ est « celui qui ne déçoit pas et qui ne trompe pas », mais quant à dire qu’il « nous garantit la véritable sécurité, celle qui vient de Dieu », il y a un pas qu’il faut franchir en se rappelant la passion ! Paradoxale sécurité !

Et puisque Monseigneur s’interroge, en même temps que les jeunes, en leur demandant : « sommes- nous prêts à faire confiance à Dieu et à risquer nos sécurités dans le service de nos frères ? Ou bien préférons-nous la société de consommation et de la protection du niveau de vie ? », nous aimerions préciser la question : « cher frère évêque, es-tu prêt à aller vivre dans un squat, sans protection sociale ni sécurité ? »

La confiance totale que nous demande le Christ, l’insécurité et l’inquiétude mystiques auxquelles il nous convie, ne sont jamais l’humiliation de devoir demander son pain, à moins d’identifier la vocation baptismale à celle d’un Pierre Valdo ou d’un Saint François. Ce que l’Eglise n’a jamais fait ! Mais il est vrai, après réflexion, qu’un archevêque mendiant pourrait être un signe fort.

Cher frère André, rejoins donc Mgr Gaillot ou l’abbé Pierre auprès des plus pauvres et lutte avec eux pour leur sécurité matérielle !

Je résume : confusion des genres, faiblesse de l’analyse...

Regardons sa lecture du récit de l’aveugle-né. Là encore, la clairvoyance n’est pas le charisme de Monseigneur. Passons sur une erreur puisque Monseigneur pense que « tout le monde veut contester ce qui est évident : il est aveugle et maintenant il voit », ce qui est faux puisque les témoins sont divisés (Jn 9, 8) et les parents conscients du changement (9, 20).

L’archevêque de Paris poursuit en affirmant que « notre monde super-médiatisé regorge de spécialistes autoproclamés, capables de tout vous expliquer et de vous convaincre qu’ils avaient tout prévu, surtout après coup »...

Le diagnostic n’est pas complètement erroné, à condition d’y inclure aussi les prises de positions d’une Eglise qui s’autoproclame « experte en humanité », et qui parfois laisse parler des experts dont on ne sait d’où vient leur autorité (juste pour confidence, je pense à Monseigneur Anatrella !).

C’est pourtant bien la question que les scribes et les pharisiens adressent à propos de Jésus, en remettant en cause le signe qu’il vient de poser. Cette interrogation, pointe de ce récit de Jean, nous place tous (nous aussi donc, autant que Monseigneur ou les jeunes pèlerins !) dans l’insécurité de discerner si nous sommes encore avec les tenants d’un pouvoir religieux et politique caduque ou avec l’aveugle-né qui confesse sa confiance dans le Seigneur !

Les étudiants, à Chartres, auraient dû pouvoir entendre une exhortation plus pertinente... Mais ce n’était que l’archevêque de Paris qui leur parlait : on comprend peut-être pourquoi il n’est pas cardinal !

Pour une fois, nous sommes d’accord avec Benoît XVI !

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