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L’Est entre instabilité et mythologies

Publie le dimanche 24 septembre 2006 par Open-Publishing
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de Tommaso Di Francesco traduit de l’italien par karl&rosa

Ils voulaient qu’on lise un communiqué comme à la veille de la révolte de 1956, ils agitaient des drapeaux troués sans les symboles du socialisme réel, comme ceux des insurgés d’il y a cinquante ans - et pourtant le drapeau actuel n’est depuis presque quinze ans que tricolore. Ils hurlaient : "’56, ’56...".

Ainsi, soudain, la protestation de milliers de personnes contre les aveux du premier ministre Ferenc Gyiurcsany a dégénéré dans l’assaut au palais de la télévision par des centaines d’adhérents de l’extrême droite "chrétienne" et contre la société de consommation - et anticommuniste - de Jobbik, le "Mouvement pour une Hongrie meilleure.

Un pays tranquille a précipité pendant une nuit dans une spirale proche d’une guerre civile, avec des centaines de blessés et des affrontements à Budapest et dans d’autres villes. Le fait est que le premier Gyurcsany a joué un mauvais tour. Il a secrètement admis qu’il avait trompé sur la réelle situation économique les citoyens hongrois aux dernières élections d’avril dernier qui l’ont vu triompher avec sa coalition de centre-gauche. Des mots confidentiels mais secrètement enregistrés et diffusés publiquement.

Gyurcsany, ex jeune communiste et - comme tous les « ex » - entrepreneur milliardaire tout de suite après, machiste, décidé, semble l’homme idéal pour déchaîner des haines et des antipathies. Hier, il a pris des mesures. A dix jours des élections locales, il a repoussé les démissions demandées par la rue et a lancé un appel contre la violence avec le centre-droit parlementaire de Viktor Orban, qui a pourtant versé de l’huile sur le feu. Mais les raisons de la protestation demeurent. Parce qu’il n’y a pas que son mensonge grossier. Il y a ses mesures fiscales qui coupent une grande partie des dépenses sociales qui restent et qui voient même l’opposition de très faibles syndicats.

C’est le paradigme actuel de l’Est. 17 ans après la chute du Mur de Berlin et les choix de ’89, le nœud de la mission et de la légitimité de la politique en l’absence d’un rôle de protagoniste de la société bouleversée par le néolibéralisme se propose à nouveau sous des formes différentes. Un court-circuit qui précipite dans la violence, le nationalisme, l’orgueil ethnique - en Hongrie couve la « question magyare » - la xénophobie et l’anticapitalisme réactionnaire et « chrétien ».

Ce sont les spectres qui réapparaissent dans la République tchèque et en Pologne. Où, pour justifier l’ambiguïté d’une adhésion aux choix néolibéraux ou bellicistes de l’Occident - y compris en 2003 la guerre de Bush en Irak - on évoque les mouvements des années ’80 (Solidarnosc et Charta 77) qui avaient une valeur et un soutien bien différents. En allant, comme cette fois, jusqu’à la mythologie de « ‘56 » , qui sera célébré en Hongrie dans un mois. Et quand on pepnse que ce sont des pays qui ont adhéré depuis 1999 à l’Alliance atlantique et depuis 2004 à l’Union européenne. Loin de ’56. Si les flammes reviennent, cette fois dans les rues de Budapest pourraient intervenir les chars de l’OTAN.

http://www.ilmanifesto.it/Quotidian...

Messages

  • La désinformation anti-communiste et anti-soviétique a bien fonctionné à l’Est comme à l’Ouest.
    Des sommes colossales y ont été consacrées et cela continue.Les commémorations en Hongrie sont orchestrées par un spéculateur hélàs bien connu.
    Pourtant, du temps de l’URSS, un marché commun existait entre les démocraties populaires.
    Par exemple les bus hongrois étaient achetés par l’Union Soviétique : qui veut maintenant des bus hongrois ?
    En échange, l’URSS fournissait des matières premières, des technologies de pointe.
    Le mur de Berlin s’est effondré ?
    Et qu’en est-il résulté ? Quel progrès pour les populations de l’Est et de l’Ouest ?
    Les peuples commencent à se réveiller et à voir clair. L’impérialisme US est pour beaucoup dans cet électrochoc .
    Le néolibéralisme s’est attaqué, tel un cancer, à notre système social. L’argent et le pouvoir sont entre de mauvaises mains, toujours les mêmes.
    En Hongrie comme en Occident. Cela nous fait au moins un point commun.Bienvenue au club.
    La différence, c’est qu’ils s’imaginent là-bas qu’en qu’en étant serviles devant les Maîtres du monde, ils vont s’en sortir.
    Nous avons une longueur d’avance : nous savons que nous n’avons plus rien à perdre et surtout pas du temps à autre chose qu’à nous sauver du naufrage du Titanic occidental. Ses guerres, ses pompes, ses oeuvres.
    Aux Résistants(e)s, je dis:courage.

    Walevska