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L’embrouille des 35 heures revient pour alimenter le débat droit/gauche d’ici 2012

Publie le mercredi 5 janvier 2011 par Open-Publishing
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Manuel Valls, quoiqu’il pense de lui-même, est une personnalité politique de second plan. Le fort écho accordé à ses déclarations en faveur d’une remise en cause des « 35 heures » et de l’allongement de la durée moyenne hebdomadaire du travail correspond à un calcul politique qui le dépasse.

Il s’agit de faire de cette question l’un des sujets centraux qui doivent animer l’interminable campagne électorale des présidentielles de 2012. Il est de nature à mettre en scène pour les électeurs une polarisation gauche/droite.

La gauche défendra les lois de 1999 et de 2000 de Mme Aubry, présentées comme une avancée sociale mais qui, en fait, ont accordé des cadeaux énormes au patronat contre des avantages très précaires à une partie des salariés.

La droite, en partie, rejointe par des petits politicards comme Valls, pousse le débat sur les « 35 heures » pour obtenir de nouvelles dégradations du droit du travail.

Tout ça, c’est pour 2012.

Le gouvernement, par la voix du ministre Xavier Bertrand, a pris garde de rassurer les patrons de PME et du MEDEF. Il n’est pas question pour le pouvoir, quelques semaines après les grosses mobilisations de salariés pour défendre les retraites, de recréer un nouveau front de lutte qui pourrait remettre en cause tous les avantages attribués au patronat depuis 2000 par les dispositions sur la flexibilité ou la défiscalisation des heures supplémentaires. Pas question davantage de remettre en cause les accords négociés par entreprise avec les syndicats.

La semaine de travail de 35 heures est encore à conquérir.

Les lois Aubry coûtent très cher aux travailleurs. Les exonérations de cotisations sociales patronales aux dépens de la Sécu et budget de l’Etat, au nom des « 35 heures », représentent 20 milliards d’euros par an, davantage que le déficit affiché. La « modération salariale » dictée par la gauche plurielle a permis de bloquer les salaires réels pendant des années. La flexibilité généralisée du travail, dans le cadre de l’annualisation du temps de travail, a permis au patronat de profiter d’importants gains de productivité. Aubry l’appelait la « souplesse ».

En échange, une petite partie des salariés a réellement vu son temps de travail hebdomadaire diminuer, au prix d’une augmentation de l’intensité du travail, de la chasse aux « temps morts », du rétablissement des pointeuses et des mouchards. D’autres ont gagné quelques jours de « RTT ».

L’effet sur l’emploi n’a pas pu être démontré, tellement l’intensification de la charge de travail a été grande.

Ces quelques avantages ont été méthodiquement rognés, à cause de la faiblesse de la loi, après le retour de la droite en 2002. Les salariés des PME n’en auront jamais bénéficié. Les patrons qui en ont besoin peuvent maintenir la semaine de 39 heures, et recourir aux heures supplémentaires comme au chômage partiel à moindre coût, aux frais de la collectivité.

Le patronat est prêt à en profiter encore plus. Passer à la semaine officielle de 38 heures, en finir avec les jours de RTT, sans augmentation de salaire et sans remise en cause des déductions de cotisation sociale, ne peut que lui plaire ! Au nom de la compétition mondialisée, bien sûr !

Communistes, nous serons au premier rang pour combattre la remise en cause de tous ces acquis des travailleurs.

Pour autant, il n’est pas question pour nous de rentrer dans la mythification des lois Aubry et l’héritage de la gauche plurielle.

Les 35 heures hebdomadaires réelles, la suppression des exonérations de cotisations patronales, la fin de la « flexibilité », des augmentations de salaires : voilà les revendications syndicales et politiques que nous appuyons et que nous portons !

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