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L’emploi salarié stagne, une mauvaise nouvelle pour le chômage et l’Unedic

Publie le vendredi 17 juin 2005 par Open-Publishing

L’emploi salarié a stagné en France au premier trimestre 2005, après une année 2004 morne, une situation qui devrait peser sur l’évolution du chômage dans les prochains mois et creuser un peu plus le déficit de l’Unedic, dans un contexte économique toujours déprimé.

L’emploi salarié dans le secteur concurrentiel a reculé de 6.000 postes (-0,0%) au premier trimestre et légèrement augmenté de 0,3% sur un an, selon les statistiques du ministère de la Cohésion sociale publiées jeudi. Il totalise désormais 15.424.800 personnes.

Cette stagnation fait suite à une année 2004 déjà décevante —17.200 créations d’emplois seulement sur l’année —, après un recul de l’emploi en 2003.

Comme les trimestres précédents, elle s’explique par d’importantes destructions de postes dans l’industrie, qu’ont tout juste compensées les créations d’emplois dans la construction et le secteur tertiaire.

L’hémorragie de l’emploi industriel, entamée il y a maintenant quatre ans, s’amplifie même depuis le début de l’année, avec 32.000 destructions de postes (-0,8%), contre seulement 14.000 au dernier trimestre 2004.

Cette stagnation de l’emploi alors que la population active continue d’augmenter, a eu des répercussions immédiates sur le chômage : 37.500 demandeurs d’emplois supplémentaires ont été enregistrés au total au premier trimestre, selon les économistes de l’Unedic.

Plus inquiétant, ces conjoncturistes estiment que la tendance ne devrait pas s’améliorer dans les prochains mois, au vu d’une croissance économique plus faible que prévu et bien insuffisante pour faire redémarrer les embauches.

Négociations à l’automne

L’assurance-chômage devrait en effet réviser à la baisse son hypothèse de croissance pour 2005 — qu’elle avait jusqu’à présent évalué à 1,9% —, à l’occasion de la publication de ses prévisions financières le 29 juin.

 »Cela va nous amener à revoir également à la baisse le nombre de créations d’emplois prévues pour 2005 (+164.000) et l’ampleur de la baisse du chômage (-110.000 chômeurs) », prévient l’organisme.

Cette nouvelle donne aura des »répercussions mécaniques » sur les finances du régime d’assurance chômage, déjà aux prises avec un déficit abyssal, ont-ils averti.

Selon les dernières prévisions publiées en mars — qui se basaient encore sur une hypothèse de croissance de 1,9% —, le déficit cumulé de l’Unedic devait atteindre 12,7 milliards d’euros fin décembre 2005.

Mais »il a déjà dépassé de 200 millions d’euros les prévisions sur les quatre premiers mois de l’année », soulignait récemment Jean-Claude Quentin (FO), selon qui il pourrait atteindre 13,7 mds EUR à la fin de l’année.

La question financière devrait donc être au centre de la renégociation de la convention d’assurance-chômage que les partenaires sociaux doivent entamer à l’automne prochain.

Il y a trois ans, la situation déficitaire de l’Unedic avait déjà conduit patronat et syndicats à augmenter les cotisations et à réduire la durée d’indemnisation du chômage.

Ces perspectives sont également une épine dans le pied du gouvernement, qui a fait de l’emploi sa »priorité absolue » pour les prochains mois, en se gardant toutefois d’avancer des objectifs chiffrés.

 »L’emploi ne se décrète pas, il est le fruit de conditions économiques, de conditions sociales ». Il dépend aussi de »l’exigence de formation. C’est ce à quoi nous travaillons », s’est borné à déclarer jeudi le ministre délégué à l’Emploi, Gérard Larcher.

http://www.tageblatt.lu/edition/article.asp?ArticleId=36138