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L’insurrection qui ne vient pas
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Quel enchaînement ! Après 9 mois d’une crise économique sans précédent, succédant à une offensive historique de l’oligarchie économique contre le salariat, le peuple souverain offrait dimanche 7 juin une victoire psychédélique à Sarkozy et sa clique nuisible de l’UMP.
Le samedi suivant, nos Pieds Nickelés de syndicalistes appelaient sans la moindre logique à une manif qui fit évidemment un flop retentissant. S’abstenir massivement de voter le dimanche pour aller manifester stérilement 6 jours plus tard, j’avoue que la logique de cette contestation m’échappe totalement !
Dès le lendemain, hier donc, retour de manivelle en pleine gueule : le nouveau ministre du travail, rapatrié après avoir fidèlement rempli sa mission nauséabonde de traque populiste de rastacouères, et désormais chargé de traquer les travailleurs, montre en quelle estime il tient les manifestants. Prenant pour modèle son collègue Frédéric Lefebvre, il annonce coup sur coup une nouvelle offensive sur le “travail du dimanche”, et, puisque c’est la fête, en remet une louche sur le projet incroyable de repousser l’âge de départ à la retraite à 67 ans. Et contrairement à ce qui se passe souvent lors des tentatives d’envoi de ballons d’essais lefebvristes, non seulement Hortefeux n’a pas été désavoué par ses potes, mais Fillon, bien connu pour avoir été le casseur en chef des retraites en 2003, lui apporte son soutien franc et massif.
Aujourd’hui même, Nicolas Sarkozy, qui est tout de même le chef de cette bande de malfrats sans vergogne, enfile à Genève devant le bureau de l’Organisation Internationale du Travail, le costume (qu’il a loué pour l’occasion) de grand défenseur des travailleurs occidentaux. Et ça décape : je cite le Nouvel Obs :
“Ce qui est irresponsable, c’est de croire que les peuples du monde subiront sans rien dire les conséquences douloureuses de la crise, qu’ils ne réclameront pas plus de protection, plus de justice, qu’ils supporteront comme si de rien n’était les parachutes dorés, les gains mirobolants des spéculateurs payés par le travail des autres”, a-t-il prévenu, mettant en garde contre le risque d’une “révolte” (sic !)
Quel talent ! Quel comédien ! Le jour où l’un de ses plus proches collaborateurs annonce le recul de l’âge de la retraite de 2 ans ! On croirait Tibéri, dénonçant avec des trémolos dans la voix, les truqueurs d’élections municipales !
L’individu est un dangereux récidiviste, on l’a déjà vu louer un costume de défenseur convaincu de l’environnement, alors que sitôt revenu à Paris, sa politique, comme celle de ses semblables, est en fait celle qui nous a conduits à la situation actuelle.
On nage dans le délire total.
La situation sociale n’a jamais été aussi catastrophique. Chaque jour qui passe fait 3000 nouveaux chômeurs. La plupart des entreprises industrielles ont recours au chômage partiel. Même si la plupart des économistes péremptoires, dont rappelons-le, pas un (à l’exception peut-être du blogueur Paul Jorion) n’a été foutu de prévoir cette crise, alors qu’ils polluent les antennes à roucouler et chanter les louanges du système capitaliste libéral qui les nourrit si bien, hasardent que la fameuse “reprise” devrait se produire en 2010, et se confortent l’un l’autre en répétant la même chose, il est évident que personne n’en a la moindre certitude. D’ailleurs leurs collègues espagnols parlent de 2012…
Par ailleurs, pas un de ces économistes de pacotille n’est foutu de voir que ce système va se fracasser sur le “mur de l’énergie” et encore moins d’en tirer la moindre conclusion sur un changement indispensable de système économique et social !
Quel cynisme de la part de la bande de malfaisants qui nous gouvernent, d’avoir attendu le lendemain de l’élection européenne pour annoncer cette saloperie ! Et encore, je suis tellement dégoûté de la tournure des choses que je suis prêt à prendre le pari (je ne risque pas grand chose, il est vrai !) que même si Hortefeux avait avancé son annonce à la semaine précédant l’élection, cela n’aurait pas suffi à décider les abstentionnistes à se bouger le cul, et encore moins à faire baisser le score de l’UMP…
J’ai eu l’idée de ce billet en apprenant l’organisation, puis l’échec inévitable de la manif de samedi. Par un hasard comique, Demorand avait invité ce matin l’inénarrable François Chérèque, alias “le jaune”, libéral convaincu, et qui doit être un des recordmen des passages dans cette émission. L’un des auditeurs a trouvé l’image juste pour illustrer les actions de nos syndicalistes : il se font “rouler dans la farine” par Sarkozy. Demorand en rajoute une louche en constatant qu’ils “cogèrent” la crise…
Cette réalité cruelle devrait interpeller : ces syndicalistes ont désormais fait la preuve qu’il ont largement dépassé leur “seuil d’incompétence”. Dans le management cynique d’une entreprise privée, c’est le moment où on recommande de virer le cadre concerné pour le remplacer par un plus jeune et plus motivé.
Il est évident (pour certains d’entre vous ça l’était sûrement depuis longtemps) que cette fine équipe est totalement impuissante à résoudre les problèmes des salariés, et à défendre leurs intérêts face aux terroristes sociaux qui nous imposent leur méthodes brutales.
Chérèque comme Thibault se vantent de repousser les légitimes envies de violence qui surviennent de temps à autre chez leurs ouailles, en leur expliquant qu’il est bien plus constructif de négocier, blablabla. On peut les comprendre : ils ont leur poste à défendre ! Si jamais ils se faisaient déborder par leur “base”, ils perdraient évidemment toute leur légitimité aussi bien dans leur syndicat qu’au gouvernement. Et j’imagine que les avantages matériels dûs à leur fonction ne sont pas négligeables.
Mais qu’y-a-t-il à négocier face à un bloc UMP-MEDEF qui veut imposer le passage de l’âge de la retraite à 67 ans ? Rien évidemment, et si ce n’est pas un casus belli, peut-on m’expliquer ce qu’est un casus belli ?
Chérèque, Thibault et les autres ont de la chance que les salariés aient souvent un tempérament pacifique moutonnier. Ils peuvent certes le perdre en même temps que leur usine ferme et/ou qu’ils perdent leur emploi, mais tant que le pire n’est pas certain, ils se taisent. La retraite, c’est encore loin après tout…
Je reviens aux élections européennes. J’ai lu dans Marianne que près de 80% des ouvriers n’étaient pas allés voter ! Le score du NPA, parti contestataire par excellence, a été quasi nul, alors que certains, il y a quelques mois à peine, prédisaient un grand avenir au NPA et à Besancenot ! La désunion avec le Front de Gauche a rendu invisible tout sursaut contestataire. Quant aux “Verts” victorieux, ce sont pour la plupart des bisounours, surtout sur les questions sociales. Pas de quoi décourager Sarkozy.
Pourtant, jamais peut-être la situation n’a été plus propice à la contestation. Mais chacun manifeste pour sa pomme : en ce moment ce sont les producteurs de lait. Mais il y a eu les lycéens, les étudiants, les charcheurs, les salariés, les postiers, le personnel de santé, les professionnels de la justice, les gardiens de prison et j’en oublie des tonnes. À aucun moment il n’y a eu de rassemblement de toutes les colères, alors que dans la majorité des cas le coupable est le même : Sarkozy, sa clique d’oligarques, le capitalisme, le libéralisme.
L’UMP a parfaitement manœuvré pour désamorcer ces élections européennes. D’autre part les prochaines (les régionales de l’an prochain), ne pourront qu’être bonnes pour l’UMP qui ne pourra pas faire pire que la fois précédente, puisque le P”S” détient depuis 2004 20 régions sur 22.
J’espère toujours que Sarkozy prendra enfin la branlée historique qu’il mérite en 2012. Mais c’est encore très loin, et d’ici là, que serons-nous devenus ?
J’ai une proposition à faire. Mettons les Chérèque, Thibault et consorts en préretraite. Il est clair que Sarkozy les prend pour des truffes, les instrumentalise et en fait ce qu’il veut. Bon, pour la reprise en main, le calendrier fait que c’est rapé avant les vacances. Mais ne laissons plus aux mêmes l’occasion de faire de la mousse sur une sempiternelle “rentrée sociale qui sera chaude”. Ça fait des années que ça dure, et la rentrée sociale est toujours tiédasse, avant de virer à la douche glacée.
Faisons venir un vrai chef d’orchestre, un chauffeur de salle compétent, professionnel et déterminé, qui saura fédérer les mécontentements : Elie Domota, si tu m’entends, tu es le bienvenu en métropole : nous aussi on en a plein le cul de la “profitation”, des cyniques de l’oligarchie (nos békés à nous) qui la gèrent à leur seul profit, de l’incompétence et de la pusillanimité de ceux qui prétendent nous défendre, et qui sont devenus les complices de fait de ce système !
Messages
1. L’insurrection qui ne vient pas, 16 juin 2009, 09:46, par Mengneau Michel
C’est l’un des meilleurs discours populistes qu’il ait fait, et les autres mous du bulbe ce sont laissés prendre. Il y ades coups de pieds dans le cul qui se perdent...
2. L’insurrection qui ne vient pas, 17 juin 2009, 09:09, par Ollaf
L’ABSTENTION VICTORIEUSE. L’Europe rejetée.
Si les médias ont fait leurs choux gras du taux élevé d’abstention en Europe (et en France), rares ont été ceux qui ont analysé l’abstention et ses motivations. En 1979, l’abstention n’était que de 37%, aujourd’hui elle est de 60%.
L’UMP, toute victorieuse qu’elle est, ne pèse que 11% des inscrits. Le Parti Socialiste ou Europe Ecologie à peine 6%...
Les classes populaires ont très peu voté. Dans le Nord Pas de Calais, la participation fut inférieure à 40%, soit 10 points de moins qu’à Paris. L’abstention est particulièrement élevée dans les villes ou les quartiers populaires où le nombre de votants s’est réduit parfois à un électeur sur trois, voire un sur quatre !
Rappelons qu’en 2005, lors du référendum sur le projet de constitution européenne, il n’y avait guère plus de 30% de "pêcheurs à la ligne". Soit une différence d’environ trente points avec cette dernière consultation !
L’UMP et le Parti Socialiste (PS) réunis totalisent un peu plus de sept millions et demi de voix, dépassant à peine 17% du nombre total des électeurs inscrits. Quant au Modem, il atteint à peine 3.3% des inscrits.
En 2004, l’UMP, l’UDF et le PS avaient ensemble totalisé un peu moins de neuf millions de voix (23,78% des inscrits). Ce qui était déjà un faible résultat pour la « politique unique », dans un contexte d’abstention croissante (57,24% plus 1.41% de votes blancs ou nuls, soit un total de 58.65% en 2004).
Avec un peu plus de 6% des voix, les listes du « Front de gauche », soutenues par le PCF, améliorent très légèrement le score du PCF en 2004 (5,9%). Buffet (1,93%) à la présidentielle 2007.
Les résultats du NPA Total national : 840 713 voix 4,88% (4,98% sur les suffrages "métropole", le NPA n’avait pas de liste sur l’"Outre mer"....). Avec les voix de LO (1,2%) c’est un doublement des voix.
A ces résultats il faudrait ajouter les non-inscrits sur les listes électorales : personnes ayant récemment déménagées et non-inscrites, jeunes non-inscrits, immigrés,… Ce qui abaisserait d’autant tous les résultats.
Ollaf