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LES CHEMINS DU TOTALITARISME
La semaine passée, l’assemblée nationale sur proposition du PS a voté une loi condamnant les négationnistes du génocide arménien. La loi se substituant aux travaux des historiens institue donc une « Histoire officielle ». On se croirait revenu sous le régime du Maréchal Pétain, sous le franquisme ou à la période stalinienne.
Des voix de droite se sont mêlées à celles de gauche. La majorité des députés est allée courageusement pisser pour ne pas participer au vote, « une envie de Pilate ». Il est vrai que la communauté d’origine arménienne compte 400 000 électeurs. Nous sombrons dans le communautarisme militant. Décidément la démocratie est en danger.
C’est à rapprocher de la décision du Ministre de l’Education, le traître à l’UDF, de Robien, maire d’Amiens et ex-centriste, de revenir au syllabisme pour apprendre la lecture. Il est appuyé dans sa démarche par les parents les plus réactionnaires qui viennent de faire paraître dans quelques journaux de province, un « appel à la délation » des instituteurs qui auraient le front de continuer à utiliser l’ancienne méthode, à savoir la semi-globale, la méthode globale ayant été abandonnée depuis longtemps. Appel à la délation. C’était le quotidien des français sous le régime de Vichy.
On se souvient que jadis, l’on avait essayé d’introduire dans les écoles, ce que l’on appelait les mathématiques modernes bien qu’elles aient eu plus de 200 ans d’âge. Ces mathématiques étaient assez bien acceptées par les enfants qui comprenaient mieux à la fois ce qu’étaient les trois opérations et à quoi elles servaient, mais aussi comment fonctionnait le langage, comment se décomposait l’ensemble texte en sous ensembles phrases, la phrase elle-même se subdivisant en mots etc. Les parents étaient dépassés par leurs enfants, les politiciens largués. Un démagogue de service a pondu un oukase « courageux » et obligé les instituteurs et les profs de maths à revenir à l’arithmétique de leurs ancêtres. On a échappé au retour des chiffres romains, ouf !
Le Premier Ministre vient de décider de se donner les moyens d’appliquer rigoureusement la loi Evin relative à la cigarette. Il sera désormais strictement interdit de fumer dans les lieux publics qu’ils soient publics ou privés.
Les cafetiers et autres restaurateurs ont reçu un délai à surseoir d’un an. C’est un lobby important qui ne fait que sucer l’Etat sans contrepartie autre que celle ou non de monter la clientèle contre le gouvernement en place. Les limonadiers, buralistes et autres marchands de soupe sont autant d’agents électoraux dont une partie sont les correspondants du vieux borgne, ci-devant député poujadiste. On voit que leurs liaisons dangereuses remontent à loin. Déjà qu’ils relaient les renseignements généraux par nature ou par devoir, qu’on les empêche de revendre des drogues jusque là licites, et c’est la révolte.
Chaude ambiance.
Le tabac ferait des ravages. Soit ! Chez les fumeurs, mais c’est leur choix ; et les non fumeurs et c’est intolérable. On ne peut donc qu’applaudire.
Tout en se demandant, comment l’Etat peut aussi conserver son monopole de la vente du tabac, et ne pas interdire la vente d’alcool qui fait encore plus de ravages que le tabac. Oui, mais c’est la filière du vin et de l’alcool qui est en jeu, c’est une tradition française, l’un des fleurons de notre « culture », ce que le monde nous envie et tente d’imiter. Alors...
Il n’empêche que la liberté de pétuner relève maintenant de l’intimité et commence à être considérée comme un vice, une tare qui place le fumeur en marge de la société. Et une liberté de plus en péril, une !
La mairie de Paris s’apprête à dresser des amendes contre ceux qui jetteront leur mégot sur le trottoir. Il faut que Paris soit aussi propret que Singapour. Aussi triste aussi, sans doute. Car dans tout cela, c’est autant à des dangers pour la santé qu’à des plaisirs que l’on s’attaque.
A preuve, la consommation de drogues diverses plus ou moins dures ne cesse de croître, piètre consolation devant le stress permanent lié à la manière dont nous vivons.
Et puis, à l’heure où l’on nous met en garde contre les difficultés qu’auront les générations futures à payer les retraites des personnes âgées dont l’espérance de vie ne cesse de croître, que signifie cette volonté de toujours repousser les limites de la vie ? Il y a là une incohérence de pensée qui me laisse stupéfait.
S’il y a des volontaires pour vivre moins longtemps que les autres, tant mieux pour les caisses de retraite.
Sauf, qu’avant de mourir, ils sont parfois longtemps malades et coûtent à la société. Salauds de fumeurs !
Il y a eu et il y aurait encore quelques crânes d’œuf frénétiques pour envisager le non remboursement des frais de maladie de ceux qui s’étaient laissés aller à la fumette. Et ne parlons pas de ceux qui boivent. Et de ceux qui s’adonnent à des sports dangereux. Et encore des libertés menacées... « Il est du devoir de chacun de se maintenir en bonne santé ! Si l’on est malade, l’on est coupable ! » C’est affolant, mais je n’exagère même pas.
Prochaine offensive logique : la lutte contre le camionnage. J’ai en effet l’impression, - mais est-ce seulement une impression ?-, que ce qui pollue le plus l’air de nos villes, ce sont les camions et les automobiles. Seulement l’air de nos villes ? De la planète oui ! Il n’y a qu’à demander aux habitants de la vallée de l’Arve ce qu’ils en pensent de cette pollution du trafic routier. Ils ont connu l’arrivée des camions dans leur vallée, puis l’interruption du trafic lors des travaux sous le tunnel du Mont Blanc, et le retour des camions. Belle expérience à observer. Quel journal, quel organisme, quels pouvoirs publics ont profité de cette interruption du trafic dans une région donnée pour tester les conséquences de cet état de fait sur la santé publique ? On attend. Oui, mais là, c’est s’attaquer au lobby des transports routiers qui sont capables de vous paralyser un pays un jour de grosse colère. Alors... Il y en a qui sont plus libres que les autres.
Après l’Humanité et France Soir, Libération va mal, Le Monde ne se porte pas très bien, Le Figaro est entre les mains d’un avionneur, Paris-Match entre celles d’un fabricant d’armes, TF1 toujours aux mains du bétonneur, A2 et FR3 surveillés par le gouvernement et plus particulièrement par le Ministre de l’Intérieur, candidat déclaré à la présidentielle. Europe1 demande à ce même Ministre qui il aimerait avoir comme journaliste pour suivre ses meetings et déplacements, France Inter vient de réaménager sa grille en éliminant ou déplaçant ceux qui faisaient un peu preuve de liberté et d’impertinence : Rey, Mermet, et même Lodéon. Du coup, la presse qui fait l’opinion, n’a rien à envier à celle de l’Italie berlusconienne ou à celle de la Grande Bretagne. La presse de caniveau fait florès. Jamais la presse pipeule ne s’est aussi bien portée. Réussissent à plus ou moins s’en sortir, les news, à commencer par Marianne qui met un peu de fraîcheur dans un monde de conformité et de pensée unique. Le Monde Diplomatique en a pris un coup au passage, conséquence de ses liaisons dangereuses avec Attac.
Certes, on en n’est pas à assassiner les journalistes comme en Russie. Mais les mises au placard ou à l’écart existent. Pas depuis hier, certes, mais il y a comme qui dirait des frémissements que tempère ce qui est pire que tout : l’autocensure.
En conséquence, on peut en conclure que la fameuse liberté de la presse, donc la liberté de pensée est remise en question. Et encore une liberté mise à mal, une. Avec parfois, la complicité des journalistes eux-mêmes, hélas !
Les Etats-Unis ont été considérés depuis le lendemain de la Première Mondiale comme un modèle à suivre pour tous les démocrates et les citoyens épris de libertés. J’utilise le pluriel exprès.
Hier, le Président George W. Bush s’est réjoui de l’acceptation par le Sénat, après le Congrès d’une loi autorisant les forces militaires à user de la torture quand on interrogera des individus suspectés de terrorisme. Bien plus, les gens qui seront soupçonnés de terrorisme pourront échapper à la justice ordinaire et n’avoir aucune indemnité, aucun droit de se défendre ou de se faire indemniser pour les préjudices commis. Encore un recul des libertés et de la morale, de la raison et de l’humanisme. « L’ignoble » de la Maison Blanche a encore sévi.
L’Histoire le jugera comme le pire président des Etats-Unis et le plus dangereux pour la planète. Il est grand temps que les citoyens états-uniens nous en débarrassent au plus vite. C’est absolument atterrant. Quoi qu’il fasse, il sécrète la haine. Chaque jour qui passe voit naître de nouveaux anti-américains dont certains sombreront dans des excès générés par ce Bush qui va bientôt devenir une insulte.
Légalisation de la torture : voilà le renouveau des Etats-Unis en ce début du XXIe siècle. Et l’on voudrait nous faire croire que nous sommes en lutte contre l’obscurantisme des islamistes et autres intégristes ? Une telle décision confirme qu’il y a bien peu ou prou collusion entre les extrémistes qu’ils soient musulmans ou chrétiens. Collusion, voire complicité. Al Qaïda métastase les Etats-Unis qui métastase les démocraties de la planète via les alliés déclarés du « parrain » de la Maison Blanche. Ne pas oublier que Blair, son fidèle toutou, veut maintenir ses troupes en Irak au grand dam de son état-major.
Et en France, nous avons su, photo truquée à l’appui, que l’actuel Ministre de l’Intérieur et candidat à la présidentielle, se veut un grand ami de Dobeuliou et l’aurait suivi dans sa « guerre préventive » reposant sur des mensonges d’état.
La mise en place d’une espèce de mur infranchissable entre les Etats-Unis et le Mexique, qui ne servira à rien, constitue encore un symbole de repli sur soi, de citadelle assiégée, de peur des invasions. On ignore si cela satisfera les patrons du Texas, du Nouveau Mexique, de la Californie qui exploitent la main d’œuvre clandestine depuis des décennies.
Jadis, c’était la statue de la liberté qui accueillait les immigrés dans le port de New-York, aujourd’hui, cela va être des miradors, des barbelés électrifiés, des no man’s lands, des voitures de patrouille avec chiens dressés à la chasse à l’homme. Quelle sublime image de la première puissance du monde qui s’enferme chez elle comme des petits vieux affolés par tous ces jeunes qui en voudraient à leurs économies !
Gare à ceux qui ont le teint basané, un drôle d’accent, une tête qui ne reviendrait pas au « cop » de service. On peut très vite se retrouver suspect, voire décrété terroriste en puissance, et suite à un interrogatoire musclé, prêt à avouer n’importe quoi, sachant que les principes législatifs en vigueur aux Etats-Unis peuvent ne plus être respectés. Le « non droit » devient de droit, comme nous le prouve ce qui se passe à Guantanamo.
Après la « guerre préventive », la torture. Pourquoi commencé-je à craindre l’avenir ?
Mais qu’on ne compte pas sur moi pour sombrer dans un anti-américanisme primaire, dans la mesure où, en France, un professeur de philosophie qui a commis un article peut se retrouver menacé de mort, condamné à fuir de logement d’amis en chambre d’hôtel à ses frais, plus ou moins protégé par la police sans que le gouvernement n’en fasse une affaire d’Etat. « L’article était provocateur, donc, il n’aurait que ce qu’il mérite. » En gros c’est à peu près comme cela que la presse et le gouvernement ont réagi, se faisant ainsi les complices des islamistes ou/et des malades de la libre pensée.
On a le droit de dire et d’écrire ce que l’on pense. C’est un droit inscrit dans la Constitution. On peut même écrire des sottises, des fictions, des mensonges, des erreurs. Ceux qui ne sont pas d’accord auront eux aussi le droit d’opposer leurs arguments, LIBREMENT. Mais en aucun cas, quelqu’un ne doit recevoir des menaces de mort pour ce qu’il a écrit, peint, filmé, photographié, sculpté ou mis en musique. Et le gouvernement dans une démocratie doit mettre tout en place pour que quiconque subit les menaces d’un individu ou d’un groupe d’individus, soit protégé et défendu. J’ose espérer que Redeker perçoit toujours ses émoluments. Mais je n’en suis pas sûr. Connaissant la boutique, on lui aurait généreusement accordé un congé sans solde que cela ne m’étonnerait pas. A suivre.
Dans le domaine économique, les concentrations d’entreprises constituent de véritables monopoles dignes de l’URSS de jadis. Conséquence, il est de plus en plus difficile aux consommateurs d’échapper à certaines sociétés comme Coca Cola pour les boissons, ou ce qui est plus grave Microsoft ou Google pour l’information. Ajouter à cela le poids économique des fonds de pensions qui jouent à acheter des entreprises y compris à prendre des participations dans la presse et c’est la liberté d’expression, l’opinion publique qui se trouvent surveillées.
Heureusement qu’il existe des sites comme Bellaciao, que des résistances se mettent en place, qu’une information parallèle voit le jour. Mais il y a toujours et encore le regard de Big Brother qui veille et à tout moment, le couperet de la censure ou pire, de l’autocensure, peut s’abattre sur celui qui veut suivre "un autre chemin".
A nous de défricher d’autres voies, à nous de faire sauter les barrages. Le temps de la Résistance est toujours d’actualité. Peut-être même plus que jamais.
Max Angel