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LES ELUS LOCAUX NE CONNAISSENT PAS LA CRISE :
A la question « qui veut gagner davantage ? », les maires, présidents de conseils généraux, régionaux, et autres présidents d’intercommunalité répondent quasiment de concert : « nous ! » Et leur voeux se réalisent…
par Paul Louis Scopa
Il n’y a pas que Sarkozy qui s’est octroyé une substantielle augmentation de salaire pendant que le bon peuple est appelé à se serrer gentiment la ceinture. Les élus locaux, maires, présidents de conseils généraux, régionaux, présidents d’intercommunalité… ne refusent pas non plus de s’accorder une petite augmentation de temps en temps. En veillant à ce que leur pouvoir d’achat ne pâtisse pas de la hausse, même modérée, des prix. On n’est jamais mieux servi que par soi-même…
Les indemnités des élus communaux ont bondi de 35%
Ainsi, selon des données publiées discrètement au Journal officiel le 23 janvier 2007, il apparaît qu’entre 2000 et 2003, le montant des indemnités que se versent les maires et autres adjoints des conseils municipaux a augmenté de 260 millions d’euros, soit une hausse de 35,8%. Un joli bond ! Pendant ce temps, l’indemnisation des élus intercommunaux (surtout les présidents et vice-présidents) a grimpé de 54 millions à 128 millions, soit un saut de +137% ! Une flambée rendue possible par la multiplication des structures intercommunales et des dispositifs d’indemnisation assez laxistes.
« Quand aux indemnités des conseillers généraux et régionaux, elles ont connu des hausses très fortes, conséquence de la fixation élevée du plafond légal par rapport aux indemnités antérieurement perçues », déplore René Dosière, député (app-PS) de l’Aisne, spécialiste des comptes publics, et auteur d’une proposition de loi sur ce sujet, déposée le 29 mai dernier, juste avant les élections législatives, c’est-à-dire avec des chances minimes d’être discutée et votée…
Le bouillant député, réélu en juin, souhaite pourtant remettre un peu d’ordre dans tout ça. Il ne va pas se faire que des amis parmi ses collègues. Il suggère notamment de ramener le plafond des indemnités perçues par les « cumulards », - ils sont très nombreux à l’Assemblée – de 1,5 fois l’indemnité parlementaire de base (soit 8 100 euros), au niveau de l’indemnité parlementaire, soit 5 400 euros… C’est vache ! « Il s’agit d’une incitation financière pour limiter le cumul des mandats » écrit René Dosière.
Mais, en réalité, ce plafond n’est pas très efficace : car les élus locaux ne sont parfois guère impressionnés par de telles limites. Les conseillers généraux des Bouches-du-Rhône, par exemple, perçoivent en moyenne une indemnité annuelle égale à 38 286 euros, soit 26% de plus que le plafond actuel autorisé pour cette strate de collectivité. Un « bonus » qui s’élève à 16% au dessus du plafond dans les Alpes-Maritimes, ou à 34% dans le Val-de Marne…
Un député veut rendre imposable les avantages des élus !
Dans son élan, René Dosière, dont le club de fans élus risque de perdre ses derniers membres, propose également « que les avantages en nature (voiture, logement, cartes de crédit), dont bénéficient certains élus soient pris en compte dans le calcul de l’impôt sur le revenu »…
Pire, le député de l’Aisne souhaite « que l’usage de véhicule de service par les élus et les fonctionnaires d’une collectivité résulte désormais d’une délibération annuelle qui précise les conditions d’utilisation »… « Actuellement, fait valoir le parlementaire, c’est l’exécutif de la collectivité qui fixe, dans la plus grande opacité, l’attribution de véhicules et les modalités de fonctionnement. Les contrôles des chambres régionales des comptes ont souligné, à de multiples reprises, les abus qui en résultaient ».
On frise l’insolence.
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Plus de 1,3 milliard d’euros pour les élus locaux
Le montant total des indemnités touchées par les élus locaux s’élevait à
1 305 501 343 euros en 2004, selon le Journal officiel.
75% de cette sommes revenaient aux maires et adjoints : 987 millions d’euros
8,8% étaient reversés aux présidents et vice-présidents d’intercommunalités : 128 millions d’euros
4,9% étaient destinés aux conseillers régionaux : 64 millions d’euros
0,8% aux élus de Paris : 11 millions d’euros
http://www.marcfievet.com/article-16428963.html