Accueil > LETTRE OUVERTE A LA POPULATION et charte

LETTRE OUVERTE A LA POPULATION et charte

Publie le jeudi 1er avril 2004 par Open-Publishing

LETTRE OUVERTE A LA POPULATION
PAR LE COLLECTIF NATIONAL UNITAIRE
mercredi 31 mars 2004, par Emmanuel

LETTRE OUVERTE À LA POPULATION

Cette société là, on n’en veut pas !

Nous, professionnels du social, de santé, de l’éducation et de la justice,
animateurs, étudiants, formateurs en travail social et enseignants... nous
nous mobilisons contre le projet de loi dit « prévention de la
délinquance ». L’ensemble de la population est concerné ! Pourquoi ?

Ce projet de loi participe à la construction d’une société basée sur l’
exclusion, le contrôle et la répression. Le texte contraint entre autre, ces
professionnels à signaler aux maires « toutes personnes présentant des
difficultés sociales, éducatives ou matérielles ». Il oblige donc à rendre
publiques des informations confidentielles reçues dans un cadre
professionnel fondé sur une relation de confiance.

Les personnes dénoncées pourraient être :

Un enfant s’absente souvent de l’école. Nous devons le dénoncer au maire
et les parents seront convoqués afin de suivre un stage de parentalité et
devront payer une amende de 750 euros. Est-ce la solution ?
Une personne perdant son travail
Une personne malade
Une personne se trouvant en situation de séparation
Une famille ayant des difficultés financières
Un élève en situation d’échec scolaire Ces situations font-elles de nous
des coupables ?

Notre société est de plus en plus ulta libérale. Les richesses ne profitent
qu’aux riches. La protection sociale (sécurité sociale, assedic, CAF,
retraite, santé) basé sur la solidarité et le partage, est mise à mal. En
conséquence, un grand nombre de personnes basculent dans la pauvreté et l’
exclusion. Le projet fait de chacun d’entre nous un délinquant potentiel.

Nous ne pouvons pas laisser passer un tel projet de loi aussi liberticide et
anti démocratique, bafouant tout le travail éducatif et de prévention. Nos
professions sont fondées sur une relation de confiance sans jugement dans
laquelle l’individu n’est pas suspecté mais au contraire respecté.

Résistons ensemble pour une société où liberté, égalité et solidarité ne
seront pas que des mots.

Le Collectif Unitaire National

CGT - FSU - SUD - Syndicat de la Magistrature - SNMPMI (Syndicat National
des Médecins de PMI) - Union Syndicale G10 Solidaires - CNT - Coordination
des Etudiants du Travail Social - Collectifs de Prévention spécialisée -AC
 ! - Ligue des Droits de l’Homme - APEIS - CFDT Cheminots - Collectif
Informatique Fichiers et Citoyenneté - Collectif des formateurs en travail
social - CPO (Conférence Permanente des Organisations professionnelles)
7-8-9 vers les états généraux du social.

++++++++++++++++++++++++

Charte de résistance à la délation
Nous, professionnels du champ social, médico-social et éducatif refusons de
participer à la stigmatisation des populations. Nous concevons nos missions
dans le respect des droits fondamentaux et revendiquons pour tous l’égalité
de droits et de traitements sur l’ensemble du territoire.

A ce titre

Nous exigeons l’abandon de l’avant projet de loi sur la prévention de la
délinquance.

Nous refusons dès à présent d’appliquer les dispositions inscrites dans
les protocoles, conventions et contrats de travail déjà mis en place dans
certains départements, qui obligent les travailleurs sociaux à rendre
publiques des informations confidentielles reçues dans le cadre d’une
relation de confiance, garantie par leur déontologie professionnelle. Il est
hors de question de considérer toute personne en difficulté sociale,
éducative ou matérielle comme un délinquant potentiel. Dans un des pays dont
la puissance économique pourrait permettre d’autres choix, les politiques
actuelles génèrent des régressions sociales sans précédent. Pour faire
respecter les droits des personnes et répondre à leurs besoins, il est
indispensable de recourir à des professionnels formés, qualifiés et reconnus
dans leurs compétences.

Nous refusons l’obligation de délation qui anéantit toute politique de
prévention et d’accompagnement des personnes.

Nous refusons tout amalgame entre le champ du social, de l’éducatif de la
santé et le champ du répressif et du sécuritaire.

Nous refusons catégoriquement toute action commune comme toute formation
qui entraîneraient une confusion des interventions et la perte du sens de
nos métiers.

Le travail social ne peut se faire sans une politique sociale ambitieuse :
priorité nationale du logement, protection sociale, travail, éducation,
santé... Il faut également donner aux professionnels de ces secteurs des
moyens de remplir toutes leurs missions.

Nous réaffirmons notre volonté de ne pas faire entrer ces secteurs dans le
domaine de la marchandisation tel que le propose le MEDEF.

Nous résisterons à la mise en place de ces projets et nous appelons à la
désobéissance en refusant demain d’appliquer les dispositions contenues dans
l’avant projet de loi et dès aujourd’hui celles contenues dans les
conventions et protocoles déjà en vigueur.

Les signataires de ce texte s’engagent à être solidaires des professionnels
qui subiraient toutes formes de répression. Dés à présent nous organisons un
réseau de vigilance.

Nous appelons à la mobilisation pour lutter contre ce projet de société qui
criminalise les pauvres, les jeunes et toutes personnes « dites » en
difficulté.