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La France des 35 heures, championne des créations d’emplois.

Publie le jeudi 6 janvier 2011 par Open-Publishing
2 commentaires

Les 35 heures auraient freiné l’emploi et les salaires. Pis, elles auraient handicapé la compétitivité française. Nicolas Sarkozy, Jean-François Copé et Manuel Valls se relaient au micro pour le prétendre. Ne consultent-ils jamais les statistiques avant de propager une idée toute faite ?

Si les 35 heures eurent un effet sur l’emploi, il fut sans aucun doute bénéfique. Au classement européen, la France figure même parmi les pays ayant créé le plus d’emplois depuis le début du processus.

Entre 1998, lorsque les 35 heures furent mises en œuvre, et 2009, le nombre total d’emplois s’est accru de 15 % en France.

Seules l’Espagne et l’Irlande ont fait mieux, au cours d’une expansion aussi frénétique que fragile.

Mais que dire de l’Allemagne (moins de 9 %), du Royaume Uni (à peine 6 %) ?

Et ne parlons pas du Danemark, dont la – coûteuse - politique de l’emploi servit un temps de modèle au Premier ministre : le nombre des emplois s’y est accru de… 3,8 % seulement en onze ans selon Eurostat !

http://dechiffrages.blog.lemonde.fr/files/2011/01/pourcentage-demplois-crees-depuis-1998.1294277447.png

Ces chiffres sont éloquents. Ils montrent que le taux de chômage peut régresser, même si l’emploi stagne. Dans de nombreux pays, les gouvernements se sont contentés de dissimuler le chômage en favorisant le travail partiel, voire l’invalidité. Ils ont en somme partagé le chômage, pendant qu’en France, les 35 heures partageaient l’emploi.

Le pouvoir d’achat des salaires ne fait malheureusement pas l’objet de statistiques comparées gratuites. "Déchiffrages" n’ayant pas les moyens d’en offrir de payantes à ses lecteurs, il lui faut contourner l’obstacle, et se référer au coût salarial unitaire réel, c’est-à-dire ce que coûte en salaires et charges sociales un euro de production nationale, inflation défalquée.

A cette aune, la France n’a pas particulièrement brillé depuis 2000. Le coût unitaire y a cependant progressé plus que la moyenne européenne ; et beaucoup plus qu’en Allemagne, où ce coût a régressé à mesure que la protection sociale reculait. Et ne parlons pas de la Pologne, qui inaugura le XXIème siècle avec une très sévère régression.

Quant à la compétitivité française, si chère à Manuel Valls, celui-ci se rassurera en lisant le supplément statistique du bulletin de la Banque de France (mars 2010). Son indicateur (la courbe en bleu turquoise) illustre l’amélioration quasi incessante de la compétitivité française par rapport aux autres pays de la zone euro, depuis la mise en œuvre des 35 heures.

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Ainsi, la réduction du temps de travail a accéléré les créations d’emploi, sans nuire ni aux salaires, ni à la compétitivité des entreprises françaises.

S’ils cherchent bien, Nicolas Sarkozy, Jean-François Copé et même Manuel Valls devraient trouver des questions plus urgentes, pour animer le débat politique d’ici à la présidentielle de 2012.

POST SCRIPTUM :

Fâcheux oubli ici réparé : la comparaison internationale de la durée annuelle moyenne du travail fournie par l’OCDE.

http://dechiffrages.blog.lemonde.fr/files/2011/01/ocde-heures-ouvrees-en-moyenne-par-travailleur-en-2009.1294324928.png

Ce nombre d’heures tient compte de tout : durée hebdomadaire, congés payés, jours fériés, temps partiel, réduction du temps de travail, etc.

La France, tout compte fait, n’est donc pas le pays où l’on travaille le moins, loin s’en faut.

Belgique, Irlande, Norvège, Allemagne et Pays-Bas la devancent à ce classement, pur des raisons diverses.

En Allemagne, un salarié à temps complet travaille moins d’heures qu’un Français dans la semaine.

Aux Pays-Bas, l’expansion exceptionnelle du travail à temps partiel explique largement la première place à ce classement.

http://dechiffrages.blog.lemonde.fr/2011/01/06/la-france-des-35-heures-championne-des-creations-demplois/

Messages

  • POST SCRIPTUM :

    Fâcheux oubli ici réparé : la comparaison internationale de la durée annuelle moyenne du travail fournie par l’OCDE.

    Ce nombre d’heures tient compte de tout : durée hebdomadaire, congés payés, jours fériés, temps partiel, réduction du temps de travail, etc.

    La France, tout compte fait, n’est donc pas le pays où l’on travaille le moins, loin s’en faut.

    Belgique, Irlande, Norvège, Allemagne et Pays-Bas la devancent à ce classement, pur des raisons diverses.

    En Allemagne, un salarié à temps complet travaille moins d’heures qu’un Français dans la semaine.

    et donc le raisonnement sur la baisse du temps de travail à la française qui créerait plus d’emplois qu’en Allemagne où les travailleurs travaillent moins ?

    Ah ! la Grèce est le pays où on bosse le plus en Europe !

    Je pense qu’il faut réflechir à tout cela et bien faire de la pub dans un premier temps sur le fait qu’en Allemagne on travaille moins qu’en France et qu’en Grèce, les bons élèves, on travaille le plus en Europe. C’est d’ailleurs pour cela que la bourgeoisie internationale les a nominé pour les étrangler encore plus.

  • Le seul " oubli " dans la loi sur les 35h a été le refus de AUBRY d’y inscrire LE CONTENU et L’INTENSITE du travail pour satisfaire le MEDEF.

    D’où la notion de partage du travail si chère au PS et à la CFDT,qui s’est traduite par l’explosion des contrats précaires,le temps partiel non voulu,et bien sûr le partage des salaires.

    LR