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La France piégée à Abidjan

Publie le jeudi 7 avril 2011 par Open-Publishing
2 commentaires

La situation est toujours très confuse en Côte d’Ivoire où Laurent Gbagbo refuse de se rendre. L’armée française a pris part aux attaques contre les forces pro-Gbagbo, dans le cadre d’un mandat de l’ONU. Pour vous, le scénario du pire se profile - y compris pour la France.

Dans la confusion qui règne à Abidjan, on sent bien que toutes les désinformations, les intoxications sont possibles. En tout cas, tant que Laurent Gbagbo n’a pas abandonné le pouvoir - ce qui va forcément finir par arriver, de gré ou de force. Mais ce qui frappe, c’est l’attitude offensive, vindicative de la France et la présentation aseptisée qui en est faite. Nos soldats ont effectivement participé à des attaques contre les troupes de Gbagbo, officiellement sous un mandat de l’ONU, mais dans des conditions qui posent question. On ne doit pas faire semblant de ne pas voir le malaise qui entoure cette opération : il s’agit notamment de savoir si la France n’a pas, depuis le début, des arrière-pensées qui iraient au-delà de la seule sécurité des populations civiles en Côte d’Ivoire...

Qu’est-ce que vous voulez dire ? Il y a bien une résolution de l’ONU...

Oui, mais elle n’autorise à bombarder que les armes lourdes des troupes de Gbagbo. Or, les tirs de la force Licorne (les troupes françaises) et des soldats de l’Onuci n’ont pas visé que des blindés, mais la Radio-TV ivoirienne - ce qui peut se justifier par le souci d’empêcher des appels aux meurtres comme au Rwanda - et aussi la résidence de Gbagbo, ce qui serait bien plus discutable. Et dans le même temps, l’Onuci s’avère incapable d’empêcher des massacres de civils qui apparemment sont imputables aux deux camps. Comparons avec ce qui se passe en Libye : dans les deux cas, la France a été en pointe pour réclamer une intervention militaire, mais à Tripoli, on s’en tient au cadre fixé par l’ONU, on n’attaque pas Kadhafi. À Abidjan, c’est nettement moins clair. Et pourtant, on entend plus de critiques sur notre intervention en Libye que sur notre rôle en Côte d’Ivoire.

Vous avez parlé d’"arrière-pensées". Est-ce que vous pensez que la France cherche depuis le début à renverser Gbagbo ? C’est ce que disent ses partisans...

Il y a un point sur lequel on ne peut pas leur donner tort : Nicolas Sarkozy soutient en effet Alassane Ouattara depuis le premier jour. Il est l’un des premiers chefs d’État à l’avoir proclamé vainqueur des élections, et en décembre, il avait même lancé un ultimatum à Gbagbo pour qu’il parte. S’ajoute à cela qu’il est de notoriété publique que Ouattara est un ami personnel de Nicolas Sarkozy et de Martin Bouygues, et aussi d’autres industriels français importants. Ce n’est évidemment pas compromettant en soi, mais ça ne qualifie pas la France pour se poser en arbitre impartial - nous sommes plutôt l’allié d’une partie contre une autre. Et là encore, ne soyons pas naïfs : nous le sommes moins pour défendre la démocratie que pour défendre nos intérêts.

Quels intérêts avons-nous à défendre en Côte d’Ivoire ?

Des intérêts économiques et politiques. Tous les grands groupes français ont pignon sur rue à Abidjan - Bolloré, Total, Bouygues, BNP, France Telecom... 50 % des investissements étrangers en Côte d’Ivoire sont français. Malgré cette présence - et malgré la présence d’un contingent militaire depuis dix ans -, Laurent Gbagbo n’était pas considéré comme un partenaire ni comme un ami. Parce qu’il a été proche des socialistes, mais surtout parce qu’il est un de ces présidents africains qui ont joué sur les oppositions ethniques, tribales, religieuses pour réduire l’influence française. Quoi qu’on pense de Gbagbo - et il est évident qu’il est aujourd’hui dans son tort -, il est certain qu’il paie le prix de cette volonté d’émancipation. Chassez la Françafrique par la porte, elle revient par la fenêtre. Gbagbo s’est piégé lui-même. Mais il nous a entraînés dans son piège. Quoi qu’il arrive maintenant, c’est à la France que les Ivoiriens vont le reprocher.

http://www.lepoint.fr/politique/parti-pris/07-04-2011-la-france-piegee-a-abidjan-07-04-2011-1316405_222.php

Messages

  • La Côte d’Ivoire en état de guerre n’est qu’un rouage de l’immense organisation à visée d’exploitation des Peuples et de pillage des ressources tant matérielles que humaines de ces mêmes Peuples... Premier rappel : Quasiment tous les articles, ici ou là, qui traitent de la Côte d’Ivoire, oublient de rappeler que Gagbo a été désigné Président de la Côte d’Ivoire par le Conseil Constitutionnel ivoirien... N’oublions pas que Ouattara Président, c’est la version sarkoziste des élections ivoiriennes... Ouattara, c’est aussi l’homme de main des " Pays occidentaux " depuis toujours, et aujourd’hui plus que jamais. La Côte d’Ivoire, c’st ausi la quatrième grande guerre lancée par Sarko depuis quatre ans : Afghanistan, Lybie, Côte d’Ivoire et guerre intérieure ici-même : contre les Syndicats et syndiqués, contre la Santé, l’Ecole, les Roms, les migrants, etc... Une politique belliqueuse tous azimuts. Au vu de tout cela, nous pouvons dire que Sarkozy a dores et déjà perdu la bataille politique de la Côte d’Ivoire... Que Gagbo parte ce soir même ou pas, n’y changera rien. La présence et l’action sarkozyste en Côte d’Ivoire et en Afrique laissera toujours aux Ivoiriens et aux Africains un goût amer ; et des remous ultérieurs ne pourront que surgir très vite sur ce fond clairement néo-colonialiste.

    • La France piégée ?????

      Une plaisanterie j’espère......

      Ni en Afganistan, ni en Lybie pas plus qu’en côte d’Ivoire les DIRIGEANTS CAPITALISTES de l’Etat France ne sont piégés !!!

      Ils sont dans la démarche normale d’une phase avancée de déconfiture de leur système capitaliste, ils ne leur reste plus que la guerre et l’appel au fascisme !!!

      Coco 40 !